Réponse d’un casseur à ces détracteurRICEs.

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Réponse d’un casseur à ces détracteurRICEs.

Introduction

Salut à toi camarade. Je me présente, je suis suis un casseur. J’ai participé ce mardi 10 mai à la casse du commissariat de Croix-Rousse et à celle du PS. Quand je casse, je protège mon identité, j’ai un look de casseur. Dans le civil, j’aborde un style banal, sage. Cette double apparence me permet de passer inaperçu, un tel point que des gens me prennent à partie pour dénoncer les actes des méchants casseurs. Ne souhaitant pas rentrer dans des débats interminables et être catalogué, je me tais. Si je réalise cet article c’est pour pouvoir expliquer mes gestes, mes motivations.

Qui suis-je

A en entendre certainEs, les casseurSEs, soit viennent des quartiers difficiles, soit sont des « marginaux » (SDF, punk à chiens...) dont les seules convictions sont de tout détruire. Cette catégorisation est une construction médiatique et sociale qui divise le mouvement. Cela peut également entraîner des comportements d’entre-soi voire de xénophobie. Je vais donc tacher de briser quelque peu l’identité des casseurs. Car, je ne viens pas d’un quartier, je ne vis pas dans la rue. Je suis en études supérieures et je les réussis. Mes parents ont assez de moyens pour financer mes études. Dans mon domaine, je suis même assuré de trouver du travail à la fin de mes études. Je n’ai pas en moi une rage incontrôlée, je réfléchis toujours avant d’agir, souvent trop. Je participe également aux mouvements de luttes plus « sages », qu’il s’agisse de discuter à Nuit Debout ou de manifester calmement.

Pourquoi je casse

Côtoyant tout type de millitantEs, j’ai remarqué que certains se désolidarisent totalement des casseurs. Ils ou elles ne voient pas de sens dans ce type d’actions. Pourtant ces actions sont clairement dirigées contre des ennemis communs. Les stratégies de lutte sont différentes. Chacune peut-être critiquée dans son efficacité, Pour faire la révolution, il n’y a pas de mode d’emplois. Notre société est viciée, la course à la croissance entraîne des dérives qui ont fait décroître notre niveau de vie. Plusieurs postulats nous ont été inculqués par la société. L’homme est un loup pour l’homme. Gagner plus pour vivre mieux. Le vote c’est la démocratie. Lors de manifestations gentilles, on ressort souvent avec un sentiment de lassitude. Ces trois heures passées à déambuler ne laisseront pas de traces. Que ce soit dans les médias ou dans l’esprit de passants. Elles permettent néanmoins de témoigner de notre masse et de notre implication et je continue à y participer. Mais la lutte se fait sur plusieurs fronts. A l’école, on nous vente le courage des résistantEs. Ces résistantEs qui faisaient exploser des ponts et des bâtiments. Pourtant, eux ne sont pas considérés comme des casseurSEs. Je ne veux pas me comparer à eux et débattre sur le fait que ce ne soit pas le même combat. Car certes notre régime n’est pas celui de Vichy, mais où est la limite ? La limite, elle est simplement relative à la sensibilité des gens. Respectez ma sensibilité quand mes actes ne vous touchent pas directement. Lorsque l’on casse, on laisse une trace, l’impact dans les médias est plus grand et cela témoigne de notre implication dans le mouvement. Nous considérons que notre champ d’action ne se limite pas à ce qui est autorisé par une loi écrite par et pour les dirigeants.

Casser c’est mal !

Le terme même de casseur est négatif, mais pourquoi ? Si quelque chose est mauvais, n’est-ce pas bien que de le briser ? On parle souvent de violence, mais je ne suis pas violent, je ne m’attaque pas à des personnes, je m’attaque à des institutions. CertainEs reprochent aux casseurSEs de délégitimer la cause, mais il s’agit là d’une instrumentalisation médiatique qu’il faut éclipser. La norme et les médias ne vont pas dans notre sens car nos intérêts sont contraires, tout simplement. D’autres font remarquer que ceux qui payent les pots cassés ne sont pas les bonnes personnes. Effectivement, certaines dégradations entraînent du travail supplémentaire pour des travailleurSEs précaires. Mais c’est l’employeur qui choisit de leur faire payer les pots cassés. Et les frais matériels seront à la charge de l’institution et ses assureurs que je souhaite tous deux combattre.

Pourquoi je me cache

Si je considère que mes actes sont bien pourquoi m’en cacherais-je ? Dans un premier temps pour me protéger de la police : la lutte dans une cellule, c’est moins évident. Dans un deuxième temps pour ne pas être marginalisé. Je ne veux pas être regardé comme un paria dans la rue. Je me cache, car la société rejette mes opinions. Je me cache pour les mêmes raisons que des gays n’osent pas se promener mains dans la main dans la rue, que des croyantEs cachent leurs appartenances religieuses. Il s’agit d’un biais de raisonnement que de penser que ne pas assumer ces actes les rende illégitimes.

Le terme casseur

Derrière la terminologie casseur on met un peu ce que l’on veut. Et souvent n’importe quoi, j’ai donc décidé de différencier trois types de casseurSEs :
- Celui ou celle qui comme moi casse par conviction politique. Il ou elle choisit ses cibles et réfléchit à ses actes.
- Ceux, celles qui ne semblent pas avoir de réelles revendications. Qui sont juste là pour casser. Mais leur colère bien que non-explicitée est légitime, ils sont ceux que le système a rejeté sans leur laisser le choix. Il faut accepter leur violence. Cette catégorie existe, je l’ai rencontrée et acceptée. En leur donnant la parole et en reformulant leur critique, ils ou elles peuvent prendre confiance en leurs opinions, et ainsi rejoindre la première catégorie.
- Le ou la vrai casseurSE, celui ou celle qui vient pour décrédibiliser une manifestation. Qui se bat avec d’autres manifestantEs. Celui là je ne l’ai pas rencontré. Peut-être s’agit-il d’un mythe. Peut-être s’agit-il d’unE policierE infiltréE...

