Journal de lyon II, numéro 3

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Novembre2007-...(LRU et retraites) 2 compléments

LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ (3)

« Quand nos gouvernements violent les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
Article 35 de la constitution de 1793.

Édito :

Le 9 mai 2030,
Mes parents chéris,

Si aujourd’hui, je vous écris, c’est que je n’ai toujours pas compris pourquoi vous m’avez laissé un monde aussi pourri, cette réalité désœuvrée, ce perpétuel quotidien sans avenir ni passé. Laissez-moi vous expliquer.

15 ans passés ; je voudrais étudier Hemingway et Machiavel mais ce que nous a laissé votre société, c’est la biographie de J-M Messier et le dernier torchon de BHL. Ils ont osé remplacer Kafka par un livre sur les OPA "Comment devenir un magnat ?". Dis-moi, papa, pourquoi tu les as laissés faire ça.

16 ans à l’horizon, je regarde la nature...à la télévision. Plus question d’excursion à cause de la pollution, l’isolation devenue seule solution contre les radiations balancées par cette bande de cons.

17 ans, l’âge rebelle .Mes premiers ébats sexuels...du moins virtuels. Interdiction de l’union charnelle, devenue anticonstitutionnelle. L’amour ennemi de l’État, sentiment poussant à devenir renégat, camouflant ainsi le problème réel, l’amour conducteur du sida, arme chimique créée dans les laboratoires sous l’ordre de certains états.

18 ans venus, un robot me souhaite la bienvenue au musée des métiers perdus. Là j’ai la berlue, tant de choses me sont inconnues. Sociologue, psychologue…tous éliminés de manière analogue par l’homme que vous avez pourtant béni, le roi Sarkozy, ce sale pourri. Qu’est-ce qui t’a pris de faire ça à mon pays ? C’est si facile de profiter d’un peuple affamé, désorienté pour imposer ta « vérité ». Des actifs sous-payés pour un travail surdosé. Des ouvriers exploités jusqu’à l’heure du décès (comme çà, pas de retraites à payer !). Tu as réussi à le créer, ton État policier. Maintenant ton peuple est surveillé, contrôlé, totalement fliqué. Impossible de se balader sans se faire arrêter, seringuer, pour voir si on est génétiquement classifiés, codifiés. On a oublié la Sécurité sociale, devenu immorale, anti-capital, semblant d’ombre spectrale sur les ruines de la guerre totale. Ma vie est-elle devenue aussi banale ?

Mes 19 ans sont là, dans une guerre entre Jésus et Allah, putain, j’y crois pas ; tout ce monde qui guerroie parce qu’ils n’ont pas la même foi. Fanatiques des deux côtés, prêts à s’entretuer. Faut pas s’étonner s’ils ont fait du monde un vaste cendrier, rempli de mégots irradiés.

Ça y est j’ai 20 ans, je me suis cassé les dents sur le mur des faux-semblants. Plus rien à espérer apparemment. Papa, Maman, pour quoi n’avoir rien fait quand vous étiez étudiants ? Vous pouviez prendre les devants, tous nous sauver à temps si vous n’aviez pas été aussi impotents. Aujourd’hui j’’ai plus de mordant que jamais, je préfère payer comptant, voilà pourquoi, Papa, Maman, je fais le boulot à votre place maintenant.


Les rendez-vous

- Manifestation : mardi 27 novembre

- Les rendez-vous de discussions :

    • vendredi 23 novembre à 14h30 sur les quais , rendez-vous à côté de la cafet’ U : discussion organisée par des enseignants et des élèves de sciences politiques et de droits.
    • lundi 26 novembre à 9 heures au café filtre à Bron : organisé par des étudiants d’anthropologie

La Loi LRU et ses conséquences

  • La loi : quand Pécresse marchande la connaissance !
  • La loi Pécresse met en danger les universités : cette loi a été adoptée dans des conditions qui n’ont rien de démocratiques : utilisation de l’article 45-3 qui n’autorise aucun amendement, article censé être utilisé en cas d’urgence !
  • Son contenu est inacceptable :

1) le financement des universités :

-  Maintenant, les entreprises peuvent participer au financement des universités, ayant ainsi un droit de regard et un rôle dans la gestion de celles-ci :

    • « Ils [conseil d’administration] peuvent disposer des ressources provenant notamment de la vente des biens, des legs, donations et fondations, rémunérations de services, droits de propriété intellectuelle, fonds de concours, de la participation des employeurs au financement des premières formations technologiques et professionnelles et de subventions diverses . » - titre III, chap. II, section 5, Art. 33
    • Art. L . 712-3 . – I. – « Le conseil d’administration comprend de vingt à trente membres ainsi répartis : […] 2° Sept ou huit personnalités extérieures à l’ établissement … » - titre II, chap. III, art. 7.I, 2
    • « 1° Au moins un chef d’entreprise ou cadre dirigeant d’entreprise » - titre II, chap. III, art. 7.II ,1

- Les entreprises investissent toujours dans un souci de rentabilité. En ce sens, l’enseignement et la recherche risquent de se retrouver dans l’obligation de délaisser certains domaines au profit des plus rentables. Le nombre d’étudiants ne sera plus, comme auparavant, l’un des critères principaux lors de la répartition du budget.
Cette loi est la porte ouverte à une hausse, significative des frais d’inscription, et donc au développement de la sélection a l’entrée des facs . On peut déjà observer des conséquences de ce type de réforme à l’ étranger ou des lois similaires sont en application ( Italie, Québec, Allemagne, Royaume-Uni, Etats-Unis…).

2) Les recrutements :

- Le conseil d’ administration, dont les entreprises font désormais partis, est chargé du recrutement. Donc il fixe seul, en fonction de ses nouveaux intérêts ( ! ), les conditions d’embauche du personnel.

