Lundi 9 mars 2009 : Valérie Pécresse et BIOVISION ne sont pas les bienvenus à Lyon.
La ministre, qui refuse depuis plusieurs semaines le dialogue avec les enseignants-chercheurs et les étudiants vient prêter une oreille bienveillante au discours du lobby des biotechnologies.
Cette visite est symbolique de la vision du gouvernement en matière de recherche.
Cette dévotion aux industriels des biotechnologies et de l’agro-chimie éclaire aussi les orientations de ce gouvernement dans la gestion de problématiques agricoles et de santé publique.
BIOVISION, qui se prétend un « forum » et un lieu de débat, est en fait une vaste opération de communication visant à la promotion des biotechnologies organisée par les principaux acteurs du secteur.
Adossé à cette « vitrine éthique » la convention d’affaires BIOSQUARE permet aux industriels, aux chercheurs et aux financeurs de se rencontrer et de signer des contrats.
Ces rencontres permettent aux divers lobbys participants, industrie pharmaceutique, agrochimie et agroalimentaire notamment, de promouvoir auprès des décideurs, des scientifiques et de la société civile une science au service de leur seuls intérêts financiers.
Pesticide et OGM ne sont que deux exemples de cette techno-science réduite à une recherche appliquée ayant pour seul but un profit à court terme.
Cette stratégie de communication semble efficace puisque depuis sa création, BIOVISION est majoritairement financé grâce à des fond publics et que les biotechnologies sont soutenues à bout de bras par les politiques publiques, plus particulièrement à Lyon.
La bienveillance manifestée envers une recherche soumise aux intérêts mercantiles de quelques multinationales contraste violemment avec le mépris affiché envers les enseignants-chercheurs et les étudiants mobilisés depuis plusieurs semaines.
C’est pourquoi nous nous rassemblons ce jour pour manifester notre refus de cette politique et de ce mépris.
Nous nous battrons pour conserver une recherche libre, indépendante et une université de qualité, gratuite et ouverte à tous.
Nous nous battrons pour un futur sans OGM, sans pesticides, sans agro-carburant mais pour un accès à la sécurité alimentaire et la santé pour tous.
Loin de tout débat, la seule réponse apportée à nos prises de positions est une présence policière massive et un refus de toutes remises en cause.
Quelle ironie que BIOVISON prétende être un lieu de débat avec la société civile :
Nous sommes là, nous manifestons et ils refusent d’écouter...
Récit de la manifestation du lundi 09 mars contre BIOVISION et la venue de Valérie Pécresse à Lyon :
Vers 15h15, une petite centaine de manifestant-e-s est rassemblée derrière l’entrée principale du parc de la Tête d’Or. Un autre groupe (à peu près autant de monde) s’est déjà déplacé en direction de la Cité Internationale.
On commence à y aller, en cortège bien sympathique depuis l’arrivée sonore de la Batucada Militante (Sambactiviste). On sort du parc et on se dirige vers la Cité Internationale via les voies de bus. Jusque là : un flic municipal en uniforme et un flic-médiateur en civil (sans compter notre habituel Roger)
On longe tranquillement la Cité Internationale, sur son côté. On croise le premier groupe (qui reflue vers nous à la vue des premiers CRS) qui nous rejoint. On voit au loin de nombreux véhicules de police nationale.
Le cortège de la manifestation (forte alors d’environ 200 participant-e-s) s’engouffre dans la Cité Internationale, et sort d’elle par son "côté fleuve". Une ligne de CRS. Un gros groupe de manifestant-e-s s’agrippe les un-e-s aux autres et s’avancent en direction des CRS. Le choc, inévitable, est rude. Les condés bloquent et tentent de repousser avec leurs boucliers, puis gazent. Le groupe fait demi-tour. Les fioles de sérum physiologique et les bouteilles d’eau passent de main en main. Les gens se masquent (affluence de policiers en civil).
Le cortège prend alors la direction de la route, pour bloquer ses flux, mais celui-ci stagne sur la nationale, et rapidement - et malgré un début de mouvement en direction des Terreaux - une ligne de policiers des BAC (avec brassards - ! - et casques) se forme derrière nous. C’est alors que le cortège reprend la direction de la Cité Internationale, la re-traverse, et reprend la route du parc (voies de bus). Des grilles de chantier, d’abord utilisée pour barricader la route, servent ensuite de barrières-boucliers servant à protéger le cortège d’une éventuelle charge des BAC (qui nous suivent toujours, et de plus en plus près).
Le cortège pénètre alors dans le parc. On referme le portail. Les BAC rouvrent, laissent entrer "Roger le RG" (sensiblement plus connu du milieu contestataire sous le nom de "Noeud Pap") puis referment le portail.
