Les cheminots lyonnais sont en grève et ils ont raison !

1679 visites
Novembre2007-...(LRU et retraites) 1 complément

Aucun train au départ de Perrache, les quais sont vides tout comme les couloirs de la gare. Huit organisations syndicales ont appelé à la grève reconductible ce mercredi 13 novembre 2007. Des cheminots de Perrache ont expliqué les raisons de leur colère.

Aucun train au départ de Perrache, les quais sont vides de voyageurs, tout comme les couloirs et les guichets de la gare ; seule la gare routière et les locations de véhicules fonctionnent à plein. Huit organisations syndicales (CGT, CFTC, UNSA, SUD, CFDT, FO, ...) ont appelé à la grève reconductible ce mercredi 13 novembre, et ce pour préserver le service public, en cours de destruction. Les principales revendications syndicales sont le maintien du régime actuel de retraites des cheminots et le développement du fret (le transport de marchandises) plutôt que sa casse.

- Sur le régime de retraites :

Les 176 000 cheminots employés à la SNCF se répartissent sur les quais de la gare, aux postes d’aiguillage, sur les voies ferrées, dans les trains TGV, TER et Corail, au transport de voyageurs comme au transport de fret, mais aussi dans les gares, dans les bureaux ou les guichets. Ce ne sont pas tous, comme les médias dominants le laissent penser, des conducteurs de TGV [1].

Les gares des grandes agglomérations sont ouvertes de 5h à 1h le matin, elles sont ouvertes la semaine, les week-ends et les jours fériés.

Conscients de ces contraintes horaires et géographiques du métier, les cheminots ont historiquement accepté un salaire moindre (par rapport aux autres fonctionnaires) pour un travail aux déplacements et aux horaires plus pénibles en échange d’une période de cotisations pour la retraite réduite [2] par rapport au régime général. De plus, pour des raisons de sécurité dans les transports et de santé des employés [3], il était admis qu’après 55 ans, les travailleurs partent à la retraite.

Le gouvernement souhaite modifier ce contrat signé historiquement entre les cheminots et la SNCF, notamment rallonger la durée de cotisation et baisser le montant de la retraite. Les cheminots s’y opposent bien évidemment.

D’autre part le bilan de la caisse des retraites de la SNCF est positif alors que le gouvernement veut faire baisser les montants des retraites. Si le plan était appliqué, que deviendrait la diffèrence entre l’argent des cotisations (inchangées) et le montant des retraites diminuées ? Sera t-elle redistribuée aux cheminots en augmentation de salaire ? Ou accaparée en toute opacité par le patronat ? Lourde question. Cette somme représente environ 200 millions d’euros par semestre au niveau national et le gouvernement n’a pas donné d’explication sur l’éventuel devenir de cette phénoménale somme d’argent.

- Sur le fret :

Depuis une dizaine d’annèes, la direction de la SNCF, sur les conseils des gouvernements français et de l’Europe, s’évertue à détruire son service de fret. De nombreux centres de triages ont été fermés dans la région, notamment ceux de St Germain, Badan, Vénissieux et Lyon Guillotière, tout comme dans la France entière puisque l’objectif de la direction est de n’avoir plus que 3 grands centres de triage en France. Depuis le début de cette réforme, ce sont près de 70 000 wagons de fret qui ont été supprimés pour être remplacés par...des camions [4].

Pour pouvoir marcher sur la tête, le gouvernement et l’Europe ont comme d’habitude, invoqué la mise en concurrence et l’alignement sur le marché « nécessaire et sans alternative possible ». C’est à dire qu’en plus de supprimer des gares de triage et des wagons de fret, la direction de la SNCF a augmenté les prix du transport de fret. « La SNCF aurait voulu saboter le transport de fret qu’elle ne s’y serait pas prise autrement » font remarquer certains cheminots. Les clients de la SNCF Fret se sont rabattus sur le transport routier, désormais moins cher !

Si il n’y a pas de logique environnementale à cette politique des transports, la stratégie de la SNCF est logique financièrement puisque toutes les entreprises de transport de voyageurs par cars au départ de Perrache sont des filiales de la SNCF et que celle-ci est aussi le premier transporteur en France de marchandises sur la route.

Peu à peu, la SNCF se transforme en une entreprise ne visant que l’accumulation de capital (au profit des éventuels futurs propriétaires privés et actionnaires). Si le service du fret se financiarise, il en est de même pour le service aux voyageurs qui est sur la même pente : alors que les prix des billets s’ élevent, les services se restreignent (impossible de se faire rembourser les billets achetés sur internet par exemple).
D’ailleurs la transormation de la SNCF entreprise publique en SNCF EPIC (Établissement public à caractère industriel et commercial) est un symbole de la privatisation de l’entreprise et de la volonté politique de destruction du service public.

C’est pour la défense du service public que les cheminots se battent.

P.-S.

PS : lors des grèves, les cheminots ne peuvent pas pratiquer les transports gratuits, même si cette mesure leur plait beaucoup ; en effet le billet est une assurance individuelle pour le transport du voyageur et c’est alors avec les assureurs que les grèvistes devraient négocier la gratuité des billets...