    • « Le président est responsable de l’attribution des primes aux personnels qui sont affectés à l’établissement, selon des règles générales définies par le conseil d’ administration. La prime d’ encadrement doctoral et de recherche est accordée après avis du conseil scientifique. » - titre III, chap. IV, art. L.954.2
    • « Sous réserve de l’ application de l’ article L. 712-9, le président peut recruter, pour une durée déterminée ou indéterminée, des agents contractuels » _ titre III, chap. IV, art. L. 954-3

- Alors que l’éducation manque cruellement de moyens (ex : musicologie) que le nombre d’élèves par classe augmente et que les conditions de travail se dégradent, le gouvernement répond en proposant la casse des statuts du personnel (les emplois à durée déterminée se multiplient).
Les vacataires représentent actuellement 2/3 des enseignants. Ces types d’emplois très flexibles (ou la possibilité pour l’employé de défendre ses droits est quasi-nul) s’avère des plus rentables au niveau économique, mais surement pas au niveau humain…

3) La démocratie interne :

- Le président voit ses pouvoirs renforcés, tant au niveau du budget qu’ au niveau de la gestion du personnel :

    • « Le président de l’université est élu à la majorité absolue des membres élus du conseil d’administration parmi les enseignants -chercheurs, chercheurs, professeurs ou maîtres de conférences, associés ou invités, ou tous autres personnels assimilés, sans condition de nationalité. »
    • « 3° Il est ordonnateur des recettes et des dépenses de l’ université »
    • « 4° Il a autorité sur l’ensemble des personnels de l’université. »
    • « Sous réserve des dispositions statutaires relatives à la première affectation des personnels recrutés par concours national d’agrégation de l’ enseignement supérieur, aucune affectation ne peut être prononcée si le président émet un avis défavorable motivé. »
    • « Il affecte dans les différents services de l’université les personnels administratifs, techniques, ouvriers et de service ; » - titre II, chap. II, art. 6

- Le président de l’université, élu parmi les membres du CA, pourra être un représentant d’entreprise. Ses soucis seront forcément d’ordre économique mais l’école est-elle commercialisable ? Qui peut réellement chiffrer la valeur du savoir ?

… Écrasons cette France, déroulons le tapis rouge pour l’entrée triomphale de l’ultralibéralisme dans notre pays. Nous assistons au massacre de nos principes d’égalité et de solidarité, mais qu’importe, puisque demain, les universités produiront une poignée de merveilleux petits chercheurs, pendant que les autres crèveront, la bouche ouverte…

….ET VIVE LA FRANCE !


En Allemagne…

Voici le discours rapporté d’un étudiant allemand qui nous explique la réalité des faits causés par l’implication des entreprises dans l’enseignement supérieur en Allemagne.

« Je viens d’ Allemagne. À mon avis il est nécessaire de faire une comparaison parce que la loi Pécresse et l’autonomisation de l’université font partie d’un processus européen, sinon au monde. L’Allemagne est plus avancée dans ce processus que la France.
_ À la base, je crois que ce sont les frontières nationales qui créent la concurrence internationale au niveau de l’université. À cause de cela, il faut que l’on discute plus sur l’ internationalisation des luttes étudiantes.

À la suite de l’autonomie des universités en Allemagne, l’État a réduit son financement des universités. En conséquence, les universités étaient sous financées chroniquement et on a commencé à économiser de tous les côtés. Tout à coup on a eu une discussion sur l’introduction des frais d’inscription pour boucher les trous de cette politique financière. Les universités ont eu le libre choix de l’introduction ou non de ces frais d’inscription. En Allemagne de l’ouest, en général à partir de 2006, on a introduit pour la participation à l’université 500 euros par semestre. À Hanovre (où j’étudie), je dois payer 725 euros par semestre.

C’est la réalité en Allemagne en ce moment et j’estime que se sera la réalité en France aussi après l’autonomisation de l’université. Beaucoup des étudiants qui travaillaient déjà à côté de leurs études, et les migrants en particulier ont dû quitter les études. Ce sont les spécialistes de l’État et de l’Économie qui décident aujourd’hui du contenu des enseignements de l’université. Les sciences humaines critiques ne sont plus désirées et trouvent de moins en moins leur place. Ensuite l’autonomie a eu déjà la conséquence de la fermeture de certaines disciplines à Hannovre.

Donc à mon avis ça vaut le coup de résister dans la rue et de bloquer l’université contre la loi Pécresse. En effet les plus grandes luttes des étudiants dans les villes en Allemagne ont parfois empêché les frais d’inscription . L’autonomie de l’université en France est seulement le début d’un processus qui ne prépare rien d’autre que l’accentuation de la concurrence, la pression qui s’intensifie et l’exclusion d’une partie de la population des études à cause des frais d’inscription élevés. »


Nos filières disparaissent déjà

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Les camarades musiciens sont les premiers touchés !

Le département de musicologie de Lyon II se mobilise activement pour résister à la mise en place de restrictions budgétaires qui risquent à terme de faire disparaitre complètement la filière. Pour l’année 2007-2008, 400 heures ont déjà été supprimées.

D’ici 2009-2010, c’est 1 124 heures et une vingtaine de postes qui seront liquidés au nom d’une logique d’équilibre budgétaire. Dans des locaux délabrés (classes en sous-sol sans fenêtre, odeurs de fennec, mauvaise sonorisation, manque d’instruments, ...) le département est devenu une "expérience laboratoire" qui va s’étendre à d’autres filières, notamment celles jugées non-rentable comme les sciences humaines (sociologie, anthropologie, histoire de l’art, archéologie,...).

Pour la survie des arts, de "la part la plus altruiste de l’humanité", nous nous associons aux étudiants qui ont écrit une lettre au président-terroriste qui tente de faire exploser les derniers cerveaux économiquement incorrects.

