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D’autres collaborations pourront être plus complexes, et certaines contreparties devront être accordées. Ce fut le cas en 2004 lors des négociations avec la Lybie, pays dont le sous-sol regorge de pétrole et où l’investissement énergétique se potentialisait. Kadhafi, en laissant quelques bateaux accoster sur l’île de Lampedusa, mit la pression sur le gouvernement Italien qui à son tour exigea des concessions de l’UE. Il négocia ainsi la levée de l’embargo sur les armes qui était jusque là imposé et donnera à son pays une image plus « fréquentable » lui permettant de s’ouvrir au niveau international.
De la même manière, la Turquie, principale porte d’entrée de l’immigration venant du moyen-orient, permettra à Erdogan d’empocher quelques milliards d’euros, une poignée de visas et réamorcera son processus d’intégration à l’UE. Celui-ci devra en échange récupérer les migrants qu’il avait laissé arriver jusqu’en Grèce auparavant, construire quelques camps d’enfermement, qui lui serviront d’ailleurs de zone tampon avec la Syrie, et fermer ses frontières de manière plus significative. Négocier avec l’UE, institution garante et représentative des droits de l’homme, lui permet également de perpétuer impunément le massacre de la population Kurde sur son territoire, et le baillonnage de toute contestation sociale.
Ainsi, les exilé.es se retrouvent l’objet de négociations dépassant de loin leurs intérêts et deviennent une monnaie d’échange. On le comprend aisément, les fausses interrogations portant sur le respect des droits de l’homme, les conventions sensées protéger les réfugiés ou la notion de sûreté sur laquelle des organismes comme le HCR ou l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) semblent s’enorgueillir à mettre en avant, ne pèseront pas lourd dans la balance. Laissons ces considérations hypocrites aux humanistes, l’Europe traite avec n’importe qui, et ce depuis longtemps. La seule importance pour elle est que les migrant.es n’arrivent pas sur son sol, qu’ils.elles soient contenu.es en amont de ses frontières, ou admis.es après avoir été filtré.es dans des camps selon les besoins de son économie. Le reste, l’enfermement, le harcèlement, la maltraitance, les regroupements forcés, le refoulement et la violation du droit d’asile, relève des dégâts collatéraux d’une guerre discrètement menée pour protéger un territoire et des intérêts.
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- Hors de l’Union européenne, Frontex déploie sa toile
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