Reprendre, c’est voler

971 visites

Texte de l’Union de groupes anarchistes Lyonnais pour la manif du 5 février sur les 35 h.

En contrepartie de la réduction du temps de travail à 35 heures (pas encore pour tout le monde), les socialistes de marché ont offert aux patronat la flexibilité qui lui permet de gérer notre emploi du temps selon les caprices de la bourse, de soustraire du temps des travail les temps de vestiaires, les pauses du travail posté, et maintenant les temps de transport de l’entreprise au chantier. Bien souvent la RTT n’a été qu’un artifice comptable, excluant des temps auparavant rémunérés, et ramenant le taux des heures supplémentaires à 10%.
Aujourd’hui, et bien que les entreprises, confrontées à une surproduction chronique, ne soient pas forcément demandeuses, les idéologues libéraux veulent remettre en cause les termes de ce contrat de dupes. Ils entendent ainsi profiter de la faiblesse du mouvement social, estomaqué par un chômage massif encourageant la recherche de solutions individuelles, intoxiqués par une propagande économique-libérale relayée complaisamment par les médias aux mains des classes dominantes depuis plus de 20 ans, trahi par les intellectuels et les élites politiques et syndicales « de gauche », néo-bourgeoisie ayant embrassé sans vergogne ses intérêts de classe. Tout est bon pour geler les salaires, imposer les pires conditions de travail ou y revenir, avec à la clé le chantage à l’emploi et à la délocalisation, comme nous avons pu le voir avec le véritable racket imposé aux salarié-e-s de l’usine Bosh de Vénissieux

L’impasse suicidaire du capitalisme

Quoiqu’en disent les réformistes, la seule revendication du pouvoir d’achat, si elle est légitime, est une impasse, car les entreprises, dont la mission première est le service des actionnaires, auront tôt fait de répercuter cette hausse des salaires par une exigence de productivité accrue, ou une externalisation du coût supplémentaire en saignant un peu plus leurs sous-traitants, c’est à dire les salarié-e-s de ces derniers, ou en délocalisant dans des contrées encore plus dures pour les travailleurs-euses. Sans une remise en cause radicale du capitalisme, les revendications catégorielles ne sont qu’un leurre pouvant satisfaire à court terme les stratégies gestionnaires des centrales syndicales réformistes, mais entraînent à long terme un accroissement global de l’exploitation déjà insupportable des classes travailleuses.

Lutte mondiale contre le capital

En tant qu’anarchistes, nous ne pouvons ignorer la dimension mondiale du capitalisme, et la nécessaire solidarité internationale avec les exploité-e-s de tous pays. Nous ne pouvons nous soustraire à l’urgente nécessité de lutter contre une précarité épidémique instaurée en mode de gestion des populations. C’est pourquoi nous soutenons toutes les formes de résistance collective à l’exploitation capitaliste. En commençant par la défense des acquis sociaux, acquis de haute lutte par nos prédécesseurs, et la revendication d’une part décente de la richesse produite (par nous) pour une vie digne. Dans l’attente de l’expropriation des actionnaires, rentiers et autres parasites sociaux, et la gestion sans intermédiaires, délégué-e-s, de nos usines, nos bureaux, nos hôpitaux, nos quartiers, nos communes et nos vies.

S’organiser pour mieux lutter

Alors, comment y arriver ? Par le rapport de force réel, celui qui tape directement dans le portefeuille du patronat, par la grève, le boycott, le sabotage des cadences, le blocage de l’économie, qui ne se contente pas d’appel à l’opinion, aux politiques, sans lendemain. D’abords en luttant pieds à pieds pour défendre et accroître nos « conquêtes », c’est à dire ce que nous avons récupéré de ce que le patronat nous vole. Certainement pas par des journées d’actions atomisées, qui n’ont que pour objectif de nous balader en faisant jouer la soupape de sécurité. Certainement pas en mendiant auprès de la gauche dans l’espoir de son retour au pouvoir, elle qui a privatisé et préparé le terrain à l’accélération actuelle de la régression sociale. Mais en nous organisant en tant que classe, en favorisant les convergences interprofessionnelles dans les luttes, en reconstruisant un syndicalisme de lutte de classe, révolutionnaire et antibureaucratique, comme la CGT du début du siècle. En mettant au pied du mur et en virant les bureaucrates qui vivent sur notre dos en bradant le fruit de nos luttes.
En construisant pas à pas la grève générale, interprofessionnelle et reconductible.

Union de groupes anarchistes lyonnais

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info