Aperçu des luttes actuelles en Grèce - Episode 4 - mai 2021

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Tous les mois nous comptons traduire et partager des articles publiés sur indymedia athens.
On choisira un article par lutte ou évènement, pour donner une vue générale du moment en Grèce.
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Articles tirés d’Indymedia Athènes :

Rassemblement en Solidarité avec le Théâtre Occupé Empros - Thessalonique

article sur la réoccupation du théatre embros à athenes

Article initial

19/05/2021

De : Squat Mundo Nuevo

SOLIDARITÉ AVEC LE THÉÂTRE OCCUPÉ "EMPROS"

Au matin du 19 mai 2021, les forces de police ont évacué le théâtre autogéré « Empros » occupé depuis dix ans. C’était un espace du mouvement, une structure de lutte qui a accueilli des centaines de représentation théâtrales - et pas seulement -, qui a abrité divers projets d’expressions libre autogérés et a été un centre culturel pour les habitants du quartier.

Après presqu’un an de quarantaine et de confinement total, avec un secteur de la santé publique démantelé, des taux de chômage en hausse et un salaire minimum même plus suffisant pour se nourrir, il est plus qu’évident que pour les administrateurs de l’autorité de l’État, le retour à la normale passe par la continuation des attaques contre la base sociale et l’évacuation des structures de lutte occupées du mouvement anarchiste. Contrairement à la gestion de la communication choisie par le ministre de la Protection civile à l’hiver 2019, lorsqu’il a lancé un ultimatum aux squats anarchistes, menaçant d’évacuations à l’échelle nationale, l’État s’est désormais tourné vers une gestion plus clandestine, des évacuations en douce.

Nous traversons une période où les vagues de la pandémie sont imputées exclusivement aux politiques criminelles du gouvernement qui ne se soucie pas le moins du monde, comme il le prétend hypocritement, de la vie des personnes en bas de l’échelle sociale, des travailleurs, des faibles, ou bien plutôt uniquement s’il s’agit d’assurer la prospérité de la production et du capital des élites. Parallèlement, la récession capitaliste s’enfonce, les indicateurs de chômage, de pauvreté et de misère ne vont qu’en augmentant, ils adoptent des projets de loi qui violent toutes sortes de droits et de dignité du travail, en même temps que presque chaque mois des travailleur·euses meurts dans diverses escroqueries modernes. Dans des conditions de désintégration totale de la base sociale, l’État concentre ses forces pour frapper les foyers de résistance sociale, ses structures et sa population. En même temps, il crée un réservoir de "personnes inutiles" qu’il empile dans des installations misérables ou qu’il jette à la rue, quand il ne les tue pas à la frontière et les noie en mer. Les immigré·es et les réfugié·es, les damné·es et les opprimé·es sont jeté·es en marge de la vie.

Les squats font partie de la lutte, le terrain sur lequel se préparent les plans de contre-attaque sociale et de classe et c’est pour cela qu’il faut les frapper, dans le cadre de la « contre-insurrection préventive » afin qu’ils [les squats] ne trouvent pas d’accès social et ne rentrent en osmose avec la colère des masses plébéiennes, surtout à une époque où les propositions de la lutte anarchiste sont les seules qui peuvent donner une réponse à la réalité barbare que nous vivons. Solidarité, auto-organisation et entraide. Ainsi, comme leurs actions répressives précédentes ont échoué, les actions actuelles échoueront également. La présence forte et constante de combattant·es anarchistes sur tous les fronts de lutte ; leur lien avec les luttes sociales ; la participation de jeunes, d’étudiant·es et d’élèves, de jeunes travailleur·euses, de personnes dignes dans d’innombrables initiatives de la lutte anarchiste et anti-étatique forment un sujet combatif qui revendique sans prier personne, qui attaque sans regret. Et en tant que relation, elle n’est pas supprimée. Le mouvement anarchiste est né au travers des relations d’entre-aide sociale mutuelle, développées et inspirées par l’arme de la solidarité - sans conditions ni termes - et cela reste son idéal et son orientation pour la société qu’il envisage.

Depuis le territoire occupé de Mundo Nuevo, nous déclarons :

CONTRE LA VIOLENCE D’ÉTAT ET LAPRESSION

PAS DE REDDITION PAS DE TRÊVE

PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE

RASSEMBLEMENT SOLIDAIRE AVEC LE THÉÂTRE OCCUPÉ EMPROS

MERCREDI 19/05 19:00 KAMARA

OCCUPATION MUNDO NUEVO


CONTRE LAFORME ANTI-OUVRIÈRE - PASSER DE LA REVENDICATION À PERSPECTIVEVOLUTIONNAIRE

article sur les nouvelles loi-travail

Article initial

de : Collectifs anarchistes, repaires, camarades

Ces dernières années, avec le déclenchement de la crise capitaliste structurelle, les différents administrateurs de l’État ont promulgué une série de lois afin d’étendre leur exploitation et leur oppression par le bas. La crise sanitaire mondiale qui a éclaté l’année dernière a créé un environnement privilégié de domination afin de lancer un assaut étatique et capitaliste en pleine croissance. Les interdictions de mouvements, des manifestations, des rassemblements et la répression généralisée ont été et continuent d’être des politiques centrales dans le monde.

