La personne qui passe aujourd’hui, en formation en CAP menuiserie, est comme d’habitude accusée d’avoir jeté une pierre le 19 octobre. En comparution immédiate le 21, elle a pris 2 mois avec sursis. Les flics disent qu’un individu a été décrit par l’hélicoptère, puis arrêté.
La personne accusée reconnaît 5 ou 6 lancers, alléguant qu’elle se sentait en insécurité à cause des flics. En effet, malgré que la casse était finie, ceux-ci bombardaient de gaz et opprimaient des gens pacifiques. Elle ne lançait pas des pierres sur les flics en civils car ceux-ci n’avaient pas de protections.
Le procureur Ferron prend la parole pour dire que les flics ne sont pas là pour faire cesser la manif et qu’il n’y a pas de charge aveugle. « Les CRS ne pensent pas le matin qu’ils vont casser des manifestants. » Il demande 6 mois ferme.
L’avocat de la défense, Me Nagel, relève les contradictions du parquet : rien n’a évolué entre la comparution immédiate et l’audience en appel, et pourtant le parquet a très fortement augmenté ses réquisitions, de 3 mois dont 2 avec sursis à 6 mois ferme... Avec exactement les mêmes éléments ! Il est surpris qu’un seul flic ait été entendu, et qu’on n’a plus de nouvelles de l’hélicoptère, pourtant censé filmer tout ce qu’il se passe. Il plaide que les flics, avec les lacrymogènes, touchent plein de monde et ne font pas le tri. Enfin, il demande la relaxe en arguant qu’il n’y a pas d’interruption temporaire de travail et que le prévenu n’a jamais été condamné.
L’audience suivante commence très fort, avec une affaire de voisinage qui semble ennuyer la Cour ; cependant le président Taillebot trouve quelque intérêt dans le prévenu, et attaque sèchement : « On ne va pas revenir sur votre consommation d’alcool, c’est suffisamment attesté par la police et votre couleur aujourd’hui semble le démontrer. » Sourires entendus des deux autres juges.
Pas de chance, le prévenu est en sevrage. Mais Taillebot ne se démonte pas : « C’est pas de ma faute vous avez le teint rosé. »
Au premier rang, trois jeunes avocat.e.s passent leur temps à discuter, rigoler, échanger des huiles essentielles. Le conseiller Sermanson les fixe d’un œil hautain et foudroyant, sûr de son pouvoir.
Le président Taillebot continue le descriptif de l’affaire en attaquant le tribunal de Saint-Étienne par des commentaires ironiques et assassins : « Comme d’habitude, pas une seule pièce ! C’est la procédure stéphanoise ! Toujours aussi bien instruit, toujours aussi bien documenté ! »
En fin d’audience, TAILLEBOT conclue sur un ton triomphant : « Aujourd’hui c’est Saint Ricard, Prie pour nous ! »
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