Leur emprisonnement s’inscrit dans le contexte d’une lutte en expansion
que l’Etat cherche à étouffer. Depuis quelques mois, à l’intérieur des
centres de rétention en France, des sans-papiers communiquent vers
l’extérieur sur leur emprisonnement, s’enfuient, font des grèves de la
faim, refusent de rentrer dans leur chambre, incendient leur cellule, vont
jusqu’à tenter de se suicider ou de s’auto-mutiler, et en retour, se font
systématiquement tabasser par des CRS, isoler, humilier, déporter.
A l’extérieur, des individus et des collectifs s’organisent pour empêcher
des rafles dans la rue ou des avions de décoller, pour cacher des
sans-papiers, remplir des dossiers, se marier, faire reculer la police à
la sortie des écoles, occuper des préfectures, faire savoir ce qui se
passe dans les centres de rétention et multiplier les manifestations et
rassemblements de soutien. Pendant plusieurs semaines, au tournant de
l’année, des milliers de personnes se sont ainsi réunies régulièrement
devant le centre de rétention de Vincennes, en lançant des feux d’artifice
et en criant « liberté » d’une seule voix avec les retenus.
Là encore, la répression policière ne s’est pas faite attendre : le 19
janvier, trois personnes sont arrêtées sur le chemin de la manifestation
contre l’allongement de la durée de rétention pour avoir eu des fumigènes
et des pétards avec eux. Par protestation contre le fichage, ils refusent
de donner leur ADN et leurs empreintes digitales. Des appartements sont
ensuite perquisitionnés et saccagés. Les policiers n’y trouveront que
quelques brochures militantes, ce qui n’empêche pas qu’un juge
anti-terroriste soit chargé d’instruire une enquête pour "association de
malfaiteurs, détention et transport d’engins incendiaires ou explosifs en
vue de détruire des biens ou de commettre des atteintes aux personnes".
Deux d’entres eux, Ivan et Bruno, sont incarcérés depuis, en attente d’un
procès. Dans la semaine qui suit leur arrestation, la presse, racoleuse,
reprend sans aucun recul la version policière, et parle de
« junior-terroristes » et de fantomatiques réseaux qui se préparerait à la
lutte armée. Ici quelques fumigènes, pourtant couramment utilisés dans les
manifs, ont suffi au gouvernement pour oser brandir une nouvelle fois le
spectre du terrorisme. L’objectif est clair : museler toute contestation,
tenter de diviser les militant-e-s, d’en isoler certain-e-s, de faire
taire et réprimer tous ceux qui luttent contre l’enfermement et le
traitement que subissent en France les classes populaires et les
étranger-e-s.
Si le cas d’Ivan et Bruno peut sembler particulièrement choquant, il est
malheureusement symptomatique d’une répression accrue des militant-e-s.
Depuis janvier, diverses personnes ont été arrêtées et inculpées, pour
avoir voulu se rapprocher des détenu-e-s devant un centre de rétention,
pour avoir protesté lors d’une rafle, pour avoir accueilli des
sans-papiers chez eux, pour avoir refusé qu’un avion décolle avec des
personnes bâillonnées à son bord ...
Pas plus que nous ne pouvons laisser des sans-papiers se faire expulser,
nous ne pouvons laisser des compagnons de lutte croupir en prison pour
leur solidarité. Ne laissons personne isolé-e face à la justice et à la
police,
continuons à désobéir aux lois racistes, multiplions les insoumissions !
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