Pour plus d’infos, consultez musicolyon.over-blog.com


À propos de la présidence

Voici quelques citations de notre chère présidence, illustrant à quel point ils sont cohérents dans leurs propos et leurs agissements. Il suffit de mettre en relation ces quelques citations, tirées de leur discours, que ce soit dans les communiqués ou en "live".

- M.König, à l’AG de lundi à la halle des sports à Bron : "Ce n’est pas un vote pour ou contre le blocage, mais un vote pour ou contre la reprise des cours" :
Il apparaît évident ici que le but est de jouer avec les mots (c’est déjà ça...Héhé Ndlr), dans le sens où si la reprise des cours n’était pas votée, rien ne dit que la fac pourrait être occupée par les étudiants....

- "Cette assemblée générale a été organisée par la présidence" C.Journès, AG des quais Lundi 19 novembre.
FAUX ! La présidence cherche à s’attribuer une certaine légitimité et à dominer le mouvement étudiant.

- "Le blocage c’est non. Il y a eu cette intervention de police, on en prend les responsabilités". Mr. Froment...
"Nous assumons collectivement la responsabilité de garantir le bon fonctionnement de notre établissement et aussi l’intérêt de nos étudiants." (Communiqué du 21 novembre.)
Évidemment qu’une intervention de police va dans le sens de "l’intérêt de nos étudiants" ...

- "Je crois qu’il y a un minimum de décence quand quelqu’un s’exprime et de l’écouter jusqu’au bout. Je vous donnerai la parole quand j’aurai terminé", C.Journès, répondant à une étudiante qui, agacée par la monopolisation du microphone, l’interpelle sur le fait qu’il existe un temps de parole. Pourtant, nous écoute-t-il, lui, dans nos revendications ?

- "Ce vote a pour objectif de permettre l’expression la plus large de la communauté étudiante dans sa diversité d’opinions. Ce vote, qui assure à chaque étudiant de faire entendre sa voix, répond par conséquent à une véritable forme de démocratie." (Communiqué du 20 novembre.)(voir citation précédente... )

- "Mercredi il y aura un vote électronique, et ce que cela vous plaise ou non." C.Journès. "Une véritable forme de démocratie" ?!

- "L’université, ce n’est pas le lieu d’une parole univoque et monocolore" C.Journès.
Ne pensait-il pas à un certain drapeau, d’une certaine couleur, avec ce "monocolore" ?

- "J’aimerais bien qu’on ne fasse pas ce qui s’est fait la semaine dernière par une sorte d’intimidation terroriste...", C.Journès

- "Il y a aussi des violences et des contraintes et peut être que quelquefois on riposte par des violences et des contraintes" (en parlant du saccage des locaux associatifs... voir citation précédente....)

- "Je ne crois pas qu’ il y ait eu des vols je laisse la responsabilité de cette opération qui s’est déroulée ; elle n’est à mon avis pas terminée...", M. Froment.
Ah bon....vous ne "croyez" pas...pourtant, il aurait été plus pertinent d’en être sûr ...

- Quelques aberrations :

    • Bron dite "occupée par des anarco-libertaires"...
    • "L’université livrée à la rue"
    • "on range l’université"

Voilà ; le constat est évident...et les citations parlent d’elles mêmes.


Les événements, les actions

- L’Assemblée Générale de Bron

Lundi s’est tenue l’assemblée générale des étudiants et du personnel dans le Halle des Sports du campus de Bron. Environ 1 700 personnes étaient présentes.

Les débats ont été ouverts par l’intervention des personnels, qui se sont opposés à "l’opération nettoyage" des locaux administratifs et à "la mise à mal de la démocratie universitaire" en référence au vote électronique proposé par la présidence. Ils ont aussi souligné une fois de plus la nécessité d’unité et de solidarité face à la "casse de l’Enseignement Supérieur".

Lors de cette AG, on a pu entendre 3 étudiants étrangers qui ont comparé la situation actuelle en France avec celle d’autres pays.
Le premier, allemand, a insisté sur le fait que cette loi s’inscrit dans un processus européen de concurrence entre les universités, ce qui entraine une hausse des frais d’inscription (cette étudiant d’Hanovre paye 725 euros par semestre), une disparition de certaines filières (beaucoup de départements de sciences humaines ont été fermé en Allemagne), et l’infiltration de l’économie et du financier dans la direction de l’université. _ Une étudiante italienne, inscrite en troisième année d’anthropologie puisque ce département n’existe plus dans son pays, a prévenu : "vous allez perdre, comme nous en Italie, votre école publique et laïque".

Les décisions prises par l’AG :

    • Le boycott du vote électronique.
    • le paiement des heures de tous les personnels même lors du blocage.
    • l’abrogation de la loi Pécresse.
    • la continuation de la grève.
    • le maintien du blocage pour une semaine supplémentaire.
    • la démission de messieurs Journès, Chvetzof et Valentin.

- La manifestation de mardi

Mardi, vers onze heures, à Jean Macé, le cortège de 15 à 20 000 personnes s’est mis en branle. La plupart des secteurs de la fonction publique étaient représentés, notamment l’UNSA police. C’est à noter car ils étaient assez nombreux. Ah… que ça fait plaisir de voir des flics de l’autre côté, surtout quand chacun reste campé derrière son syndicat… La première impression ressentie est d’assister au défilé des délégations nationales aux Jeux Olympiques. C’est dommage, sachant que cette manifestation appelait à l’unité d’un peuple en colère, qu’on soit empêtré dans le protocole, au lieu de s’assembler sous la même bannière, celle de la révolte et de l’espoir.

