* Il s’agit d’une remarque assez générale sur les relations entre savoir et pouvoir et il y fait une remarque à propos des revendications étudiantes de l’époque, ici contre la toute-puissance du « mandarin », qui possède des pouvoirs très étendus sur la scolarité des étudiants Je ne suis pas un spécialiste de l’époque et je ne peux en dire plus... Voici donc cet extrait :
« [...] J’ai l’impression qu’il existe, j’ai essayé de faire apparaitre, une perpétuelle articulation du pouvoir sur le savoir et du savoir sur le pouvoir. Il ne faut pas se contenter de dire que le pouvoir a besoin de telle ou telle découverte, de telle ou telle forme de savoir, mais qu’exercer le pouvoir crée des objets de savoir, les fait émerger, accumule des informations, les utilise.
On ne peut rien comprendre au savoir économique si l’on ne sait pas comment s’exerçait, dans sa quotidienneté, le pouvoir, et le pouvoir économique. L’exercice du pouvoir crée perpétuellement des objets de savoir et inversement, le savoir entraîne des effets de pouvoir. Le mandarinat universitaire n’est que la forme la plus visible, la plus sclérosée, et la moins dangereuse, de cette évidence.
Il faut être bien naïf pour s’imaginer que c’est dans le mandarin universitaire que culminent les effets de pouvoir liés au savoir. Ils sont, ailleurs, autrement plus diffus, ancrés, dangereux que dans le personnage du vieux prof.
L’humanisme moderne se trompe donc en établissant ce partage entre savoir et pouvoir. Ils sont intégrés, et il ne s’agit pas de rêver d’un moment où le savoir ne dépendrait plus du pouvoir, ce qui est une manière de reconduire sous forme utopique le même humanisme. Il n’est pas possible que le pouvoir s’exerce sans savoir, il n’est pas possible que le savoir n’engendre pas de pouvoir. « Libérons la recherche scientifique des exigences du capitalisme monopolistique » : c’est peut-être un excellent slogan, mais ça ne sera jamais qu’un slogan. »
* Je vois ici une très forte analogie avec la situation actuelle, où l’on peut remplacer le mandarin par le président de l’université, en rognant un peu sur le savoir académique du professeur pour en faire un savoir institutionnel et statistique de l’université et de son environnement.
Les pouvoirs dont il hérite du pouvoir étatique sont aujourd’hui combattus comme le furent les pouvoirs acquis, protégés et conservés du mandarin. Aujourd’hui les pouvoirs du président impliquent l’ensemble de la faculté qu’il chapeaute, seulement l’auteur nous dit qu’« Il n’est pas possible que le pouvoir s’exerce sans savoir, il n’est pas possible que le savoir n’engendre pas de pouvoir. ». Ce qui n’est pas un problème, il nous suffit donc, comme beaucoup d’entre nous le veulent, de construire un autre lieu de pouvoir que celui du monde capitaliste (« monopolistique » ou même d’apparence concurrentielle), de créer une articulation entre savoir et pouvoir dans un lieu autre que celui déterminé par l’université et son intégration au service de l’entreprise.
Si nous voulons un savoir et un pouvoir qui ne sont pas organisés pour un système que nous refusons, il est nécessaire de produire un savoir et de se constituer des pouvoirs pour contrer et restreindre, mais il faut surtout travailler à sortir de ces modèles et ces cadres établis par les pouvoirs au service du développement économique, financier, industriel, commercial, monétariste etc...
Il faut développer nos savoirs ET nos pouvoirs !
* Voilà pourquoi je vous propose de commencer par remettre en cause leurs critères :
d’acceptabilité : le vol c’est mal, faire de la connaissance un outil pour accéder au maximum de fric c’est bien ; la démocratie n’existe que pour les élections officielles et si par hasard elle pouvait exister en dehors de ces échéances, elle ne concernerait que les étudiants de Lyon2 avec une carte cumul ou un certificat d’incription ;
sociaux : le campus est un endroit réservé aux étudiants-ayant-droit, la société civile n’a rien à y faire, sauf pour entretenir le matériel et la force armée n’est utilisable qu’au service de la présidence, dès qu’elle la demande ;
matériels : les murs sont blancs ou unis, sinon l’université (la ville) est dégradée, ceux qui se forment ne méritent pas de rémunération (monétaire ou en natures) mais une simple aumône de subsistance, tout comme les retraités ;
d’utilité : la formation universitaire et plus généralement l’éducation, doivent être utiles à l’individu pour s’intégrer à la société, et ainsi elles doivent être en priorité utiles à l’employeur puisque le travail est la condition de l’intégration ;
de validation : la "réussite" en licence est importante ;
d’évaluation : oh ! oui le stage et les travaux gratuits en association sont une bonne chose pour gagner des points capitalisables de connaissance institutionnalisée...mais pas pour gagner une rémunération palpable, utilisable dans le monde réel.
* Mais le sujet ici est le retrait du monde universitaire par rapport à la vie et à la société dans son fonctionnement : la rapprocher de l’entreprise ne fera que la rapprocher du monde marchand et de ses représentations, ses pratiques etc. L’université peut se rapprocher de la société sans se rapprocher de la marchandise et avancer ses savoirs et ses pouvoirs pour aller où nous voulons.
Encore faut-il être un minimum organisés et visibles, ce qui je crois, me semble en démarrage...mais je ne suis pas parmi vous à Lyon 2 et me contente de tchatcher de loin derrière mon ordi, tenu au courant par médias interposés, utilisant cet outil énorme qu’est Rebellyon (lui aussi élément de pouvoir en même tant que relais de savoir).
Je n’ai parlé ici que d’université et en plus de manière très expéditive alors qu’il y a tant à faire et à comprendre pour grandir nos pouvoirs. Le but était surtout de mettre en valeur ce petit texte et surtout sa dernière phrase pour continuer le travail de remise en question du rôle des savoirs et des pouvoirs et de leur utilisation, bien entamé il me semble par les analyses, les liens, les blocages et ouvertures de toutes sortes.
Jean V.
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