L’OL Arena est un projet de construction d’ici 2023 d’une salle de 15 000 places en face du grand stade de l’OL, à Décines-Charpieu. L’OL Arena s’inscrit dans un projet mégalo de Jean-Michel Aulas, baptisé OL Vallée. Ce projet comprendra aussi un complexe de loisirs incluant des salles de sport, des restaurants, un bowling et une vague artificielle pour le surf.
L’utilité sociale d’une telle réalisation est évidemment très discutable, mais l’intérêt économique est évident pour Aulas et pour son ami Tony Parker, le célèbre président de l’Asvel. Le principal argument pour la construction de l’OL Arena est en effet le fait que cette salle pourra accueillir les matchs internationaux du club de basket villeurbannais, nouvel étendard du sport business dans la Métropole de Lyon. À part ça, la salle devrait régulièrement accueillir des concerts et des spectacles.
Pour construire cette Arena, une modification du plan local d’urbanisme (le PLU-H) est nécessaire et c’est sur cette modification que devaient se prononcer les conseillers métropolitains mardi 15 décembre 2020. En perspective de ce vote, la ligne de Bruno Bernard était très claire : il convenait de valider le projet du tout puissant patron de l’OL. Comme le précise Médiacités, le président de la Métropole se voulait tout juste rassurant sur le fait qu’il avait « obtenu des garanties de la part de l’OL sur l’impact environnemental et le modèle économique de cette future Arena ».
Ce genre de garantie ressemble à un air bien connu pour faire passer des projets inutiles pour des parangons de vertu. Et c’est aussi ce qu’ont remarqué quelques élus de la majorité métropolitaine. Non seulement le modèle de cette Arena est nocif pour l’environnement, bénéfique uniquement pour des acteurs privés, mais il est aussit fondé sur un modèle économique désastreux, celui du grand équipement en périphérie. Un élu de la majorité l’a remarqué, diffusant un communiqué qualifiant l’OL Arena de « projet anti-écologique(…) pas au rendez-vous de nos engagements environnementaux » et appelant à un retrait de la délibération sur le PLU-H. Un autre élu vert assurait lui que « tout le paragraphe “environnement” [du projet] est une blague » et dénonçait le fait que « la concertation était là pour faire joli » et que les « les soi-disant engagements [d’Aulas] n’en sont pas. »
Les élus anticipent aussi une question déjà soulevée par le grand stade lui-même : une fois cette infrastructure privée installée, Aulas et Parker comptent bien sur la collectivité pour leur amener un flux de clients et de spectateurs en investissant dans les transports en commun. Outre ces dépenses inutiles pour la collectivité, les usagers de l’OL Vallée seront aussi nombreux à venir en voiture, ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences désastreuses en matière environnementale. Heureusement que le président de la Métropole est censé être écologiste…
Pour défendre la position de Bruno Bernard, Béatrice Vessillier, vice-présidente de la Métrople à l’urbanisme a eu recours au grand classique néolibéral : there is no alternative [1]. En arguant de l’importance des modifications proposées par Aulas, elle a ainsi déclaré : « cette salle Arena n’est pas un projet écologique. Nous n’avons pas cependant la volonté de bloquer les projets privés, mais plutôt d’œuvrer à leur réorientation si nécessaire. »
En tous cas Bruno Bernard a-t-il réussi à diviser dans sa majorité. Les élus communistes, insoumis et les élus du groupe « Lyon en commun » de Nathalie Perrin-Gilbert se sont soit abstenus soit ont voté contre le projet. Même au sein du groupe écologiste, Bernard n’a pas fait le plein de voix puisque, sur 58 élus, 27 n’ont pas voté comme leur chef leur intimait de le faire (20 abstentions, 4 contre et 3 n’ont pas pris part au vote). Résultat des courses : Bruno Bernard a eu besoin des voix de la droite, mais aussi des groupes de Collomb et Kimelfeld pour faire valider le projet d’OL Arena.
Bruno Bernard marchait déjà dans les pas de Gérard Collomb en matière sécuritaire et économique mais aussi en matière de népotisme. Il poursuit désormais son œuvre sur le plan de l’aménagement du territoire et du soutien aux barons lyonnais du sport spectacle. Pire encore, il a besoin des voix de Collomb et de ses sbires pour obtenir ce qu’il souhaite [2]. Bernard ne serait-il donc qu’une copie poussive de son prédécesseur ? En tous cas, l’esprit du collombisme flotte encore largement sur la Métropole qu’il avait conçu à sa main.
Les écologistes atteré·es
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