Souffrance au travail : comment la Région Auvergne-Rhône-Alpes maltraite ses salarié·es

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Au soir de son élection à la tête de Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez déclarait au micro de France 3 « ce que je veux, c’est que notre région soit un modèle de ce qu’on peut réussir en France ». Depuis, il met tout en œuvre pour que la collectivité soit un exemple de politiques réactionnaires et antisociales. Sur ce dernier plan, un résultat est là : deux ans et demi après l’élection, la Région est en pointe dans un domaine qui a le vent en poupe : celui de la souffrance au travail.

« Pertes de sens et de valeurs », « des orientations floues et instables », « sentiment de ne plus faire un travail de qualité », « surcharge, stress, épuisement » d’un côté ; « sous charge, inquiétudes, perte d’estime » de l’autre… Médiacités s’est procuré le rapport que le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT [1]) de la région Auvergne-Rhône-Alpes avait commandé au cabinet Actems [lire ci-dessous]. Ses conclusions, communiquées en interne jeudi 3 mai, sont particulièrement sévères pour le management de la collectivité présidée par Laurent Wauquiez.

Ce rapport pointe les conditions délétères dans lesquelles évoluent les salarié·es depuis la fusion des deux régions précédentes et l’élection de Wauquiez à la tête de la nouvelle institution. Comme gênée par ce constat, les responsables de la Région ont freiné sa diffusion vers les salarié·es.

Communiquée d’abord oralement aux membres du CHSCT, l’expertise explosive a fait l’objet, vendredi 27 avril dernier, d’une présentation aux agents du siège lyonnais, de la part de la direction générale des services. « Comme par hasard, un vendredi, jour où les effectifs du personnel sont réduits », déplore Philippe Duverny, représentant FSU. La présentation a toutefois été diffusée sur l’intranet de la région. Mais – surprise ! – le document a été expurgé de la quasi-totalité des pages sur le constat, négatif, gardant, à l’inverse, celles compilant les préconisations à mettre en œuvre.

En parcourant les 67 pages que compte le rapport (réalisé par un cabinet qui a rencontré 300 agent·es) mis en ligne par Médiacités, on peut citer les constats de terrain suivants [2] :

  • Perte de confiance des agent·es dans l’institution, incompréhensions, perte de sens et discours vécus comme très éloignés de la réalité ;
  • Résilience, voire résignation pour certains ; notion de découragement, pas de perspectives d’améliorations car pas de levier d’action à portée de main
  • Problématique d’équipes non complètes (ou non ajustées) ; attentes de recrues, certains services sont en sous-effectifs, sans encadrement parfois, d’où « une attente forte d’un retour rapide à la normalité » ;
  • Circulation de l’information : des éléments appris via la presse, un éloignement géographique (lié à la taille de la région) qui implique une certaine vigilance quant aux transmissions d’informations (synchronisation, cohérence, en temps identiques...) ;
  • Surcharge, stress, épuisement VS sous charge, inquiétudes, perte d’estime ; peu de rééquilibrages possibles faute de pilotage et mise en débat sur la répartition du travail (des risques de « burn-out », « bore-out » et « brown-out » sont évoqués, cela traduit bien les réalités multiples des contextes de travail) ; arrêts maladie, démotivation et incompréhensions sur le fait que la situation perdure ; perte de pouvoir d’agir, sentiment d’être dépossédés ;
  • Problème de place dans certains bureaux et open space : confidentialité complexe à maintenir selon les missions des agents ;
  • Lyon ; problématique de luminosité pour les bureaux donnant sur la cour intérieure (certains ne voient jamais le soleil), bureaux et salles de réunion second jour, 1 lampe par bureau en guise d’éclairage (parfois insuffisant à priori mais à vérifier avec luxmètre).

Aussi divers soient-ils, ces problèmes témoignent à la fois de mauvaises conditions de travail et de leurs conséquences négatives sur la santé physique et psychologique des salarié·es. Si la situation à la Région Auvergne-Rhône-Alpes est connue depuis un certain temps, le rapport du CHSCT vient jeter un nouvel éclairage sur le mal-être au sein de cette collectivité et allonger la liste des dégueulasseries dont Laurent Wauquiez est responsable.

Notes

[1En réalité, cette appellation n’a plus lieu d’être puisque le CHCST a disparu fin 2017 lorsque ce comité a été fondu au sein du nouvellement créé CSE.

[2Éléments du rapport sélectionnés par l’auteur de cette brève, sans volonté d’exhaustivité.

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