Peur bleue... Un témoignage piqué sur rebellyon

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Tout a commencé mercredi 19 octobre à "l’arrêt public des platanes" : soirée dub avec un bon couple des mecs qui nous faisaient vibrer au rythme des machines et de bonne énergie, tout était là pour que ça soit une longue soirée de fête et de convivialité. Il fait encore bon, les gens résistent encore à la fraîcheur de la nuit, et dans toute la place et le bar, les gens parlent d’une seule chose : l’after au "Bauhaus". On arrive vers 23 h 00 et le son envahit l’espace jusqu’à au moins 1 h du mat, heure vers laquelle les flics sont arrivés. Cette force de police qui venait du stade de Gerland après un match de football de Lyon, la même qui ne voulait pas de dialogue mais la dispersion des ces presque 200 personnes qui se trouvaient dans la rue Sergent Blandan ; ça tombe bien pour eux, le commissariat de police n’est pas très loin. Ils ont l’air agressifs, comme toujours, mais aucun d’entre eux ne donne des signes de "passage à l’acte", ils ne vont tout de même pas charger ! On n’a rien fait de mal. Le public sortant du bar est bien bourré, il régnait un air de guinguettes un peu avant l’heure où les esprits se sont échauffés sous l’influence des bombes lacrymogènes qui font si mal aux yeux. On n’a rien compris !

Eux, les flics, sont payés pour faire peur et montrer que l’ordre établi doit être respecté mais à quel prix et quel ordre ? J’ai passé la pire soirée de ma vie, j’ai côtoyé la violence et la force de “l’autorité” ! Comment en est-on est arrivé là ? Les flics sont encore en bas, la montée des Carmelites commence à se remplir ; les gens courent dans tous les sens, ils ont tous les larmes aux yeux à cause des "lacrymos". Je reste là, je suis incapable de bouger, c’est tellement irréaliste. Les bouteilles volent, s’éclatent et font un bruit de révolte qui donne plus d’occasions aux flics de gueuler des atrocités, ils ont envie de taper et ils comptent bien le faire. J’ai vu trois interpellations musclées... Je ne connais pas les gens mais je m’inquiète pour eux. Les gens parlent et fument désespérés, la panique est totale, on ne s’attendait pas à tant de violence pour une soirée de concert gratuit dans la ville. Et puis il y a ce jeune homme, celui qui gueulait auprès des flics sont mécontentement, celui qui a fait des photos avec son téléphone portable pour garder une preuve de ce dérapage de la part de la police. Il n’était pas loin de moi, je l’ai vu faire les photos et puis les flics sont arrivés par la rue du jardin des plantes, un seul mot est sorti de ma bouche pour ce jeune homme :« COURS ! » Il l’ont reconnu tout de suite et avec des cris de fauves ils lui ont couru après. J’ai gueulé pour que les gens viennent, il fallait pas qu’on les laisse faire, il fallait pas le laisser seul. Arrestation avec de menottes, comme s’il s’agissait d’un "terroriste". J’avais raconté à un de mes amis la raison de son interpellation et il n’a rien voulu savoir de plus, il est allé direct leur parler ; je l’ai revu 15 minutes plus tard, il se lavait pour essayer d’apaiser la douleur dans les yeux à cause de ces mêmes bombes que tout à l’heure. Mais il a eu le temps de prendre le portable de ce jeune homme et maintenant c’est moi qui l’ait, je ne sais pas ce que je vais faire de çà mais je voudrais quand même que les gens sachent ce qui s’est passé hier soir, sinon cela risque de se répéter plus souvent que ce que l’on s’imagine.

On étaient plus nombreux que les flics (police municipale) mais notre but était celui de passer une bonne soirée et non pas de faire "une corrida" avec les cowboys. Les mêmes qui souriaient en rentrant au poste avec les "jeunes révoltés" agitant les bombes à leur passage pour montrer qu’ils étaient plus forts. Ceci étant, je me pose quand même la question de savoir pourquoi ils ont eu si peur de ces jeunes qui faisaient la fête ? Vu l’ampleur de leur charge, on imagine bien la peur qu’il ressentaient en notre présence, pourtant !

Au total ce sont 6 personnes arrêtées dans la soiréedu 19/10, rue du sergent Blandan et autour. Ces personnes ont d’abord été transférées au commissariat du 8e avant de revenir dans un commissariat du 1er au matin. Toutes les personnes ont été libérées le lendemain à 18h30 et attendent maintenant la date pour leur passage au tribunal. Ils ont été accusés d’outrage et rébellion, de violence avec armes sur agent. Au moins deux personnes sont sous le choc de leur arrestation musclée avec des cicatrices autant physiques et psychologiques.

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