Bref, passons sur ce petit bémol, qui ne doit pas ternir l’image d’une manifestation que l’on peut définir comme réussie. Beaucoup de ferveur au cœur du regroupement, oscar du meilleur manifestant aux « no-logo » (ceux qui revendiquent de ne défiler sous aucune bannière) qui ont rendu vivante la manifestation avec la battucada (fanfare), un camion sound-system et surtout une « armée de clowns » hilarants sachant mêler avec talent contestation et humour.

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Revenons-en au défilé ; tout un parcours dans les rues de Lyon, chaque groupe scandant son propre slogan, parfois irritant pour les oreilles sensibles… Quelques barrages de CRS pour confiner le chemin, avec parfois de superbes barrières rappelant des films de science-fiction post-apocalyptique. Notons aussi au passage le soutien au gouvernement de la part d’un jeune homme, affichant à sa fenêtre sur une page de cahier (soutien aux étudiants ?) : « merci Sarkozy, enfin ! », panneau très douloureux pour mon âme de jeune philosophe gauchiste adepte de rhétorique plébéienne. Huées, sifflets, et geste-international-de-mécontentement (mais si, vous savez, un truc avec les doigts…).

Finissons-en avec cette Journée des Syndicats…Pardon, cette grande manifestation en disant tout simplement qu’elle finit place Bellecour, après trois heures de marche, chacun rentrant gentiment chez soi afin d’être frais pour le travail.

- Une réunion des enseignant.es

  • Une trentaine de professeurs du département de Sociologie-Anthropologie se sont réunis à Bron mercredi 21 à 15h pour amender un texte et le proposer par la suite à une réunion d’information à l’amphi Lumière avec d’autres professeurs notamment du département de Psychologie où plusieurs points ont été discutés et/ou proposés et votés :
    • demander au Conseil d’Administration de Lyon II de se prononcer en faveur ou non à propos de la loi Pécresse ;
    • appel à une Assemblée Générale des professeurs lundi matin avant l’Assemblée Générale étudiants-personnels ;
    • dénonciation des pratiques de groupes de professeurs influents qui servent leurs interêts en poussant à adopter ce genre de loi ;
    • La question de la prise de position quand à la loi Pécresse : demander l’abrogation, la suspension, ou l’opposition catégorique. L’abrogation a été adoptée.
  • Les positions votées :
    • demande d’abrogation de la loi LRU et convocation des États Généraux
      des universités ;
    • réaffirmation de la solidarité du personnel universitaire au mouvement
      des étudiants ;
    • condamnation ferme de toute intervention policière passée ou future au sein de l’université ;
    • refus du principe et des modalités du vote électronique et...
    • réaffirmation de la reconnaissance comme seule instance légitime de prises de décision les Assemblées Générales du personnel et des étudiants (à l’unanimité)
    • appel aux enseignants-chercheurs à la non reprise des cours jusqu’à la décision des prochaines Assemblées Générales du personnel et des étudiants, quel que soit le résultat de la consultation organisée par la Présidence (à la majorité)
  • À noter que l’une des professeures (non ce n’est pas une faute d’orthographe) présentes à la réunion avait prit part au débat chez la ministre en juin et rapporte qu’il n’y a pas eu de négociations, d’autant plus que le texte est parvenu aux parties la veille de la discussion et qu’il n’y avait donc pas de possibilité de réflexion approfondie de leur part sur le texte. De plus, seuls les points d’accord entre les parties ont été communiqués à la presse...

- Blocage d’un péage

Afin d’afficher notre position sur la loi Pécresse, et d’avoir un véritable impact sur le gouvernement, une commission actions a été créée pour organiser quelques actions.

Mercredi matin, par exemple, alors que le jour n’était même pas encore levé, nous étions une trentaine d’étudiants à s’être donné rendez-vous sur la place Bellecour.
Notre objectif étant de se diriger vers Caluire en bus, afin de nous emparer d’un péage d’autoroute et y instaurer le système de prix libre (on paye si on veut, comme on peut).
Les barrières levées, chacun pouvait passer gratuitement ou participer à notre mouvement (pour le journal, pour la nourriture, pour l’impression des tracts…). Nous arrêtions les automobilistes quelques instants pour en discuter malgré la nuisance sonore causée par les alarmes durant un peu plus d’une demi-heure avant que les CRS ne viennent nous en dégager.
Suffisant pour que la bonne volonté des conducteurs rapporte un peu plus de 300 euros, et nous permit d’avoir eu une infime capacité de nuisance sur l’économie. UN GRAND MERCI À EUX !

- La manifestation de jeudi

La manifestation étudiants-lycéens s’est déroulée jeudi 22 à 10h30 au départ de Bellecour. Les lycéens sont venus nombreux, heureusement, car beaucoup d’étudiants avaient dû rester au campus de Bron pour en empêcher la réouverture. Après les trois quarts du parcours, la manifestation s’est scindée en deux groupes. Le premier est allé au rectorat, le deuxième, rejoints par les percussionnistes circula dans les rues avant de s’arrêter au centre Berthelot. La présence des CRS en force est à noter, ainsi que l’interpellation pour des motifs inconnus d’un manifestant.

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- L’Assemblée Générale des quais

Atmosphère tendue ces derniers temps en ce qui concernait l’occupation par les grévistes du campus des quais. Récemment dans Lyon capitale, on pouvait lire encore que tant que le mal reste dans le fin fond de la banlieue ça allait, mais dès qu’il débarque dans le centre, on panique. Chose qui, dans les faits, se vérifie plutôt bien. 6 heures après la première Ag des quais votant le blocage, la garde mobile délogeait les occupants des lieux. Résultat, avant l’AG qui s’est passé après une manifestation étudiante qui s’est échauffé, on pouvait voir, à l’extérieur du campus des quais, des dizaines de cars de cette même garde mobile. Pour autant aucune échauffourée n’est a évoquer pour le moment bien que l’Ag des quais a reconduit le blocage jusqu’à jeudi.

