14h00 : La plupart des « Gilets Jaunes » se sont regroupés sur la place Bellecour à 14h00 ce samedi 28 décembre en vue de manifester. Contrairement à la semaine dernière, la tête de la manifestation a été rapidement prise par des groupes proches de l’extrême droite. Drapeaux tricolores, énorme banderole réclamant le « Référendum d’Initiave Citoyenne », militants politiques de groupes fascistes lyonnais clairement reconnus, il est clair que l’extrême droite lyonnaise a profité des vacances pour remobiliser ses militants. Même si ces « manifestants » ne sont que quelques dizaines, ils prennent la tête de la manif qui regroupe plus d’un millier de personnes.
L’ambiance est un peu malaisante, il ne faut pas oublier qu’il n’y a que deux semaines, durant la manifestation des Gilets Jaunes, certains militants d’extrême droite avaient profité de la manif pour attaquer physiquement des personnes aux abords du cortège. Si tous les Gilets Jaunes ne sont pas des fascistes, il faut avouer que ce samedi, la présence de l’extrême droite était réelle.
La manifestation prend la direction de l’autoroute sur les bords du Rhône et la bloque rapidement. La manifestation se divise alors en deux, la tête de manif prend alors la direction de la gare de Perrache ou elle sera accueillie par les Gendarmes Mobiles décidés à empêcher tout blocage de la gare. Le reste de la manif décidera de suivre l’autoroute jusqu’à la confluence.
15h30 : Les deux groupes finissent par se rejoindre devant la Confluence qui ferme immédiatement ces portes. Comme la semaine dernière, le moindre groupe de « Gilets Jaunes » entraine la fermeture immédiate du centre commercial.
16h00 : La manif remonte le cours Charlemagne, les GM commencent à se positionner en vue de bloquer la manifestation. Après un petit détour, les flics gazent pour empêcher toute invasion de la gare. La manif se scinde encore en plusieurs groupes.
16h15 : Un groupe, d’une grosse centaine de personnes, remonte vers Bellecour en rebloquant l’autoroute dans les deux sens. Les flics, au lieu de canaliser la manif, ne font que la scinder en petits groupes qui bloquent tout et n’importe quoi sur sa route. Au final les flics provoquent plus de zbeul qu’autre chose.
16h30 : Les différents groupes se retrouvent à Bellecour et sont rejoints par de nouveaux manifestants. Les GM sont tout autour de la place et empêchent tout mouvement de foule. Le dispositif policier est clairement plus important que la semaine dernière. Le mot d’ordre passe de se disperser en petits groupes pour se retrouver à 17h00 sur la place des Terreaux.
16h45 : Rapidement, ça commence à gueuler rue de la République. Il devient presque impossible de savoir qui manifeste et qui fait ses courses. Les flics commencent à clairement perdre pied et comme la semaine dernière ils tirent un peu dans tous les sens des lacrymos histoire de disperser les groupes. Mais trop mobile, avec de moins en moins de Gilets Jaunes, et avec une population de plus en plus hétérogène, la manif, si on peut encore l’appeler ainsi, est impossible à gérer pour les flics.
Au final deux cortèges se reforment sur la place des Terreaux et sur la place de l’Opéra. Les GM s’installent pour empêcher les cortèges de se rejoindre et quadrillent les rues alentours. Mais cela n’empêche pas le cortège de Terreaux de repartir en manif sauvage en direction de Bellecour ... avant d’aller dans le Vieux-Lyon.
18h00 : Au final les derniers irréductibles se regrouperont à Bellecour, forçant les flics à stationner sur la place. Les flics profiteront, par contre, de leur surnombre pour faire la chasse à quelques groupes de jeunes, tirant grenades et flashballs, faisant quelques blessés légers.
Au final cette manifestation laisse un goût amer. La forte présence de l’extrême droite et son acceptation par la plupart des Gilets Jaunes nous rappelle que ce mouvement est tellement disparate que s’il n’y a pas une volonté pour les groupes et mouvements de gauche de participer aux manifs, l’extrême droite a le champ libre pour s’y installer, pour y représenter ces idées et pour y imposer ses codes et ses volontés d’action. Car clairement, au début de la manif, la première scission en deux cortèges a été provoquée par la tête de la manif qui souhaitait aller à Perrache alors que beaucoup de Gilets Jaunes souhaitaient rester dans un mode assez classique, pour ce mouvement, de blocage des routes et autoroutes. D’autre part, que la manif finisse par un tour dans le Vieux-Lyon, quartier avec une forte présence de l’extrême droite, n’est pas non plus anodin.
Les flics rajoutent une couche à ce malaise en ciblant prioritairement les jeunes, surtout quand ils sont immigrés ou issu d’une immigration non-européenne, durant leurs contrôles et leurs chasses de fin de soirée. Histoire de pouvoir donner du grain à moudre aux médias mainstream qui, comme à leur habitude, pourront parler de « casseurs de banlieue » qui profitent du mouvement, alimentant, de fait, une scission entre les différents groupes sociaux aujourd’hui en lutte contre le gouvernement (jeunes, étudiant.es, classe populaire rurale et péri-urbaine, cheminôt.es, classe populaire urbaine, etc...)
En espérant que la prochaine manif soit différente.
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