Pour cela, un travail en amont est nécessaire, un bon coup de pression policière en continue, incorporez-y un peu de lacrymo, d’insultes et de provocations, laisser décanter le tout pendant 2 mois environ. Et formidable, il n’y a plus qu’à rentrer par un beau matin aux alentours de 8h30. Si vous parvenez de surcroît à débarquer alors que les quelques irréductibles continuant à résider sur place se sont absentés, pour passer leur examen du permis de conduire par exemple, alors vous aurez réussi une expulsion parfaite...
Vous pourrez alors vous introduire dans l’intimité d’un lieu de vie, appauvri par l’incertitude d’un statut expulsable. Il restera cependant toujours quelques meubles à casser, fouiller, déplacer (?!). Ainsi les représentants de la force de l’ordre pourront légitimement passer leurs nerfs, élément non négligeable, l’absence de résistance pouvant engendrer chez ces derniers certaines frustrations. Une fois défoulés, ils auront alors la possibilité de se congratuler pour avoir si bien mené cette expulsion. Ils pourront aussi se la jouer grand prince auprès des habitants lorsqu’ils seront arrivés : « ok vous pouvez récupérer vos affaires, mais une personne seulement peut rentrer ». Reste, dans un registre type assistante sociale, la possibilité de leur offrir bonne conscience et sommeil du juste : « C’est dur, je sais (sic), mais vous n’avez pas de la famille chez qui aller/ vous savez qu’il existe des foyers ? ».
Car, en effet, par une force mystérieuse, (nous écarterons volontairement la possibilité d’un réseau organisé), les concernés se voient vite prévenus, par une copine passant par là par exemple, et en l’espace de quelques minutes, on voit se former un attroupement d’une vingtaine de personnes devant le nouveau chantier. Si ça les amuse de venir constater les travaux, ça aura au moins l’avantage de les faire se lever tôt. Les policiers ne manqueront pas un de leur rappeler que « tant que ça se passe dans le calme, ça ira... ».
Ne pas perdre de vue certains inconvénients suceptibles de venir retarder cette belle organisation. Par exemple, l’éventuelle confrontation avec les deux chiens restés dans l’habitation. Mais pas d’inquiétudes, vite et bien maîtrisée, ce contre-temps se verra résolu par un seul coup de fil à la fourrière qui se fera un plaisir de les garder, les répertorier, les tatouer, et autres réjouissantes procédures dont rafolent les employés de ce genre d’entreprise. Ne vous embarrasser pas des récriminations potentielles, du type : personnes se présentant 2 minutes après que le camion soit parti, rassurez-vous, ce n’est plus de votre ressort. Même logique à appliquer pour les histoires abracadabrantes telles que, l’un des maîtres est actuellement au Maroc, pas de carte de tatouage pour pouvoir les récupérer, le prix exorbitant des jours de gardiennage, sans compter les frais de transport...
Ne pas se charger de mauvaise conscience superflue. Au contraire, inviter au spectacle les propriétaires du lieu ; en l’occurence les employés de la Courly paraissaient ravis de cette petite action si rondement menée. Rassurer les en rajoutant là-dessus les ouvriers de l’entreprise de gardiennage qui poseront de rassurantes portes Sitex et des grilles à toutes les fenêtres. Laisser quelques employés Securitas devant la porte le premier jour. Raffinement ultime : l’équipe de peintres qui vous rendront en une-demi-journée une façade propre et lisse.
Et si les ouvriers laissent à nouveau les habitants rentrer le jour suivant, ne vous inquiétez en aucun cas, il y aura assez de portes anti-squat (une par appartement), pour être sur qu’ils ne reviendront pas s’installer. Du coup, pas besoin non plus de bloquer l’accès par les toits. Et s’ils veulent récupérer la vaisselle, les meubles, et les verrous, laissez les ouvriers gérer cela, vous avez déjà réussi votre pari : expulser en 20 minutes un lieu qui avait été actif pendant 7 mois et qui restera vide pendant 4 ans...
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info