Conclusion

J’espère que cet article aura apporté une nouvelle vision à ceux qui blâment la casse. Si vous nous reprochez notre violence, comprenez qu’il est également très violent pour nous d’être méprisé par nos camarades. Mais n’oubliez pas, il ne s’agit là que de divergence stratégiques. Notre combat est le même, ne nous perdons pas dans des querelles internes.

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  • Le 11 janvier 2017 à 09:13, par auteur

    Il faut considéré la cible de l’article. Comme indiqué dans le titre, l’article s’adresse à des gens dont certains nous explique que c’est tous des punks à chien. J’explique que non. Je ne dit pas que je considère que certains sont moins légitime (à part moi). Je ne dit pas qu’ils sont débile. Si certain on moins formalisé la légitimité de leurs actes ça ne les rend pas forcément illégitime. A mon avis vous surinterpréter mon article. Je n’ai pas écris un article sur le mépris de classe. Si ma cible avait était les « bobos », j’aurai expliqué en quoi la voie choisit par les « non-violent » est plus facile à tenir lorsque nos ace ne seront pas condamné, qu’on a un boulot, etc.
    Concernant le côté scolaire de mon approche, encore une fois il faut considérer la cible. Je m’adresse à des gens qui nous méprise en nous expliquant leurs supériorité. Leurs notion de supériorité passe notamment par la réussite scolaire. Il on tendance à affirmer que si nous combattons cette notion de supériorité c’est parce-que nous somme « faible ». Je contre cette proposition en expliquant qu’on est jute contre car c’est de la merde.
    Concernant le fait de fermer ma gueule, non il est important de réfléchir à la légitimité de ses actes (pas forcément scolairement). Ceux qui choisissent de pas y réfléchir peuvent faire n’importe quoi
    et j’les emmerde. Je trouve ça assez marrant qu’on me reproche de réfléchir quand on est soit même en train de le faire. C’est facile de pas être bienveillant.

  • Le 7 juin 2016 à 07:04, par

    Je trouve que le deuxième paragraphe pose quand même pas mal de questions et véhicule des idées un peu limite :

    « A en entendre certainEs, les casseurSEs, soit viennent des quartiers difficiles, soit sont des »marginaux« (SDF, punk à chiens...) dont les seules convictions sont de tout détruire. Cette catégorisation est une construction médiatique et sociale qui divise le mouvement. Cela peut également entraîner des comportements d’entre-soi voire de xénophobie. Je vais donc tacher de briser quelque peu l’identité des casseurs. Car, je ne viens pas d’un quartier, je ne vis pas dans la rue. Je suis en études supérieures et je les réussis. Mes parents ont assez de moyens pour financer mes études. Dans mon domaine, je suis même assuré de trouver du travail à la fin de mes études. Je n’ai pas en moi une rage incontrôlée, je réfléchis toujours avant d’agir, souvent trop. »

    Est-ce que ca veut dire :
    - Que si l’on vient d’un quartier populaire ou qu’on est sdf on ne réfléchit pas avant d’agir ?
    - Que si on est de fait exclu du système on est moins légitime à le critiquer ?
    - Que la rage légitime que certains vivent les discrédite ?

    A la fin du texte, on lit : « En leur donnant la parole et en reformulant leur critique, ils ou elles peuvent prendre confiance en leurs opinions, et ainsi rejoindre la première catégorie. »

    Et le colonialisme intellectuel, on le détruit quand ?

  • Le 23 mai 2016 à 20:11, par Un autre casseur

    Tu écris un truc pour sortir des catégories, et tu en reformes d’autres. Peut-être qu’étudier la sociologie t’a grillé des neurones. Peut-être que t’étudies pas la sociologie, mais elle t’a en tout cas enfoncé sa frénésie de catégorisation dans le crâne.

    On s’en tape de tes distinctions casseurs intelligents (qui font comme toi des études supérieures payées par leurs parents) et casseurs débiles, sans « réelles revendications ». Pour le coup, les seconds, dont je me sens bien plus faire partie, ont compris le sens du mot « renvendication », qui consiste à quémander à son ennemi de la longueur de chaîne.

    La « rage incontrôlée » est une réaction possible à la vie dans ce monde de merde, et elle a toute sa place. Tu n’es personne pour « leur donner la parole et [reformuler] leur critique ». Personne n’a besoin de toi pour donner des certificats de « légitimité ». On s’en tape parce que ce dont on rêve c’est de voir ce monde en cendres. La légitimité on lui chie dessus.

    Et la prochaine fois qu’on te parle de casseurs en vrai, solidarise-toi concrètement plutôt que fermer ta gueule. Ça sera mieux que d’écrire des textes méprisants sur internet.

  • Le 20 mai 2016 à 18:17, par ronanov

    Je trouve ce témoignage très touchant et bien ecrit.
    C’est juste dommage qu’il limite le champ d’existence à deux possibilités « mythe » ou « policier » alors qu’il peut exister et n’être qu’un simple citoyen lambda qui se bat pour des valeurs opposées. Ou encore pleins d’autres possibilités. Je pense que nous manquons d’observations de phénomène pour limiter à ces deux théories.

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