Mise à jour vendredi 18/02 : Un appel à manifester est lancé par plusieurs organisation pour soutenir la lutte en Algérie, Samedi 19/02 à 10h au métro brotteaux.
Au-delà de l’Afrique, le dictateur yéménite prétend renoncer au pouvoir à vie pour éviter la contagion et l’Arabie Saoudite est enfin touchée par la grogne...
Qui sème la misère...
Au juste combat pour les droits individuels bafoués par les dictatures, il faut aussi ajouter une dimension de classes à ces révoltes. La question du chômage est omniprésente, la grève massive et illimitée est un élément majeur du rapport de force, en Tunisie des salarié-es ont expulsé leur patron des entreprises...La marche prévue à Alger le 12 février s’inscrit dans le même cadre et il n’est pas surprenant de voir que c’est depuis les quartiers les plus défavorisés des grandes villes qu’est parti le mouvement.
Cette révolte sociale a pris de court le microcosme politico-médiatique. Elle n’est pourtant pas surprenante dans un tel contexte de pauvreté, de chômage, d’accaparement des richesses... Les plans d’austérité actuels, là-bas comme en Europe, ont mis le feu aux poudres.
Qui plus est, bien avant les sinistres événements de Sidi Bouzid en Tunisie où un chômeur s’est immolé, dès 2008, c’est toute la région minière de Gafsa qui s’est embrasée pendant plus de six mois malgré la répression. A cette occasion, la direction du syndicat UGTT, plutôt proche du pouvoir, est débordée. Depuis, dans tout le pays, de nombreuses sections combatives de l’UGTT ont joué un rôle majeur dans la révolte. Des situations équivalentes existent dans les pays voisins (mouvement des Aarouch de 2001 qui, parti de Kabylie, a touché toute l’Algérie où se développe un syndicalisme alternatif (appelé autonome) combatif...)
Dictateurs assassins, bourgeoisies occidentales complices
Au-delà du risible copinage entre Alliot-Marie et des membres du clan Ben Ali-Trabelsi ou des vacances de Fillon aux frais des contribuables égyptien-nes, tous ces dictateurs ont bénéficié d’un réel et officiel soutien de l’Occident qui a ainsi largement équipé et formé leurs flics et leur armée et ce, bien avant que MAM ne propose courtoisement l’aide de la police française au sinistre Ben Ali. Rappelons aussi l’épisode des caisses, bloquées en janvier à Roissy, de grenades lacrymo « démocratiques » fabriquées par une entreprise française (Alsetex) pour le compte de l’État tunisien.
La lutte, pourtant ambiguë, contre le « danger islamiste » a été l’argument massue de ce soutien d’autant qu’il est doublé d’un profond mépris colonialiste (c’est le trop classique : « les peuples d’Afrique ne sont pas encore mûrs pour la démocratie »). On nous ressort d’ailleurs cet épouvantail islamiste pour justifier par avance les futures crapuleries.
Ces régimes ont aussi collaboré avec l’Europe forteresse dans son externalisation des politiques migratoires (camps de rétention pour les migrant-es en transit, patrouilles policières conjointes, immigration rendue « illégale »). Enfin, les États policiers ont été du pain béni pour les bourgeoisies occidentales car ils ont maintenu au plus bas les conditions de travail afin d’augmenter les profits des investisseurs étrangers.
Quel avenir pour les luttes en cours ?
Pour l’instant, seules la Tunisie et l’Egypte se sont libérées de leur dictateur. Mais la partie n’est pas encore gagnée, d’autant que la seule perspective en vue est la tenue d’élections pouvant se résumer à un jeu des chaises musicales voire un putsch de palais en Egypte.
Le risque de reprise répressive n’est pas à écarter et nul doute que nos démocraties occidentales ressortiront la menace islamiste pour condamner mollement cette violence d’État et reprendre rapidement leurs anciennes relations. Elles sont cependant prêtes à collaborer avec de nouvelles démocraties de façade, tant que les intérêts de leur bourgeoisie sont préservés.
L’arrivée des fondamentalistes au pouvoir est peu probable tant ils ont été en marge des révoltes sociales. Elle ne peut être envisagée que comme une roue de secours pour les bourgeoisies arabes et occidentales qui préféreront toujours (comme en Iran) les barbus à une révolution sociale.
Pourtant le mouvement social a déjà posé des bases solides qui sont des plus encourageantes. On note aussi que les femmes sont aux premiers postes et impulsent une réelle dynamique pour en finir avec les inégalités de genre (revendication d’une égalité économique et sociale avec leurs compagnons de lutte...)
D’ici ou d’ailleurs, dehors les exploitueurs/euses !
Quoique l’ampleur de la mobilisation et la dureté de la répression ne soient pas comparables, le combat actuel mené dans le « »Monde Arabe« » a bien des similarités avec les mouvements européens menés contre les plans de rigueur (Grèce, Espagne, retraites en France...) Ce n’est donc pas seulement par humanisme que nous devons organiser le soutien aux révoltes mais bien par solidarité de classe. Tout acquis social là-bas sera bénéfique ici et réciproquement du moment que nous dépassons les logiques nationalistes.
Alors, à l’exemple des peuples de Tunisie, d’Égypte, d’Algérie, du Yémen, du Maroc, de Lybie, de Jordanie, reprenons l’offensive ici ! Et à toutes les ordures qui nous oppriment disons : DEGAGE !
Texte extrait de l’Égalité Économique & Sociale, feuille de la CGA-Lyon
Coordination des Groupes Anarchistes
La plume noire, 8 rue Diderot, 69001 Lyon
Permanences tous les samedi 15h-19h
Émission Idées Noires, tous les mercredis 20h-21h sur le 102.2 Mhz de Radio Canut
groupe-lyon [at] c-g-a.org
Vous pouvez recevoir les informations de la CGA-Lyon en vous inscrivant sur notre liste de diffusion
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info