Bien la bonne année ! Ce 10 octobre à Lyon, nous sommes en 2062 !

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Et oui, selon le calendrier lyonnais, c’est le nouvel an à partir de ce 10 octobre à 7h49. Alors, embrassons-nous pour le jour de l’an ...
En effet, on dit que c’est à ce moment-là en moins 43 qu’il y a eu au lever du jour la fondation de Lyon par Plantacul, même si des bourgades gauloises existaient déjà à cet endroit depuis fort longtemps. Ils sont fous ces Romains...

« Le fondateur se plaçait au centre de la colonie, face à l’est, et, par le moyen de la groma, instrument géodésique avec lequel il visait le soleil à l’instant qu’il apparaissait, déterminait l’orient de ce jour-là, toute la zone de l’horizon au long de laquelle le soleil se lève sur un point chaque matin différent. Cette prise du lever permettait de tracer l’axe principal de la ville, le decumanus. L’autre axe, le cardo, c’est-à-dire étymologiquement le gond autour duquel tourne le soleil, était tracé perpendiculairement, du nord au sud. » [1]

Cette voie decumane lyonnaise c’est actuellement la rue Cléberg, en haut de la colline de Fourvière, ou plutôt elle longe cette rue du côté nord, car on y a construit des maisons sur ses larges dalles de granit. Un médaillon a été mis en 1957, année du bimillénaire de Lyon, pour garder la mémoire de l’évènement de la fondation de la ville, au croisement du decumanus et du cardo. Cherchez-le donc, vous arriverez peut-être à le repérer... et installez-vous à cet endroit un 10 octobre à 7h49 du matin.

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Dominant le confluent de la Saône et du Rhône, qui se trouvait à l’époque près des Terreaux, cette nouvelle ville de Lugdunum ne comprend que le haut de la colline : un bastion au nord-est, l’éperon de Fourvière [2] au dessus du canyon de Pierre-scize, le quartier des Minimes de St-Just au sud, et le plateau de la Sarra [3] au couchant, bien délimité du côté de la Saône par le vallon de Gorge-de-Loup, le vallon de Trion au centre, et le vallon de Choulans du côté du Rhône, le Gourguillon permettant l’accès à Condate, la bourgade du confluent.

Ce Plantacul [4], cet arriviste opportuniste (vous pensez à qui ?) appelé aussi Munatius Plancus, à la tête de trouffions romains qui avaient leur camp près de Condate, depuis moins 61, avait accepté des sénateurs romains et de Cicéron, en moins 43, de mettre en place cette ville de Lugdunum pour des colons chassés de Vienne, mais surtout pour lui donner de la besogne et ainsi éviter qu’il ne s’oppose militairement à Octave qui voulait prendre la place de César venant d’être assassiné. Mais a-t-il fondé Lyon, ou a-t-il fait en sorte qu’elle soit reconstruite à la romaine ?

Lugdunum, avec un nom romanisé, qui devint vite une grande capitale, élevée avec mugnificence de nombreux monuments, y compris sur les pentes de la Croix-Rousse, d’immenses acqueducs et grand carrefour de voies terrestres et fluviales, ne s’en était pas moins établie sur le lieu gaulois Lugdun, mont de la lumière, mont du dieu celte Lug, [5] ou mont des freux [6], au choix, près des bourgades de Condate et de Vaise/Gorge-de-Loup, où l’on a retrouvé des restes de civilisation urbaine datant de plus de 5000 ans.

Lyon a 2062 ans et même beaucoup plus : conservons le monde souterrain dans lequel sont nos racines !

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 [7]

« 2062 années de colonisation romaine, parisienne, capitaliste :
Embrassons-nous pour dire que nous n’en voulons plus ! »

Notes

[1Lyon miroir de Rome dans les Gaules d’Amable Audin (ed. Fayard, 1965)

[2four vière : vieux forum

[3plateau du soir

[4On l’appelait souvent ainsi déjà du temps de Laurent Mourguet

[5dun : mont, voir verdun : grand mont

[6lougos : corbeaux freux

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  • Le 19 février à 18:31, par Rado

    « Plantacul » : je ne connaissais pas ce surnom de Munatius Plancus.

    En revanche on trouve ce terme comme toponyme désignant chemins ou lieux-dits au XIXe à Bron ou Meyzieu, par exemple.

    Myrelingue pourrait il m’indiquer où il a trouvé de terme de « Plantacul ».
    Merci

  • Le 10 octobre 2016 à 16:12, par szam

    « 2060 années de colonisation romaine, parisienne, capitaliste »

    Oula ça nous fait retomber sur du « nos ancêtres les gaulois » ça, berk, je me sens pas plus gaulois que romain.

    Non si faut vraiment aller se choisir des ancêtres, je veux être Vandale. Mais alors juste pour aller cramer des trucs.

