Un entretien avec le collectif de sous-surveillance.net non publié par La Tribune de Lyon

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Quelques questions et réponses qui auraient dû paraître sur un site d’informations… mais uniquement avec la photo des personnes à l’origine du site. Un nouvel épisode bien révélateur du fonctionnement de la presse locale.

Mardi 17 juillet, le collectif d’animation de Rebellyon reçoit un mail d’une journaliste de La Tribune de Lyon demandant un entretien au sujet du lancement du site http://lyon.sous-surveillance.net. Des personnes impliquées dans ce site sur la vidéo-surveillance répondent favorablement, en se disant que ça permettra de poser des choses plus intéressantes que les brèves parues dans Lyon Mag ou Lyon Capitale [1].

La journaliste demande une photo des personnes qui répondent à l’entretien, elles lui répondent qu’elles peuvent lui passer une photo où elles sont masquées, mais que pour différentes raisons elles ne souhaitent pas montrer leur visage… Et elles proposent de plutôt mettre en illustration des captures du site, quand même plus intéressantes pour leurs lecteurs et lectrices. Les réponses à ses questions sont rapidement rédigées sur un pad, relues collectivement, etc. Bref, ça prend un peu de temps et d’énergie au milieu d’un lancement du site qui a suscité beaucoup d’intérêt.

Quelques jours plus tard, alors qu’on s’étonne que l’entretien ne soit toujours pas paru, la journaliste nous répond que sans photos de nous, alors l’entretien ne peut paraître… Voici donc l’entretien, avec les questions de la journaliste et les réponses du collectif à l’origine de ce site de cartographie de la vidéo-surveillance.

Notons quand même que si l’information du lancement du site a été relayée par la quasi-totalité de la presse locale, La Tribune de Lyon est le seul média lyonnais à avoir contacté l’équipe du site pour avoir plus d’informations [2]. Au final, ça nous fait un bout de FAQ, que voici !

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Exclusif, une photo retrouvée par des collaborateurs de Rebellyon des membres de sous-surveillance.net


-  Pourquoi avoir créé ce site ? Est-ce pour dénoncer le fait que nous sommes surveillés constamment ?
C’est un projet qui a été lancé suite à un appel sur Rebellyon, en septembre dernier : à l’époque, la ville de Lyon fêtait les 10 ans de la vidéo-surveillance municipale. Le but de ce site est de mettre en valeur l’importance du déploiement de la vidéo-surveillance dans nos rues, le plus souvent en dehors de tout débat, qu’elle soit publique ou privée. Si nous pouvons faire en sorte qu’un maximum de personnes prenne conscience de cette surveillance omniprésente, refuse l’idée d’être potentiellement scrutées, suspectées, dès qu’elles sortent dehors, alors nous aurons réussi. Le site est également conçu pour être un support aux différents groupes, collectifs ou partis qui luttent contre ces installations.

-  A-t-il été créé par Rebellyon ?
Dès l’appel, des membres du collectif d’animation de Rebellyon ont été rejointes par d’autres personnes. Rebellyon, en tant que site participatif, est à géométrie variable, et des projets peuvent être lancés sur différents sujets avec d’autres personnes qui se reconnaissent dans les idées et les initiatives anti-autoritaires. Aujourd’hui, Rebellyon continue à soutenir le projet, mais il est autonome : son code (ce qui permet de faire fonctionner le site) est libre et accessible, et le collectif qui s’occupe de lyon.sous-surveillance.net est ouvert à toutes les bonnes volontés.

-  Pourquoi avoir fait du site un site participatif ?
La surveillance concerne tout le monde : qu’on prenne le tram, qu’on se balade, qu’on se rende à notre boulot, ou même à la table de notre café préféré. Et on a toujours des raisons de ne pas avoir envie d’être surveillé : on devrait être au travail et on ne l’est pas, on se promène avec son amant-e, ou plus simplement on ne tolère pas que quelqu’un se cache pour nous regarder : imaginez un agent de sécurité caché à un coin de rue en train de vous mater, parce que votre tête ne lui revient pas, ou qu’il apprécie votre robe très courte, ce serait insupportable. Nous proposons aux gens qui n’acceptent pas d’être surveillés de devenir acteurs de cette dénonciation, en signalant les caméras qu’ils croisent. Mais le site est également participatif parce que la tâche est énorme : nous ne voulons pas nous arrêter aux seuls réseaux publics de vidéo-surveillance, mais également recenser toutes les caméras de la voie publique, parce qu’elles participent à la banalisation de ces dispositifs intrusifs qui se multiplient à toute vitesse.

-  Avez-vous une idée du nombre de caméras dans le Grand Lyon ?
D’après un article récent de Rue89Lyon, il y aurait déjà près de 1000 caméras de surveillance municipale dans l’agglomération. Caméras auxquelles il faut ajouter celles des transports en commun, des commerces, de certains bâtiments publics, de banques, etc. Nous n’avons pas de chiffre pour l’instant. A titre d’indication, la CNIL évoquait récemment le chiffre de 935 000 caméras installées en France, dont 70 000 sur la voie publique.

-  Comptez-vous étendre le projet à d’autres villes ?
Des collectifs et des personnes nous ont déjà contacté à ce sujet, et c’est notre principal axe de travail en ce moment : un nom de domaine générique, sous-surveillance.net, a justement été réservé pour permettre le déploiement de sites similaires dans d’autres endroits. Depuis quelques années, la question de la vidéo-surveillance n’est plus un enjeu de débat, nous souhaitons que d’autres villes, en s’emparant de cet outil, puissent le relancer. Nous nous occuperons de notre côté de l’ensemble des caméras de l’agglomération, et nous appelons tous les habitant-e-s du Grand Lyon à participer à cette cartographie.

Notes

[1Sans lien vers l’annonce publiée sur Rebellyon, et avec la mention dans les deux brèves d’un très ironique consegude.sous-surveillance.net issu de l’article de lancement - elle a été enlevée depuis sur Lyon Cap’.

[2À lire aussi un entretien publié sur le site de Reflets.info.

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