Notes

[1Les conducteurs de TGV sont mille en France.

[2C’est à dire 37,5 annuités plutôt que 40.

[3Il faut souligner les difficultés qu’entrainent les troubles du sommeil, les décalage des repas, le travail effectué 3 week-ends sur 4, qui deviennent encore plus importantes aprés 50 ans.

[4On estime qu’il faut deux camions pour transporter le contenu d’un wagon ; ce sont donc 140 000 camions supplémentaires qui ont été mis sur les routes pour remplacer le ferroutage qui existait.

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

  • Le 16 novembre 2007 à 20:40

    Je suis syndiqué cgt à l’Education nationale. Je trouve inadmissible que les directions syndicales acceptent de négocier sur la base des revendications patronales !

    Si nous sommes syndiqués dans un syndicat de salariés, c’est pour défendre nos revendications et ne pas négocier des reculs sociaux.

    Demain, les directions des confédrations vont accepter de négocier la fin du calcul des pensions sur les 6 derniers mois, des baisses de salaires, la baisse des primes, le salaire au mérité, la fin des statuts, la baisse des congés payés... en prétextant qu’il n’y a plus d’argent. Nous faire chanter en disant qu’il n’y a plus d’argent ?

    Que le medef et des médias se foutent de nous et nous prend pour des imbéciles, il est dans son rôle. Mais que ceux qui sont censés defendre nos intérêts de travailleurs, reprennent les revendications du Medef pour nous les faire accepter, c’est intolérable.

    Les directions de ces confédérations ont perdu toute légitimité à nous représenter. Leur but premier devrait être de construire des convergences de mamière à élargir, renforcer chaque jour la grève à d’autres catégories de travailleurs.

    Au lieu de ça, elles s’emploie à stopper la grève avant même qu’elle ne démarre. Ce qu’à fait Thibaud. En tant que syndiqués cgt, je considère qu’il doit partir de la CGT. Qu’il aille rejoindre Chérèque, qui a vendu notre retraite en 2003. Grace à Chérèque, je pourrais partir en retraite à 68 ans avec une pension d’à peine 40 % de mon dernier salaire.

    Oui, cheminots poursuivez votre grève, à bas la casse de nos retraites au profit des millionnaires et des actionnaires.

    Il parle de réformes -terme repris et accepté pâr les directions syndicales- alors qu’il s’agit d’une loi retrogade, d’un casse, d’une loi inique ou seuls les salariés sont mis à contribution.

    L’argument démographique qu’ils nous servent- repris là aussi par les directions syndicales- est un argument malthusianiste. Un argument frauduleux qui ne dit pas que les pensions reposent aussi sur les cotisations patronales !!!

    Or, les patrons sont exonérés de cotisations sociales, ils manquent ensuite de l’argent dans les caisses et le gouvernement demande aux seulles salariés de payer la part patronale. Ce qui est inéquitable ! puisque les patrons n’ont seulement ne font aucun effort mais en plus on leur donne des milliards d’euros.

    En 2006, les patrons ont été exonérés pour 24 milliards d’euros. L’ensemble des exonérations sociales représentent la somme pharamineuse de 60 millards.
    Cet argent qui nous est volé car les cotisations sociales sont partie intégrante de nos salaires permet aux patrons de gonfler leur profit.

    Le gouvernement et les médias du medef se foutent de nous. Et ceux qui à gauche reprennent les justifications frauduleuses du medef agissent dans le but de nous anésthésier et de toucher en retour leurs chèques, à travers des postes, ou plus simplement en euros sonnants et trébuchants. Les 640 millions d’euros versés par les patrons de la métallurgie aux directions syndicales servent à empêcher la reconduction des grèves et leur élargissement.

    Quand les directions confédérales reprennent la propagande du Medef sur « la réforme inévitable », « le choc démographique », c’est parce que le medef les a payés. D’ailleurs, ces responsables ne sont pas touchés par ces réformes patronales. Ils échappent à l’exploitation.

    Bravo aux cheminots. Gouvernements, patrons, confédérations (leur tête), et médias ont la trouille mortelle d’un nouveau 1995. Les cheminots l’ont parfaitement compris et commencent à mettre leur organe de réprésentativité, comme les comités de grèves et les coordination, seule manière de ne pas se faire poignarder dans le dos.

    Ils ont la trouille que les travailleurs du public et du privé imposent un retour au 37.5 annuités pour tous. Ils ne veulent surtout pas de la jonction avec la grève du 20.11 gage de forte mobilisation, de forte contestation de la politique rétrograde et patronale de Sarkozy

    L’enjeu est là. Toute victoire des cheminots et des traminots servira d’exemples à tous les travailleurs, les encouragera à se mettre dans la grève pour exiger le retour au 37.5 annuités , à augmenter les salaires et à embaucher.

    Toute défaite aura des conséquences catastrophiques pour tous les travailleurs. Le cheminots et les traminots sont le dernier bastion à résister et ils sont en mesure de gagner et d’entraîner dans la lutte des millions de travailleurs.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info

Derniers articles de la thématique « Novembre2007-...(LRU et retraites) » :

› Tous les articles "Novembre2007-...(LRU et retraites)"