Qu’est ce qui c’est donc alors passé à l’AG ? Pas de chiffres distincts mais environ 500 étudiant étaient à recenser : la pluie, faut croire, nuit aux mouvements étudiants. Il fut souligné les grandes lignes du mouvement. C’est-à-dire l’unité du mouvement à tous les niveaux que ce soit, la mise en place de commissions, d’un service d’ordre pour les manifestations qui fut refusée à l’AG de Bron, l’élection de 5 délégués à la coordination nationale étudiante de Lille ce week-end et enfin un comité de grève dont la composition sera discutée ultérieurement.

Pour autant, d’autres propositions ont été mises à la lumière du débat. Par exemple le vote à bulletin secret qui fut proposé pour légitimer encore plus le pouvoir de l’AG, et garantir une plus grande transparence de celle-ci. Elle fut finalement refusée par des décomptes des voix, au grand dam de l’assemblée devenant au fil des minutes de plus en plus humide et réticente à l’idée de maintenir le vote du blocage en fin de liste des propositions. Au final donc très peu de votes contre le blocage, une reconduite massive, et un appel à la mobilisation des votants. Le résultat de ce vote nous démontre sur quel ton nous répondons aux modalités de dialogue pour lesquels avait opté la présidence jeudi dernier.

Certes notre mouvement est largement critiqué et en toute bonne foi critiquable ; pour autant la démobilisation n’est pas à l’ordre du jour.


Le rejet du vote électronique

L’ensemble des grévistes de Lyon II et une partie du personnel a été tout simplement scandalisé par l’imposition du vote électronique pour décider de la reprise ou non des cours jeudi.

Cette décision, prise par la présidence sans l’accord du Conseil d’Administration, a pour but d’affirmer l’illégitimité des AG, qui doivent et qui resteront souveraines, puisqu’elles sont la seule expression véritable de la démocratie. Ce vote, qui déplace le débat vers la question du blocage, est aussi un moyen de contrôle et de "fichage" puisqu’il n’est pas anonyme (il faut entrer son login et son mot de passe avant de voter). Nous contestons aussi l’honnêteté et la transparence des résultats du "dépouillage électronique", qui n’a d’ailleurs par définition aucun sens. Nous refusons donc l’appellation "démocratique" donnée par les racailles de la présidence à ce vote.

La démocratie, c’est débattre, affirmer ces idées, les défendre, prendre des décisions collectives, faire acte de présence ; nous ne laisserons pas ce terme être utilisé par une poignée de menteurs et de médias corrompus. Nous soulignons aussi le fait que les « anti-bloqueurs » ont confiance en la présidence et ne viennent pas en AG, donc n’expriment leur opinion que sur internet (on peut le voir dans le forum du web-étu), ce qui clôt le débat et donne du crédit aux moyens douteux de la présidence.

Nous nous opposerons donc par le corps et l’esprit à la reprise des cours avant lundi 26, date de la prochaine AG.


2 autres commissions

- La commission travailleurs

Tous les matins, des délégations étudiantes se sont rendues sur différents piquets de grève des cheminots et ont assisté à leurs AG. Il s’agissait à la fois d’exprimer notre solidarité, l’idée que l’on mène, au fond, une lutte commune, et de tisser des liens directement avec les cheminots à la base, discuter de nos luttes respectives, des problèmes et perspectives des uns et des autres. Nous avons été très bien accueillis à la base, et l’idée du "tous ensemble" étudiants-salariés était très bien reçue. Des expériences renforçant la détermination de part et d’autre, et qui vont se poursuivre.

Un tract a été diffusé dans les cortèges de salariés lors de la manif du 20. Là encore, un très bon accueil, et beaucoup de discussions sur la convergence des luttes.

Des délégations se sont, à la suite de cette manif, rendues à l’AG des hospitaliers et à celle des territoriaux de la ville de Lyon. Là encore, il s’agissait de populariser la perspective de la lutte d’ensemble de la jeunesse et du monde du travail contre la politique du gouvernement qui nous touche tous. En particulier, il s’agissait de populariser la proposition émise par la coordination nationale étudiante de Tours d’une nouvelle journée de manifestation interprofessionnelle le mardi 27 novembre.

Enfin, se sont établis des contacts réguliers avec les personnels de l’université, avec notamment la participation à leurs AG. La victoire de notre lutte passera à la fois par la poursuite de son extension au niveau de la jeunesse étudiante et lycéenne, et par la jonction avec les salariés, en particulier les secteurs en lutte.

- Le groupe de réflexion sur la loi : on s’oppose, mais on propose !

Jeudi 22 au matin, six étudiants se sont réunis pour discuter des alternatives possibles à la loi LRU, notamment sur le problème de financement des universités. Bien entendu, il ne s’agit pas de proposer une loi ou d’envisager une quelconque négociation, mais de réfléchir aux moyens que l’on pourrait mettre en place pour améliorer le système éducatif français.

Peu de personnes ayant participé à ce débat, ils ont donc organisé un débat ouvert à tou.tes auquel vous êtes convié.es le lundi 26 novembre à 9h, au café filtre situé sur le campus de Bron de l’université Lyon II (arrêt tramway T2 : Europe université).


La lutte : un mouvement plus large

- Solidarité

Il est des mots que l’on emploie beaucoup, par réflexe parfois, pour conserver une éthique, une image de laquelle on ne peut pas sortir sous peine d’en subir la sanction morale. La « solidarité » semble en être et ne milite le plus fréquemment que sur les lèvres des discours vide et spongieux de l’usuel. Qu’est ce que la solidarité ?

