Au Gabon, face au soulèvement populaire, la Françafrique sévit encore
Le Gabon est aujourd’hui en prise à des « troubles post-électoraux », selon les mots repris dans la plupart des médias. Il s’agit en réalité d’une répression sanglante visant à mater la révolte provoquée par l’annonce des résultats officiels de l’élection présidentielle, qui s’est tenue le 31 août dernier.
Cette révolte s’est notamment traduite par l’incendie de l’Assemblée Nationale à Libreville, la capitale, et l’attaque d’autres lieux de pouvoir.
Le ras-le-bol de la population qui s’exprime ainsi est légitime : cela fait maintenant près de 50 ans que la famille Bongo est au pouvoir, avec d’abord Omar Bongo de 1967 à la date de sa mort en 2009, puis son fils, Ali Bongo, élu selon un scrutin contesté.
Malgré cela, Nicolas Sarkozy, à l’époque président de la République française, l’a congratulé en lui rendant visite. Actuellement la réélection d’Ali Bongo est validée par la Cour Constitutionnelle du Gabon.
Le Gabon est un des nombreux pays souffrant de la politique françafricaine néo-coloniale.
Cela s’est traduit notamment par l’affaire Elf, entreprise maintenant rattaché au groupe Total, et qui a éclaté en révélant des détournements d’argent et un système de corruption à grande échelle.
Le PDG d’Elf-Gabon était d’ailleurs à l’époque André Tarallo, un ancien camarade de classe de Jacques Chirac à l’École nationale d’Administration. Les intérêts pétroliers de la France en Afrique continuent de guider les relations diplomatiques de la France avec ses ex-colonies.
Les gouvernants français de gauche comme de droite corrompent les gouvernants africains s’ils le peuvent, et les font assassiner en cas de refus. L’État français se permet quand même de donner des leçons de démocratie aux pays d’Afrique subsaharienne, avec une politique de subventions aux pays mettant en place des élections « multipartites » – selon les observateurs occidentaux.
Cette politique, qui date de Mitterrand, a été réaffirmée en 2009 par le Sénat. On voit qu’au Gabon malgré l’annonce de la mise en place du multipartisme, les fraudes aux urnes n’ont pas cessé, permettant ainsi à la famille Bongo de se maintenir au pouvoir, pour le plus grand bonheur des multinationales du pétrole.
Aujourd’hui les manifestant·e·s au Gabon critiquent ouvertement la politique néo-coloniale de la France, avec des slogans comme « Sarkozy, viens chercher Ali ! ». La vanité des élections, à chaque fois bafouées par le système de corruption, pousse la population à protester radicalement contre le pouvoir.
Cependant, la répression touche durement les manifestant·e·s qui demandent la liberté et la démocratie. Il y a eu d’ores et déjà plus de 1000 arrestations arbitraires, des tirs à balles réelles dans la foule, et de nombreuses familles cherchant leurs proches se heurtent au silence et aux mensonges de la police gabonaise. L’accès aux réseaux sociaux a été bloqué.
Les Forces de répression gabonaises, formées par les conseillers militaires français, équipées par le complexe militaro-industriel français, répriment pour maintenir le statut quo françafricain, avec le soutien de l’État français.
La CGA-Lyon condamne fermement la répression du gouvernement gabonais sur les opposants à Ali Bongo, et l’analyse comme résultant de la politique néo-coloniale de la France.
C’est toute la classe politique française, aux mains couvertes du sang de la politique françafricaine, qui va à nouveau concourir pour la tête de la présidence.
Là bas comme ici, les urnes ne changent rien aux conditions des exploité·e·s, seule la lutte paie.
Nous soutenons le peuple du Gabon dans sa lutte pour la justice sociale et pour la liberté !
Contre tous les tyrans, solidarité internationale entre les opprimé·e·s !
Coordination des Groupes Anarchistes - Lyon
Pour en savoir plus sur la Françafrique, vous pouvez vous rendre sur le site de Survie et lire notre brochure jointe à l’article.
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