On ne comprend rien à l’affaire du burkini, vêtement de plage couvrant, si l’on omet de le penser comme un problème de visibilité dans l’espace public. Habermas ne la mentionne pas, pourtant la plage est bien cet espace public égalitaire exemplaire, un espace dont on peut deviner le degré de contrainte sociale au retour chaque été des conseils sur la perte de poids dans les magazines spécialisés. Sur ce territoire vécu comme espace de loisirs gratuit, commun et libertaire, débarrassé des conventions de la société, règne une normativité de l’apparence et des comportements d’autant plus robuste qu’elle est autoproduite.
C’est la manifestation d’une mode vestimentaire, couplée à une perception hyper-normative de l’espace balnéaire, qui a produit cet été une nouvelle version du dilemme post-colonial français : que faire d’un groupe allogène qui vient modifier de façon visible la composition de la population existante ? La France répond depuis longtemps à cette question par l’imposition d’un principe assimilationniste dont un ancien ministre a récemment rappelé l’axiome, en invitant les musulmans à la « discrétion ». En d’autres termes, les nouveaux venus sont priés, pour s’intégrer, de se noyer dans la masse, et de privatiser strictement toute pratique distincte, dont la manifestation serait nécessairement lue comme une tentative d’accaparement de l’espace public, et donc hostile à la communauté nationale.
>Mineurs isolés, nous sommes en danger.

On nous appelle des mineurs isolés, nous nous appelons Alpha, Christian, Issa, Lamine, Youssouf... Depuis le 12 avril, abandonnés par les institutions, nous sommes environ 50 à dormir sous des tentes à proximité du siège de la Métropole.
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