Bon ! Me précipitant comme un jeune chien fou sur Wikipédia, l’encyclopédie démocratique ou chacun y va de sa définition, je me plais à y lire « La solidarité lie la responsabilité et le destin de chacun à ceux de tous, de sorte que chacun doit affronter les problèmes rencontrés (ou provoqués) par un seul membre du groupe. ».
Voila un coup porté au discours de certains politiciens (du plus bas étage aux sièges le plus confortable) qui se plaisent à faire croire a l’ensemble de l’opinion publique que ce mouvement de grève générale est une prise d’otage. Ce discours vise donc à briser directement la solidarité entre deux camps : les « preneur d’otages » et les « victimes » qui sont eux même prisonniers de ce débat stérile cherchant à savoir qui a raison, qui au final sont d’accord sur le préjudice et le danger causé par cette série de réformes et la politique générale actuellement en place.

Mais intéressons nous au mot plus précisément, bref enchaînement de lettres, rien de bien changeant de d’habitude, héritage du mot « solidus » venant du latin, qui veut dire entier, consistant. Il est donc à noter que la solidarité se fonde dans la masse, mais aussi dans la qualité de l’engagement ; explicite référence à certaines personnes qui votant le blocage n’assistent ni aux assemblées grévistes, ni au blocage qu’ils ont eux même décidé, ou même aux commentaires contre le blocage absolument virulent de personnes qui ne se déplacent pas pour voter et laissent certains anti-bloqueurs plus modérés s’exprimer en assemblée générale pour trouver de nouvelles solutions.

Mais quand on recherche encore plus loin et qu’on lui ouvre le ventre, à notre « solidarité » qu’on l’analyse, il en ressort la « solidarité mécanique » énoncée par Durkheim qui explique que le « tout », « l’ensemble » est une entité à elle seule et qu’elle est différente de l’individu.

Là encore une question me taraude, pour un gouvernement qui cherche à réduire le pouvoir du droit de grève (déjà mince puisque la France est au 11ème rang européen des journées grévées sur un an) quel intérêt peut-il y avoir à injecter dans l’appareil de presse des histoires qui content la déception d’une jeune enfant de 14 ans qui ne peut plus aller en cours ; ou celle d’une mère qui est embêtée par le fait qu’elle doit faire garder son enfant et qu’elle doit effectuer deux trajets supplémentaires dans sa journée. Comme si le quotidien en dehors du mouvement de grève était une répétition aseptisée de gestes connus et que l’imprévu n’existait pas.

Il est évident que cette mise en avant de l’individualité sur le plan de l’image et du symbolique au travers des médias est une tentative de briser l’initiative collective qui - doit on le rappeler ? - cherche a aider elle-même l’individu, que l’on soit d’accord ou non avec Durkheim sur son automatisme.

Je me plairais à rappeler ce dicton qui dit « diviser pour mieux régner », et j’en appelle « à la solidarité comme l’entend le mot et à la non-dispersion des forces face à ces tentatives de divisions flagrantes.

- Le cas des centres de rétentionTENTION = DÉTENTION

Les locaux de rétention sont des locaux réquisitionnés dans des hôtels, chez des propriétaires, dans des brigades policières, des commissariats... Cela ressemble grandement à une garde à vue mais pour sans papiers, sdf ou étrangers, hommes, femmes, enfants... qui seront ensuite placés dans de "vrais centres de rétention", puisque la durée maximale pendant laquelle ils peuvent rester dans ces locaux est censée être de 48h.

Les centres de rétention administrative ont été créés par arrêté interministériel depuis 1983. Ce sont des prisons pour étrangers où ces derniers sont enfermés dans des conditions de vie inadmissibles. Ils y "stockent" hommes, femmes, enfants pour une durée ne devant pas excéder 32 jours. Leurs dispositions d’accueil varient. On peut d’ailleurs souligner les blessures sérieuses que beaucoup subissent et quelques " morts accidentelles "... sans compter les suicides avant d’être jetés dehors !

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Centre de rétention de Lyon St-Exupéry

Il y a par exemple le centre de Saint-Exupéry, en banlieue lyonnaise. Actuellement, la France en possède 27, il est possible de « stocker » entre 8 et 230 personnes par centre, soit entre 216 et 6 210 humains, écart qui varie en fonction de l’espace et de la façon dont les hommes sont entassés... Ils sont ensuite envoyés au casse pipe !

Environ 30 personnes quittent la France chaque jour pour un pays que souvent ils ne connaissent pas, et où ils n’ont pas forcément de famille... Depuis les élections présidentielles de 2007, et la pression gouvernementale qui s’est accrue d’un coup, l’utilisation de ces méthodes a gravement augmenté...

Ces comportements s’opposent aux Droits de l’Homme, c’est une violation de la dignité. Quelle honte !

- L’Assemblée Générale de l’Hôpital Hôtel Dieu

À l’AG du personnel de l’Hôtel Dieu, à laquelle des étudiants ont assisté et où ils ont été chaleureusement reçus ainsi que leurs interventions, il a été voté :

    • qu’ils sont disposés à se mobiliser ;
    • qu’une convergence des mobilisations est nécessaire.

Un syndicaliste a proposé une campagne commune en direction des étudiants infirmiers.


Les chiffres, Le point des universités

Le nombre d’universités ou CA ayant voté une motion s’opposant à la LRU : 26

Paris I, III, VII, VIII, XII, XIII, Amiens, Rouen, Toulouse, Bordeaux, Nancy, Caen, Nice, Perpignan, Lille, Nantes, Le Havre, Reims, La Réunion, Angers, Grenoble III, Savoie, Montpellier III, Angers, Rennes, Lyon II.
Il en manque une ou deux…

Et on vous rappelle que ce cher M. Sarkozy sera présent en notre belle bourgade de Lyon ce jour 7 décembre 2007, et si on allait le saluer ?!

