La Garantie Jeunes, pour réduire les chiffres de la pauvreté

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Un retour sur mon expérience dans le programme « Garantie Jeunes » de la MLJ [Mission Locale Jeunes], qui officiellement permet aux jeunes en difficulté de s’insérer dans la société. Mon expérience en tant que personne neuroatypique et trans dans un monde qui te rentre de force dans un moule, qui ne marche qu’à la répression.

1. Le commencement

La petite histoire c’est qu’après m’être exilée de chez mes parents, puis pas mal galéré avec la recherche d’emploi, j’ai fini par décrocher un service civique. J’ai pu vivre pendant 6 mois avec ce « salaire » et l’APL.

Puis après c’était fini, et rebonjour la galère. Ca me fait doucement marrer quand j’entends les gens dire que « si tu veux tu peux trouver du boulot ».

Peut-être que la pilule passe mieux pour les personnes neurotypiques, celles et ceux qui dès l’école primaire sont habitué.e.s à devoir travailler pour travailler. J’ai toujours eu du mal avec ça. On me disait que j’étais « fainéante », que je ne faisais que ce que j’aimais. En vrai c’est pas tout à fait ça. C’est que j’ai beaucoup de mal à faire quelque chose si je ne prends pas immédiatement du plaisir et si je n’y vois pas un objectif concret, tangible. Travailler pour travailler ? Courir après une note sur un bout de papier ? Courir après un salaire ? Très peu pour moi.

M’enfin, quand tu viens me dire qu’il faut des centaines de candidatures pour espérer décrocher un emploi, je vais pas cravacher dur pour y arriver, je vais juste entrer en dépression. Je vais me voir en concurrence avec des centaines de candidats parmi lesquels il y aura forcément de meilleurs profils que moi. Je vais me voir en proie à un système écrasant, déshumanisant, où tu es réduit.e à jouer au loto mais pour gagner ton droit (révocable et de plus en plus précaire) à survivre dans ce monde de merde. En bref je vais me dire, à quoi bon essayer ? A quoi bon s’emmerder à écrire des CV et lettres de motivation sur-mesure, à faire son numéro de lèche-botte, pour au final se faire jeter une fois de plus ? C’est quelque chose qui me vide très vite de mon énergie.

Je finis par rejoindre le milieu squat, en partie par militantisme, mais surtout pour éviter la déchéance – claquer le reste de ton argent dans le loyer, les factures, la bouffe, etc, pour au final se retrouver à sec, se faire expulser, se retrouver à la rue qui est largement un point de non-retour… Au moins les squats permettent de conserver une dignité dans tout ce merdier.

Puis dans le même temps je découvre que je suis trans.

Comme si ça allait m’aider.

Je tente de transitionner tant bien que mal. Le bon sens me dirait d’attendre de « trouver un emploi stable ». La bonne blague.

Mais bon, au bout d’un moment, y a pas à tortiller, reste pas lourd de mes finances. Si on peut faire la récup pour la bouffe et le matos, pour les hormones, c’est autre chose, surtout que je les commande en ligne pour ne pas avoir à faire au système médical autoritaire.

Je contacte le Pôle Emploi, la MLJ, etc. N’en résulte qu’une envie intense de tout brûler. Quelque perles, montrant à quel point tou.te.s ces gentes sont déconnecté.e.s de la réalité :

  • La conseillère MLJ qui me parle d’une formation : « alors c’est rémunéré 350€/mois. C’est pas beaucoup mais on peut vivre avec ». Oui, tu peux vivre avec si tu vis en squat.
  • Pôle Emploi m’informe gentiment que, comme le service civique c’est pas un vrai emploi, j’ai pas droit au chômage. Comme j’ai pas encore 25 ans, j’ai pas non plus droit au RSA. Bref, j’ai droit à… rien. Je demande cash à la conseillère Pôle Emploi, comment je fais pour survivre ?? La réponse : « le retour à l’emploi peut être une solution ». Sans commentaire. »

So much pour l’État-Providence. Jusque là, la seule Providence que j’aie connue c’était le squat du même nom ...

La suite à lire sur : https://lepressoir-info.org/spip.php?article1497

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