Les centres de rétention administrative (CRA) constituent un rouage essentiel du dispositif d’expulsion des personnes étrangères en situation irrégulière. Pour autant, les politiques migratoires instaurées au niveau de l’espace Schengen ne se résument pas seulement à la mise en place d’une machine à expulser : elles ont pour première conséquence de condamner les populations migrantes à la clandestinité, c’est à dire de les soumettre à un contrôle policier et à une exploitation économique spécifique. En France, cette exploitation économique se trouve gérée et encadrée par un organisme d’État, l’Office des Migrations Internationales. Et c’est pour « dénoncer cette responsabilité de l’OMI dans la mise en place et l’application des politiques migratoires » qu’un « groupe de personnes en colère » a investi ses locaux (au 7 rue de Quivogne, 69002 Lyon), le 14 juin 2004. Pour expliciter cette démarche, le groupe a émis un communiqué de presse dont on propose quelques extraits à la suite :
« L’efficacité des politiques relayées par l’OMI repose sur l’articulation de deux mécanismes de gestion des personnes migrantes. Il y a d’abord un mécanisme répressif : l’OMI est en charge des programmes “ d’incitation au retour volontaire ” vers l’Afghanistan, l’Irak, certains pays d’Afrique sub-saharienne ou du Maghreb... En guise d’incitation c’est bien souvent de pressions qu’il s’agit, sur des migrantEs précariséEs et facilement intimidables, d’autant plus vu le peu d’in formation sur leurs droits. Et à l’arrivée, le passeport des revenantEs est parfois tout bonnement confisqué... L’OMI est également de plus en plus présent dans les CRA.
Un second mécanisme consiste dans le “ tri sélectif ” des personnes étrangères sur le territoire français, en fonction des besoins économiques avec les fameux “ contrats OMI ”, par exemple pour les travailleuses et travailleurs saisonniEREs. Avec de tels contrats, les personnes ne bénéficient d’aucun des droits auxquels ont accès la majorité des salariéEs (chômage, heurs supplémentaires, couverture sociale, retraite, logement, etc.), et elles ne peuvent obtenir ni RMI, ni prime de précarité, ni permis de séjour, ni regroupement familial... Ces pratiques perdurent au moins depuis les années 50-60 lorsque l’OMI se chargeait d’importer des travailleurs et travailleuses du Maghreb, de Yougoslavie, dans les secteurs où il manquait des “ bras”” (du point de vue des entrepreneurs) : BTP, agriculture... La mise en place courant 2004 des “ contrats d’accueil et d’intégration ”, dont l’OMI a la charge, permet à l’État français d’opérer une sélection entre les “ bons ” et les “ mauvais ” étrangers, sur des critères encore “ d’intégration républicaine ” c’est à dire dans l’optique de conformer les individuEs, de faire rentrer dans le rang les “ citoyens ”. Ce contrat ose réaffirmer le principe de la “ liberté de circulation ” en imposant des formations civiques et linguistiques, dont la progression doit être suivie par l’OMI. En réalité, c’est bien d’un tour de vis supplémentaire dans les dispositifs de contrôle qu’il s’agit. De plus, l’OMI fait payer aux personnes étrangères une taxe de 200 euros environ à l’occasion de la délivrance du premier titre de séjour : il n’y a pas de petit profit... Pour récapituler : nous demandons le démantèlement des agences de gestion et de contrôle des étrangers et étrangères comme l’OMI ; la régularisation de toutes les personnes sans papier avec des cartes de 127 ans minimum, ou encore mieux, plus de papier du tout pour personne ; comme seule politique migratoire : la liberté de circulation et d’installation, bref, ce qui serait le plus simple pour tout le monde, l’abolition de toutes les frontières... ».
Collectif lOMInestpasnotreami, section lyon-sud-est
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