Gérard Léras est le président des Verts de la région Rhône-Alpes, la région française prête (et bien disposée) à être traversée par la ligne Lyon-Turin. Depuis des semaines il suit la protestation NO-TAV en Vallée de Susa, il est en contact avec les "cousins" italiens et chaque fois il s’exclame : « Cette militarisation est un malheur, sans dialogue on ne va nulle part. Trop de désinformation. » Mais sa solidarité s’arrête là. Car sur tout le reste, le Pecoraro Scanio de la Maurienne a des opinions différentes : « Une chose c’est d’être écologiste, une autre localiste. On ne peut pas toujours dire non. »
Traduction de l’interview de Gérard Léras au "Corriere della Sera" - 6 décembre 2005
SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE : « Chers italiens, en agissant comme cela vous signez votre condamnation : camions et pollution vont suffoquer votre vallée. »
Verts italiens et Verts français divisés ?
Non, je suis tout à fait d’accord sur le fait que les marchandises ne doivent plus voyager sur route mais par voie ferrée. Nous allons confirmer cela dans un communiqué de presse la semaine prochaine.
Et sur le reste ?
Nous sommes convaincus que la protestation italienne est erronée. Si on veut vraiment changer les choses il faut faire un bond en avant sans avoir peur.
C’est à dire : tunnel et pas de potentialisation de la ligne ?
Absolument oui. La potentialisation ne suffit pas : un chemin de fer avec une capacité de 20 millions de tonnes n’amène pas loin. Les numéros et les prévisions qui circulent en Italie viennent de la même désinformation qui a amené à la paralysie.
Une chose qui n’est pas arrivée en France.
Non, car chez nous on a commencé à parler de la Lyon-Turin il y a une quinzaine d’années, et depuis une dizaine on en parle vraiment beaucoup.
Quel est le point de départ de votre oui au projet ?
Le fait que en Maurienne on ne peut plus supporter une circulation de 5-6.000 camions par jour : les mêmes qui passent par la Vallée de Susa et la polluent. Donc...
Donc ?
Donc pour le bien-être de l’environnement et de la santé il faut tout de suite une infrastructure concurrentielle, efficace et moderne au niveau européen, capable d’enlever les camions des routes. Même si cette infrastructure seule ne suffit pas.
C’est à dire ?
À côté de cette œuvre il faut mettre en place une taxe pour les moyens de transport lourds, qui les décourage à utiliser les routes, et une politique UE de réglementation (comme le blocage de nuit introduit par l’Autriche).
Jusque là les avantages. Et l’amiante et les blessures environnementales ?
Nous avons aussi l’amiante. Mais aujourd’hui, cela n’est pas un problème, on peut le traiter en sécurité comme cela a été le cas au Gothard.
Il y a aussi le problème des nappes d’eau. On parle déjà de problèmes d’eau en Maurienne.
Il s’agit de petits problèmes, dépassés. Ce qui compte c’est de se battre pour bien faire les choses. Une chose c’est d’être exigeants et une autre c’est de dire non a priori à une œuvre importante comme la Turin-Lyon.
Nous vous passons ce communiqué car il a au moins l’utilité de montrer qui nous intoxique.
Pour avoir un tel discours, il semble évident que pour les Verts Rhône-Alpes, leurs strapontins leur rapportent beaucoup !
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