N’aurait-on plus le droit à Lyon d’écrire des choses qui ne sont pas du goût de Gérard Collomb ? Le maire de Lyon, qui se dit socialiste, fait jouer en effet toutes ses affinités avec le patronat lyonnais pour qu’on ne parle pas de choses qui le fâche.
Nous avons relaté dans plusieurs articles la grave crise, depuis le 14 décembre, à l’hebdomadaire Lyon Capitale entre ses journalistes et Bruno Rousset, son actionnaire majoritaire, qui vient d’ailleurs d’annoncer mercredi 4 janvier le dépôt de bilan auprès du tribunal de commerce de Lyon.
« Les rédacteurs de Lyon Capitale en grève » publié le 15 décembre
Ils demandent la réintégration du fondateur qui vient d’être viré par un nouveau repreneur. Celui-ci ne veut pas de critiques sur le maire de Lyon ni d’articles sur d’éventuels détournements.
« Soirée de soutien pour la liberté de la presse » publié le 20 décembre
Les journalistes de Lyon Capitale appellent à la mobilisation pour éviter que ce journal ne passe sous la coupe du patronat et du maire de Lyon, par l’entremise du repreneur Rousset.
Dernière nouvelle : censure du Lyon Capitale de mardi 20 décembre par Isabelle Grosmaitre, pédégère installée par Rousset pour remplacer le fondateur !
« Reprise de la grève à Lyon Capitale » publié le 3 janvier
Nouvelle attaque contre sa liberté éditoriale : le rédacteur en chef est aussi viré.
Dernières nouvelles du 4 janvier : Rousset fait déposer le bilan.
À la soirée de soutien à Lyon Capitale sur la péniche "La plateforme", le mardi 20 décembre, qui rassemblait 400 personnes, des personnes de REBELLYON ont demandé, en souriant, à un journaliste de la Tribune de Lyon : « Et vous, vous êtes dans une position similaire, surtout que votre financeur est très proche de Collomb, alors si ça se trouve, allez-vous devoir vous mettre en grève aussi ? » Il leur a répondu que ce n’était pas une chose impossible. Et il n’a pas fallu plus de quinze jours pour que les journalistes de la Tribune de Lyon fassent grève également...
En effet, les journalistes de l’hebdomadaire la Tribune de Lyon ont décidé de se mettre en grève mercredi 4 janvier pour protester contre la censure par l’actionnaire principal, Fernand Galula, d’un article devant paraître dans l’édition de vendredi,
enquête journalistique consacrée à une affaire de financement du PS du Rhône par la mairie de Saint-Fons, au sud de Lyon, dans le cadre de laquelle le maire (PS) de Lyon, Gérard Collomb, est mêlé. Le maire de Lyon serait convoqué mercredi 11 janvier par la police judiciaire, pour s’expliquer sur des financements perçus par une association qu’il présidait. Bien que cet article d’une page était prévu depuis dix jours, les journalistes ont appris en début de semaine que l’actionnaire, aussi directeur de la publication et de la rédaction, le refusait catégoriquement. L’intervention, entre-temps, de Collomb auprès de Galula n’y est sans doute pas pour rien.
À la place de cet article, Galula a proposé de faire réaliser une interview de Gérard Collomb. Mais il a tenu à ce que les questions soient rédigées dès lundi soir pour être transmises à l’avance au cabinet de Gérard Collomb, permettant aux collaborateurs du maire de préparer soigneusement les réponses pour un entretien le lendemain.
La rédaction a annoncé dans un communiqué, qu’elle a aussi envoyé à Fernand Galula : « Les journalistes de la Tribune de Lyon ne peuvent tolérer de telles méthodes qui vont à l’encontre de l’éthique la plus élémentaire de notre profession. » Ils étaient décidés à ne pas laisser sortir le journal vendredi si l’article ne paraissait pas. Galula a alors menacé de licencier le journaliste qui a écrit cet article, ainsi que quatre autres journalistes, et a même menacé de déposer le bilan lui aussi, comme l’a fait effectivement l’actionnaire principal de Lyon Capitale ce même jour.
Devant la détermination des journalistes, Galula a finalement accepté que paraisse ce fameux article. La rédaction a alors repris le travail le jeudi 5 janvier, à condition que des éclaircissements soient donnés par Galula, notamment en ce qui concerne les menaces de licenciements. Cette semaine La Tribune de Lyon ne paraîtra en kiosques qu’à partir de samedi.
Pendant que les journalistes de La Tribune de Lyon faisaient grève, ceux de Lyon Capitale manifestaient devant la mairie pour protester contre un prochain dépôt de bilan. L’ambiance est dure aujourd’hui au sein de la presse lyonnaise. La nouvelle pédégère de Lyon Capitale a fracturé en pleine nuit une armoire métallique pour emporter la comptabilité. Gérard Collomb veut tuer cet hebdomadaire et les journalistes ne savent pasce qu’ils vont devenir...
En août 2005, avant de le licencier 4 mois après, voilà comment Bruno Rousset, qui venait de racheter Lyon Capitale au groupe le Progrès, qualifiait Jean-Olivier Arfeuillère, son fondateur :
« J’ai senti tout de suite qu’il ne portait pas le projet pour lui seul. C’est un leader, qui dans son propos associe dès le départ son équipe avec une dose d’affection extrêmement forte. Il vit l’entreprise dans ses tripes. » Et sur la ligne éditoriale : « Bien sûr, avant de rentrer dans Lyon Capitale, je me suis assuré d’être en phase avec sa ligne éditoriale car, de toute façon, je me serais refusé à la changer en devenant majoritaire. Il faut conserver au journal son indépendance, son esprit, son autonomie »
Lors de la soirée de soutien à Lyon Capitale sur la péniche le mardi 20 décembre, où on a pu voir de nombreux groupes politiques se faire mousser en parlant de liberté de la presse, y compris un membre du PS, pas gêné du tout..., les journalistes de Lyon Capitale nous ont montré par contre, de façon assez émouvante, combien la lutte avait permis de souder l’équipe et que maintenant leur projet était de monter une coopérative.
Ce qui était très étonnant, c’était de voir combien naïvement Jean-Olivier Arfeuillère découvrait tout-à-coup comment se comportait le capitalisme. Combien le système était méchant. Combien lui-même s’était fait avoir par Rousset. Combien le capitalisme vit uniquement sur la flatterie et le mensonge.
En 1968, et bien des années ensuite, toute la rue criait « LE PROGRÈS : MENTEUR ! » La rue avait raison. Maintenant que ce journal est aux mains des marchands d’armes et autres capitalistes, le même cri s’impose. On l’a vu, par exemple, dans la façon ignoble et mensongère dont la répression de la Manifestive du 30 avril a été relatée par Le Progrès. Voir les articles de REBELLYON : Réponses aux calomnies du Progrès - De la déontologie au Progrès - Lettre ouverte à la rédaction du Progrès
C’est uniquement la version policière et aucun droit de réponse n’a été publié.
Elle est bien misérable, la presse lyonnaise. En tout cas, il reste au moins un média complètement indépendant, c’est REBELLYON ! Heureusement, il y a REBELLYON !
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