On reste regroupé-e-s pendant une vingtaine de minutes, face à la flicaille (qui refuse d’entrer dans la parc) mais séparé-e-s d’eux par la grille. Première puis seconde tentative de départ en manif sauvage dans le parc : ratées. "Roger le RG", toujours là, commence à se faire embrouiller, puis s’en va sous les insultes. Les flics partent. L’occasion est trop belle : on ressort du parc par la porte même par où nous sommes rentré-e-s et on re-manifeste le long de la Cité Internationale... jusqu’à arriver au lieu même du forum BIOVISION ! La police, invisible jusque là, se fait remarquer sous la forme de nombreux CRS (coucou !) dans un des recoins de la Cité, en formation de blocage. La "sécu" (une demi-douzaine d’agents de sécurité) bloque physiquement les deux escaliers-accès qui mènent au sous-sol où se passe le forum (les escaliers sont en extérieur), dont on peut apercevoir le buffet au travers des vitres. On s’approche doucement des barrières pour se faire voir et entendre des participant-e-s du forum.
On stagne. Un mec propose l’envoi d’un délégation qui serait reçue par Pécresse ou quelque autre responsable du forum - proposition refusée en masse par les personnes présentes. Un photographe vient nous avertir qu’il a entendu les CRS parler d’encercler la manifestation dans les plus brefs délais. Le croyant sur parole, et voyant de toute façon qu’à part forcer le barrage, briser les vitres, voler la bouffe et se faire arrêter, aucune autre perspective ne s’offrait à nous, on décide de faire marche-arrière et de repartir vers le parc. Ce que nous faisons, avant de voir débouler devant et derrière nous CRS et BAC en tenue "robocop" (le photographe disait donc vrai !!!).
On longe le parc, sur la route, très attentif-ve-s aux mouvements policiers (les BAC sont alors sur notre droite et les CRS derrière nous). Les BAC s’activent et bloquent la route devant nous et sur notre côté, voulant nous obliger à emprunter l’entrée du parc, juste à côté d’eux. Quelques personnes commencent à entrer dans le parc, mais la majorité du cortège se masse contre les lignes de policiers armés aux cris de "On prend la route !" ou "On va tout droit !". Le cordon se resserre alors, et la centaine de manifestant-e-s restante se retrouve compressée entre les flics et les grilles, et pour les plus chanceu-se-x, vers les escaliers qui mènent au parc, après la porte. Les coups de tonfa commencent à pleuvoir. Les cris aussi... Puis les flash-balls, souvent à bout portant. Le cortège commence à courir et à se disperser, dans le parc et surtout dans la confusion, mais se rassemble rapidement à une cinquantaine de mètres des escaliers de l’entrée. On entend les derniers coups de flash-balls, les derniers cris, puis on voit arriver les dernières personnes vers nous.
On essaie de faire le bilan, mettre temporairement la rage - ou la douleur - de côté pour penser prioritairement aux arrêté-e-s. Au bout de quelques minutes, on compte entre 2 (pour sûr) et 6 (presque sûr) arrestations lors de la bousculade. Beaucoup de personnes frappées. Une jeune fille saigne du crâne... Un homme s’effondre à terre, rapidement secouru par ses ami-e-s. On appelle les pompiers, commence à discuter d’où se rassembler pour organiser la solidarité, stagne. "Roger le RG" se fait embrouiller une dernière fois, et on lui fait comprendre qu’ils risque de lui arriver des bricoles si on le revoit à un rassemblement ou à une manifestations et que les flics regardent ailleurs (en effet, il a été vu par plusieurs personnes en train de balancer des pierres... sur les manifestant-e-s, lors de la bousculade, après avoir été approuvé par un flic !). Il s’éloigne.
Le camion de pompiers arrive lorsqu’on apprend qu’au moins une personne a été arrêtée ou simplement contrôlée (les infos qui circulaient étaient vagues) à la sortie du parc, cinq cents mètres plus loin. Après le départ des pompiers, on s’y dirige en cortège. Arrivé-e-s là-bas : pas un flic (si ce ne sont les deux flics-médiateurs, DDSP ou RG qui rôdent pas loin).
On est encore une petite centaine à l’extérieur du parc, certain-e-s proposent de se rendre à Lyon-I pour organiser la solidarité avec les arrêté-e-s et en profiter pour aider les enseignant-e-s de l’université sur le blocage, tandis que d’autres proposent de se rassembler devant le commissariat où seraient gardé-e-s à vue les ami-e-s...
Je suis parti à ce moment là. J’ignore ce qu’il s’est passé ensuite, sinon qu’un rassemblement a lieu en ce moment même (depuis 19h00) devant le commissariat de la place Bahadourian (derrière celle de la Guillotière).
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info