Venez débattre et émettre vos critiques à Lyon II et ailleurs !

- Le forum du journal : liberteegalite.forumdediscussions.com
- Le courrier du journal : 2007.liberte.egalite.fraternite(arobase)gmail.com

P.-S.

Illustrations par un modère de Rebellyon.

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  • Le 26 novembre 2007 à 15:38

    A rajouter dans les citations :

    - « Vous êtes des fascistes de gauche »
    - « Vous êtes manipulés par l’extrême gauche »

    prononcées par le doyen de droit.

    Je ne savais pas qu’être « de gauche » pouvait être une insulte. En fait, je me demande si cela veut encore dire quelque chose... En tout cas, cela prouve qu’ils sont complètement largués dans leurs conceptions du mouvement étudiant et qu’ils cherchent par tous les moyens à le discréditer.

  • Le 26 novembre 2007 à 13:18, par I

    Pour info : la situation ’dans quelques années’ si le mouvement n’aboutit pas,
    Le cahier des charges établi par l’Inspection générale des finances en France et annexé à la LRU -octobre 2007- se demande comment l’université va pouvoir financer son personnel, si elle est ’autonome’ (et déploie les recours envisageables), cet article du N-Y Times nous explique comment elle y parvient tout à fait, aux Etats-Unis,


    La diminution des postes de titulaires soulève l’inquiétude

    Par Alan Finder, New York Times, 20 novembre 2007 - Dearborn, Michigan.

    Les professeurs titulaires ou assimilés forment désormais une nette minorité dans les campus du pays dans la mesure où, d’après les chiffres fédéraux analysés par l’Association américaine des professeurs d’université, la part des enseignants et professeurs à temps partiels embauchés sous contrat à durée déterminée s’est envolée.

    Elaine Zendlovitz, ancienne manager dans un magasin, a commencé à enseigner à l’université il y a 6 ans. Elle est un exemple représentatif de ce changement.
    Techniquement, Mme Zendlovitz est professeur d’espagnol à temps partiel pourtant, dans les faits, elle enseigne presque à plein temps. Sa journée commence à Dearborn, Université du Michigan, avec des cours d’initiation. Certains jours, elle finit à 22h à l’Oakland Community College dans la banlieue nord de Detroit, qui fait partie d’une des quatre institutions où elle donne six cours. Mme Zendlovitz confie, pendant une pause dans sa journée de 10h d’enseignement : « Je pense que nous, les temps partiels, assumons la charge de travail d’un temps plein », mais elle affirme : « il est plus difficile de passer du temps avec les étudiants. Je n’ai pas de temps de préparation et pourtant je sais comment préparer un super cours ».

    Le passage d’une université employant des enseignants titulaires à une université de travailleurs précaires résulte des pressions financières, de la volonté de flexibilité émanant des administrateurs quant à l’embauche, le licenciement et le changement dans l’offre des cours, ceci résulte enfin du nombre croissant d’universités publiques régionales et locales intéressées uniquement par l’enseignement basique et la préparation des étudiants à l’embauche immédiate dans les entreprises. Le phénomène a atteint un point tel que certaines universités, préoccupées par les effets néfastes sur la qualité de l’éducation, font machine arrière. L’Université Rutgers a conclu un accord salarial en août pour accroître de 100 postes le nombre de professeurs titulaires et assimilés. A travers le pays, les syndicats d’enseignants universitaires se sont saisis du dossier des employés contractuels à temps partiel et la Fédération américaine des enseignants pousse,
    dans onze états, le gouvernement à légiférer afin que 75% des cours soit assuré par des professeurs titulaires ou assimilés. D’après les études de l’association des professeurs, basées sur les rapports du Département Fédéral de l’Education, le nombre de contrats précaires - qu’ils soient à temps complet ou à temps partiel- est passé de 43% à 70% en trente ans dans le public, comme dans le privé.
    John W. Curtis, le directeur du syndicat de la recherche et de la politique publique, explique que le nombre de professeurs titulaires et assimilés a bien augmenté de 25% en trente ans mais que cette augmentation se retrouve noyée dans la croissance des personnels d’enseignement et de recherche auxiliaires. Au total, le nombre de personnels enseignants dans le supérieur a doublé depuis 1975.

    Les dirigeants des universités admettent que le recours à ce type d’emplois est en pleine expansion mais certains contestent les calculs de la fédération sous prétexte que les définitions de « temps complet » et « temps partiel » varient et qu’il n’est pas possible de déterminer combien chaque catégorie de professeur donne de cours en moyenne.

