Aucun train au départ de Perrache, les quais sont vides de voyageurs, tout comme les couloirs et les guichets de la gare ; seule la gare routière et les locations de véhicules fonctionnent à plein. Huit organisations syndicales (CGT, CFTC, UNSA, SUD, CFDT, FO, ...) ont appelé à la grève reconductible ce mercredi 13 novembre, et ce pour préserver le service public, en cours de destruction. Les principales revendications syndicales sont le maintien du régime actuel de retraites des cheminots et le développement du fret (le transport de marchandises) plutôt que sa casse.
Sur le régime de retraites :
Les 176 000 cheminots employés à la SNCF se répartissent sur les quais de la gare, aux postes d’aiguillage, sur les voies ferrées, dans les trains TGV, TER et Corail, au transport de voyageurs comme au transport de fret, mais aussi dans les gares, dans les bureaux ou les guichets. Ce ne sont pas tous, comme les médias dominants le laissent penser, des conducteurs de TGV [1].
Les gares des grandes agglomérations sont ouvertes de 5h à 1h le matin, elles sont ouvertes la semaine, les week-ends et les jours fériés.
Conscients de ces contraintes horaires et géographiques du métier, les cheminots ont historiquement accepté un salaire moindre (par rapport aux autres fonctionnaires) pour un travail aux déplacements et aux horaires plus pénibles en échange d’une période de cotisations pour la retraite réduite [2] par rapport au régime général. De plus, pour des raisons de sécurité dans les transports et de santé des employés [3], il était admis qu’après 55 ans, les travailleurs partent à la retraite.
Le gouvernement souhaite modifier ce contrat signé historiquement entre les cheminots et la SNCF, notamment rallonger la durée de cotisation et baisser le montant de la retraite. Les cheminots s’y opposent bien évidemment.
D’autre part le bilan de la caisse des retraites de la SNCF est positif alors que le gouvernement veut faire baisser les montants des retraites. Si le plan était appliqué, que deviendrait la diffèrence entre l’argent des cotisations (inchangées) et le montant des retraites diminuées ? Sera t-elle redistribuée aux cheminots en augmentation de salaire ? Ou accaparée en toute opacité par le patronat ? Lourde question. Cette somme représente environ 200 millions d’euros par semestre au niveau national et le gouvernement n’a pas donné d’explication sur l’éventuel devenir de cette phénoménale somme d’argent.
Sur le fret :
Depuis une dizaine d’annèes, la direction de la SNCF, sur les conseils des gouvernements français et de l’Europe, s’évertue à détruire son service de fret. De nombreux centres de triages ont été fermés dans la région, notamment ceux de St Germain, Badan, Vénissieux et Lyon Guillotière, tout comme dans la France entière puisque l’objectif de la direction est de n’avoir plus que 3 grands centres de triage en France. Depuis le début de cette réforme, ce sont près de 70 000 wagons de fret qui ont été supprimés pour être remplacés par...des camions [4].
Pour pouvoir marcher sur la tête, le gouvernement et l’Europe ont comme d’habitude, invoqué la mise en concurrence et l’alignement sur le marché « nécessaire et sans alternative possible ». C’est à dire qu’en plus de supprimer des gares de triage et des wagons de fret, la direction de la SNCF a augmenté les prix du transport de fret. « La SNCF aurait voulu saboter le transport de fret qu’elle ne s’y serait pas prise autrement » font remarquer certains cheminots. Les clients de la SNCF Fret se sont rabattus sur le transport routier, désormais moins cher !
Si il n’y a pas de logique environnementale à cette politique des transports, la stratégie de la SNCF est logique financièrement puisque toutes les entreprises de transport de voyageurs par cars au départ de Perrache sont des filiales de la SNCF et que celle-ci est aussi le premier transporteur en France de marchandises sur la route.
Peu à peu, la SNCF se transforme en une entreprise ne visant que l’accumulation de capital (au profit des éventuels futurs propriétaires privés et actionnaires). Si le service du fret se financiarise, il en est de même pour le service aux voyageurs qui est sur la même pente : alors que les prix des billets s’ élevent, les services se restreignent (impossible de se faire rembourser les billets achetés sur internet par exemple).
D’ailleurs la transormation de la SNCF entreprise publique en SNCF EPIC (Établissement public à caractère industriel et commercial) est un symbole de la privatisation de l’entreprise et de la volonté politique de destruction du service public.
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