  • Le 12 octobre 2011 à 16:11

    le lieu exact du croisement entre le cardo et le décumanus fait l’objet d’une polémique. actuellement on le situe plutôt du côté de l’antiquaille.
    le monument construit rue Cléberg en 1957 n’était plus entretenu depuis longtemps. c’était un cheval de bataille de l’association des « petits lyonnais » ; faux historiens, vrais identitaires. le médaillon qui se trouvait sur le monument a disparu, probablement un collectionneur ...

  • Le 10 octobre 2008 à 22:14, par Alexandre

    Petit complément d’info linguistique :

    Je suis locuteur de ce que certains appelle « patois lyonnais »... (voir (*) plus bas)

    Fourvière :
    Provient en effet de l’arpitan(*), qui s’écrit « For viely » (le « ly » final est prononcé à lyon [r]), qui veut en effet dire le vieux forum.

    Sarra :
    Provient de l’arpitan « serrá », qui signifie « soirée ». « err » est prononcé [ar] à lyon...

    En fait, la majorité des noms de lieux à Lyon proviennent directement de l’arpitan :
    Charpennes, vient du pluriel de charpena (féminin) = le charme (l’arbre)
    Boutasse, quartier de Bron, vient de botassi = marre de boue
    Bachut = Auge
    Bellecombe, provient de comba = creux dans la montagne. Ce mot est arrivé par la suite en français sous la forme : combe.
    Brotteaux, provient de brotiot, c’est à dire l’endroit où il y a des brots = arbuste
    Montchat (aucun rapport avec le brave matou), autrefois appelé Mont Chal. Chal = bosquet.
    etc...

    (*) En ce qui concerne l’arpitan, il s’agit d’une langue romane, dialectale qui est le regroupement des patois de la région. Elle forme une langue autonome (c’est à dire grammaticalement distincte des autres langues romanes : français, occitan, italien, espagnol, roumain, etc...) qui a jusqu’alors été rabaissée au rang de « patois » par le parisianisme... La zone de locution de cette langue s’étend sur le département de la loire, de l’ain, du rhône, le nord du dauphiné, toute la Savoie et une partie de la Franche-Comté. Mais elle est aussi parlée en suisse romande, au val d’Aoste et dans une dizaine de vallées piémontaises limitrophes du val d’aoste. Cette langue, qui est l’évolution du latin parlé à lyon, possède un grand nombre de mots celtes dans son vocabulaire. Du fait de la colonisation parisienne, la langue arpitane, qui jusqu’alors rayonnait à partir de Lyon et de Genève, a été remplacée par le français qui a très vite su mettre en place une politique de dévalorisation de toutes les autres langues, si bien que les élites ont cessé de parler le français dans les zones urbaines de la région.
    C’est ainsi que l’arpitan a continué à être la langue parlée par les classes populaires, si bien que les canuts entre eux s’exprimaient dans cette langue jusqu’à la disparition de ce métier (il existe bon nombre de livres écrits en arpitan qui parlent des très fameuses révoltes des canuts), mais aussi les mineurs stéphanois, des bergers savoyards, des agriculteurs dauphinois et bressans.
    Mais la haine française envers les langues régionales (dont on a le constat malheureusement aujourd’hui) a frappé de plein fouet l’arpitan, et cette attitude est tellement ancrée dans les mémoires (combien de fois j’ai entendu dire « ah mais tu parle une langue de plouc » ou « ya que les paysans qui parlent cette langue »), que la langue est aujourd’hui en très grand danger : il n’y a plus que les vieilles personnes qui la parlent et la connaissent, et d’ici quelques années, elle risque fort de s’éteindre dans bien des endroits...

    Cependant, le tableau n’est pas tout à fait noir : dans certains villages et même des petites villes en suisse romande, ainsi que dans la grande majorité du val d’Aoste, tous les gens sont bilingues (arpitan-français ou arpitan-italien), et la langue d’usage quotidien est l’arpitan. C’est aussi la langue d’intégration, et dans ces villages (surtout au val d’aoste), beaucoup d’immigrés siciliens et maghrébins se sont intégrés grâce à cette langue.

    On voit aussi fleurir de plus en plus d’associations pour la défense de cette langue un peu partout dans la région.

    La situation est certes alarmante, mais elle n’est pas (encore) irréversible.

    Parla la lingua dos canuts, celá que parlavant per que lyors patrons ne comprenissant pás...
    Parle la langue des canuts, celle qu’ils parlaient pour que leurs patrons ne les comprennent pas...

    Abada-te vers la lingua que ritmáve la citá dos canuts !
    Libère toi vers la langue qui rythmait la cité des canuts !

    Menajís-vos, canuts
    Alexandre, que parle la lingua... É te, quina lingua te parles ?

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