    Nombreux sont les directeurs d’universités d’Etat qui affirment que face aux restrictions budgétaires et par souci d’économie, il est impossible de faire autrement que d’employer des contractuels. Charles F. Harrington, principal de l’université de Caroline du Nord (Pembroke) raconte : « Nous devons jongler entre la pression publique qui demande une plus grande responsabilité, des contrôles financiers toujours plus rigoureux et un financement public en déclin ». Il ajoute : « Un des moyens les plus faciles et les plus pratiques pour répondre à ces pressions est d’employer du personnel a temps partiel », pourtant il signale que les universités qui auraient trop tendance à se reposer sur ce type de personnels « jouent un jeu vraiment très dangereux ». Mark B. Rosenberg, président des universités de Floride affirme quant à lui que les employés contractuels apportent aux étudiants leur expérience du monde réel et permettent de combler les manques dans des matières comme l’infirmerie, les maths, la comptabilité et d’autres disciplines où le personnel qualifié fait défaut. Il ajoute, par ailleurs, qu’un changement ne se ferait pas sans frais.
    Les enseignants racontent que souvent il n’est pas demandé aux auxiliaires d’avoir soutenu une thèse et qu’ils ont aussi moins le temps de rencontrer les élèves. Les recherches suggèrent que les étudiants qui choisissent de prendre la majorité de leurs cours avec ces enseignants ont une probabilité plus faible d’obtenir leur diplôme. « En réalité, ce que nous faisons, c’est offrir une éducation de moins bonne qualité à ceux qui en ont le plus besoin », commente Ronald G. Ehrenberg, directeur de l’Institut Cornell d’Education Supérieure et de Recherche, tout en faisant remarquer que l’envolée du nombre de contrats auxiliaires est plus prononcée dans les universités locales et dans les universités d’Etat les moins select. Les universités d’élite, à la fois publiques et privées, ont moins d’auxiliaires. « Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’auxiliaires qui soient de super enseignants », dit le Dr. Ehrenberg. « Nombreux sont ceux qui ne disposent pas des avantages qu’apporte un poste de titulaire en termes de bureaux, de secrétariat ou de temps. Leur service est plus lourd et ils ont moins le temps de se préoccuper des étudiants. ». Le Dr.Ehrenberg et un de ses collègues ont analysé les données nationales sur 15 ans. Ils ont constaté que les taux de réussite décroissent quant les universités font appel à un plus grand nombre de personnels auxiliaires. Plusieurs études menées individuellement par certaines universités ont démontré que les étudiants de premières années dont les cours seraient assurés en grande partie par ce type de personnels seraient plus enclins à abandonner leurs études. Pour Eric P. Bettinger, professeur d’économie à l’Université Case Western Reserve de Cleveland « avoir un cours donné par un auxiliaire n’est pas nécessairement mauvais, par contre en avoir beaucoup pourrait l’être ».

    Les étudiants expliquent qu’ils n’arrivent souvent pas à dire si tel enseignant est contractuel ou non. Mark Brennan, étudiant en deuxième année à l’Université de Michigan, Deaborn, considère que les cours dispensés par les auxiliaires sont en règle générale plus basiques et les examens moins difficiles. Pour M. Brennan, « ils ont tellement de cours qu’ils donnent des examens plus faciles à corriger ». Carly Matkovich, étudiante de dernière année à l’université, raconte qu’elle a mieux accroché avec des professeurs contractuels notamment parce qu’ils ont plus d’expérience pratique. Mais, il est plus difficile de trouver du temps pour parler avec eux en dehors des cours. « Ils ne sont jamais là. J’ai un peu l’impression d’être trompée sur la marchandise ».

    Dans certains départements, la proportion de personnels titulaires est étonnement basse. Le département de psychologie de l’Université internationale de Floride, à Miami, a 2400 étudiants en 2e cycle pour seulement 19 professeurs titulaires, selon le département d’autoévaluation. Il est possible pour un étudiant en 2e cycle de psychologie d’obtenir son diplôme sans avoir assisté à un seul cours dispensé par un titulaire.
    « On a atteint un point extrême » dit Suzanne Rose, professeur de psychologie, qui a démissionné en août de la direction du département notamment parce qu’elle ne pouvait pas embaucher le nombre nécessaire, selon elle, de professeurs titulaires. « Je suis vraiment préoccupée par la qualité ». Ronald Berkman, principal à Floride International, conteste ces chiffres en affirmant que le département de psychologie comporte 23 professeurs titulaires et 5 enseignants en contrat. Le département serait en cours de recrutement de 3 nouveaux titulaires selon le Dr Berkman. « Ceci ne veut pas dire qu’il n’en faudrait pas davantage, ce qui est le cas ». Le statut de titulaire importé aux Etats-Unis du système allemand avait pour but de garantir la liberté académique aux professeurs en les protégeant du licenciement. Certains soutiennent que cela protège aussi les incompétents et les paresseux et que parfois les universités se trouvent lestées de professeurs dont les disciplines ne sont plus d’actualité. Le manque de titularisations rend les auxiliaires plus vulnérables. Nombreux sont les cas où les professeurs non titulaires ont été licenciés après des querelles avec la direction pour des raisons aussi diverses que le système de notation des étudiants ou une divergence d’opinion sur des articles parus dans la presse. Ces dernières années, de nombreux syndicats ont tenté de se saisir du dossier des personnels auxiliaires. La Fédération américaine des enseignants a réussi à syndiquer des professeurs à plein temps en CDD à l’Université de Michigan Est ; sur les campus de l’université de Michigan à Ann Arbor, Deaborn et Flint, ils sont aussi parvenus à syndiquer des auxiliaires à temps partiel et à temps plein. Pour David Hecker, président de la fédération des enseignants : « les personnels auxiliaires sont tellement exploités que la seule difficulté pour les syndiquer c’est de les trouver ». Keith Hoeller, qui enseigne la philosophie depuis 17 ans à temps partiel à Seattle le définit en ces termes : « c’est un système de castes et nous sommes les intouchables de l’académie ».
    Aletia Droba a enseigné durant 10 ans comme professeur à temps partiel du côté de Detroit. Elle affirme avoir été payée moins de 1400 dollars pour un cours dans les universités locales et 2400 dollars la classe dans les universités. Mme Droba raconte qu’il lui est arrivé, certains semestres, de donner jusqu’à sept cours dans quatre universités locales, y compris de l’autre côté de la frontière, au Canada. Cet automne elle a décroché un temps plein en CDD. Durant l’automne et le printemps, elle va donner cinq cours, moins que ce qu’elle a souvent enseigné en un seul semestre à temps partiel. Les heures passées au volant, quant elle était en temps partiel, à courir d’une université à une autre ne manqueront pas à Mme Droba : « Mes étudiants me demandent souvent comment je fais pour connaître aussi bien l’actualité et je leur réponds que j’écoute la Radio publique nationale toute la journée ».

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