Partout en France des maires responsables ont décidé d’interdire les spectacles de Dieudonné, de fermer des lieux de propagande fascistes en raison de la teneur de leurs discours incitant clairement à la haine, ainsi que d’un possible trouble à l’ordre public.
Au Puy-en-Velay, une librairie diffusant essentiellement des ouvrages d’extrême droite, a pignon sur rue depuis plusieurs mois. Dès son ouverture, nous avons alerté les riverains et la presse du danger que représentait une telle implantation. De nombreuses rencontres y ont déjà été organisées, autour de thèmes identitaires, complotistes et fascisants (par exemple, conférence sur le proto-nazisme, la « ré-information » avec Claude Chollet, ancien porte parole du GRECE, ou comme le 9 décembre avec deux journées sur le "suprémacisme blanc et le great reset" animées par Lucien Cerise, proche de Alain Soral auteur d’un ouvrage au titre évocateur "peuples autochtones et great reset").
Samedi 23 octobre 2021, après avoir défilé avec les manifestant-es anti-pass, une poignée d’identitaires, militants de Jeune nation venus de Lyon, de Marseille et d’ailleurs, a rejoint cette officine pour assister à une conférence d’Yvan Benedetti, successeur de Pierre Sidos à la tête de L’Œuvre française, après avoir été son bras droit, et ancien membre du comité central du FN, exclu après s’être revendiqué « antisioniste, antisémite et anti-juif ». Ce n’est donc pas nous qui accusons à la légère mais bel et bien lui qui le proclame ouvertement, et aussi la Justice, qui l’a encore condamné en juin 2021, en même temps que Hervé Ryssen (lequel est également venu au Puy, à l’occasion de l’université d’été du « pays réel » de Civitas en juillet dernier) pour avoir réalisé et diffusé une vidéo jugée antisémite.
Qu’a bien pu dire Benedetti à propos de Zemmour, qu’il qualifie sur une vidéo postée sur le site de Jeune Nation, d’ « agent Zioniste » ? A-t-il parlé de « re-migration » à son sujet aussi ? Nous ne le saurons pas, puisque la presse n’a pas eu le droit d’entrer. Mais nous avons quelques idées quand est publié sur la page facebook de la librairie à l’occasion de la conférence de Lucien Cerise :"... le cours sera composé d’exposé théorique et d’exercices en atelier pour se former individuellement aux bonnes pratiques du prosélytisme, de rhétorique et de retournement de l’opinion d’autrui, sur les réseaux sociaux....."Lors de la manif pour la venue de Benedetti, un militant nationaliste s’est amusé à faire une quenelle – geste interdit puisque assimilé à un salut nazi.
Sera-t-il poursuivi, sachant que de nombreux policiers étaient directement témoins ?
S’ils sont ridiculement peu nombreux pour le moment, beaucoup sont extrêmement dangereux et influents. C’est pourquoi nous estimons qu’au delà de la liberté du commerce, il n’est pas possible de laisser circuler impunément des discours racistes et antisémites, homophobes et sexistes. Car ce ne sont pas là des opinions mais des délits. En outre, les habitant-es et les commerçant-es, de même que les militant-es qui s’exposent pour dénoncer cette présence, peuvent témoigner de leur croissante inquiétude, face à ce voisinage.
L’extrême droite, c’est le jeune de 19 ans, arrêté au Havre le 28 septembre. Adorateur de Hitler, il projetait un attentat armé contre une mosquée et un lycée, pour le jour anniversaire de celui-ci.
L’extrême droite, c’est « Honneur et Nation », dont plusieurs membres ont été arrêtés le 5 octobre dans plusieurs départements, accusés de projeter des actions violentes.
L’extrême droite, c’est le militant arrêté le 28 août en Alsace, pour avoir préparé des bombes « sales » avec des composants radioactifs achetés par internet.
L’extrême droite, c’est le survivaliste Frédérik Limol qui a abattu trois gendarmes à Ambert en décembre 2020.
L’extrême droite, c’est plusieurs dizaines de néo-nazis qui ont défilé dans le Vieux Lyon, une nouvelle fois le 30 septembre, aux cris de « White power ». La veille, l’ultra droite avait déjà attaqué un petit groupe de militant-es anti-fascistes dans un tramway à coup de cutters et de ceinturons.
L’extrême droite, c’est les trois militants proches de la mouvance survivaliste qui ont été arrêtés il y a quelques temps à Saint-Etienne et dans des communes alentour avec tout un arsenal de guerre.
L’extrême droite c’est les trois personnes qui ont agressé un jeune à la terrasse d’un café du Puy-en-Velay, le soir du 21 octobre, alors qu’il exprimait son désaccord avec les idées propagées par cette boutique. L’un d’eux lui fracassant une bouteille sur le crâne, causant une blessure qui a nécessité cinq points de suture.
L’extrême droite en Haute-Loire, c’est pour ne citer que quelques exemples :
- la présence du parti politique catholique intégriste Civitas,
- un groupe Jeune Nation à St Didier-en-Velay,
- la fraternité Saint Pie X,
- de nombreux autocollants au Puy de l’Action Française, d’Égalité et Réconciliation (Soral), de l’OSRE,
- sans oublier les groupes de soutien à Marine Le Pen et à Eric Zemmour
- la Fraternité des Templiers catholiques du monde, cette milice qui "sécurise" les messes et prétend défendre la France chrétienne contre l’Islam.
L’extrême-droite n’a pas sa place au Puy-en-Velay ni nulle part ailleurs.
Faut-il s’étonner de l’absence de réaction de la mairie du Puy-en-Velay ? Quand on sait que Laurent Wauquiez a récemment annulé la subvention régionale annuelle de fonctionnement, d’un montant de 45000 euros, du CCO de Villeurbanne coupable d’accueillir le Lyon Antifa Fest, par ailleurs, complètement autofinancé.
Si l’ultra droite n’est qu’un contre-feu destiné à légitimer des candidatures d’extrême droite, les rendant plus « présidentiables », certains de ses membres peuvent s’avérer ultra-violents et ultra-dangereux.
Depuis des décennies, les partis au pouvoir ne cessent d’adopter et d’appliquer les politiques sécuritaires et racistes piochées dans le programme de l’extrême droite, en matière de maintien de l’ordre et de contrôle migratoire. Quand les partis conservateurs traditionnels vont piocher leurs idées à l’extrême droite le pire est possible. Comme dans les années 30, une partie de la bourgeoisie a d’ores et déjà fait le choix du fascisme pour imposer par la force sa politique ultralibérale .
Nous ne nous trompons pas d’ennemis ; nous les combattons tous : fascistes et capitalistes.
Réagissons pendant qu’il est encore temps : barrons la route à tous les fascismes.
Plus dangereux que le bruit des bottes, le silence des pantoufles...
Nous militant-es des droits humains, attaché-es aux libertés, antifascistes, communistes, socialistes, écologistes, anarchistes, communistes-libertaires, syndicalistes, féministes, antiracistes, militant-es associatif-ves....
Nous appelons à un grand rassemblement régional le 5 février à 14 heures au Puy en Velay, contre le fascisme et le capitalisme et pour exiger la fermeture de ce repaire de militant·es racistes, antisémites, xénophobes,sexistes et homophobes.
Le collectif RAFAHL appelle également toutes les organisations et réseaux anticapitalistes et antifascistes à former un front commun, fort de nos solidarités, pour poursuivre la construction d’un monde meilleur, libéré des oppressions, des discriminations, des dominations et du racisme.
Manifestation samedi 5 fevrier 14h, place cadelade au Puy en Velay
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