Dans le domaine de l’enseignement, la loi Kerameos-Chrysochoidis est venue imposer la nouvelle normalité du contrôle et de la discipline mais aussi renforcer le rôle de l’université en tant qu’entreprise. La stérilisation et l’intensification dans les universités et les écoles est pour la domination un outil idéal pour façonner une main-d’œuvre future plus docile. Dans le domaine du travail, les « mesures sanitaires » étaient une occasion privilégiée d’approfondir l’exploitation. Ainsi, dès le premier instant, les mesures de "protection du travail" sont venues blesser les travailleurs et sauver les patrons. Des milliers de travailleurs ont été retrouvés essayant de survivre avec la prime de 534 euros. Alors que plus encore sont ceux qui ont été exclus de cette allocation, parce qu’ils travaillaient au noir. Dans le même temps, ils ont été contraints de continuer à travailler comme ouvriers, dans un régime semi-illégal, craignant d’être condamnés à une amende pour aller et revenir du travail. Dans le même temps, le télétravail a été introduit dans de nombreux secteurs et considérablement étendu à d’autres, avec des effets négatifs nombreux et profonds sur les conditions d’exploitation des salariés.

Dans cette nouvelle régulation et le contexte dystopique que nous vivons, vient le nouveau projet de loi Hatzidakis, qui vise à mettre fin aux revendications syndicales et à annuler le dernier acquis social. Plus précisément, la suppression des 8 heures de travail est un point clé de la nouvelle loi et vient légitimer le traité existant dans divers domaines du travail mais aussi pour l’étendre à d’autres. Les heures supplémentaires seront désormais non rémunérées et correspondront à des jours ou heures de repos, quand et si les patrons le permettent. Le travail de dix heures sera effectué par le biais de contrats individuels dans les entreprises où il n’y a pas de conventions collectives, ce qui, de part cette la loi, augmentera fortement. Dans le même temps, aucune disposition ne protège l’employé contre le licenciement et les heures supplémentaires non rémunérées allant à la poubelle. Un autre point du projet de loi est la poursuite de l’extension précédente du travail dominical dans le commerce de détail par l’ancien gouvernement de gauche, qui s’étend désormais à au moins 7 secteurs supplémentaires. L’intensification du travail et l’allongement du temps de travail, comme brièvement développé ci-dessus, est une condition qui conduira légalement à encore plus d’« accidents du travail » - les meurtres de travailleurs. Enfin, l’introduction du télétravail depuis un an devient permanente, instaurant un régime où le temps et l’espace personnels se transforment en temps de travail. De cette façon, les limites du temps libre et du temps de travail deviennent indiscernables avec diverses conséquences psychologiques, entre autres, pour les employés. Le travail à domicile empêche l’interaction avec les collègues, de sorte que toute collectivisation et réaction deviennent extrêmement difficiles. Dans le même temps, il y a une énorme exonération des dépenses des patrons, car les charges financières sont répercutées sur les employés (électricité, eau, matériel informatique, internet, nettoyage, etc.).

Dans le même temps, le projet de loi cherche à mettre un terme aux revendications des travailleurs et à étendre un régime dans lequel l’État et ses patrons attaqueront les travailleurs sans entrave. L’enregistrement obligatoire des syndicats et de leurs membres et la gestion de ces informations par l’État auront un effet dissuasif sur la syndicalisation, car ceux qui souhaitent une certaine forme de collectivisation seront ciblés. De multiples dispositions de la nouvelle loi viennent frapper spécifiquement la grève. Ceci arrive :

1) par le vote électronique dans les assemblées générales et l’exigence de 50% + 1 des membres pour que la grève soit légale (disposition votée par le gouvernement de syriza),

2) à travers l’institutionnalisation du personnel de sécurité dans 1/3 du nombre total d’employés dans les entreprises qu’ils appellent « d’utilité publique », conduisant au fonctionnement de l’entreprise le jour de la grève et la transformant ainsi en une action symbolique,

3) en criminalisant les gardiens de grève qui est un bouclier pour la grève et peut conduire à l’illégalité de la grève si les grévistes sont empêchés d’entrer dans l’entreprise ou même s’ils sont soumis à des violences psychologiques (!).

Enfin, les dispositions qui ouvrent la voie aux licenciements de syndicalistes montrent clairement le ciblage de l’action syndicale en général.

C’est donc le présent et l’avenir dont l’État et les patrons imposent pour nous et notre classe. Un avenir avec encore moins de temps et de libertés, avec encore plus de mort, d’exploitation et de soumission. Le projet de loi SW dans la régularité post-covid vient sceller la récession de la résistance sociale et de classe dans le pays ces dernières années. Reprendre les dernières conquêtes ouvrières du passé, mettre une pierre tombale dans chaque revendication et imposer un silence de cimetière sur le lieu de travail. La seule réponse à leurs plans ne peut être que la lutte de classe implacable et l’(auto)organisation des travailleurs/euses. Une lutte à plusieurs niveaux et avec un large éventail : de la collectivisation et l’organisation dans les syndicats de base, le travail politique quotidien sur le lieu de travail et le sabotage dans le processus productif, à la participation aux grèves et à leur surveillance, aux manifestations et aux conflits sur la route. Et quand on dit grèves, on n’entend pas le "feu d’artifice" de 24 heures de l’employeur à guichets fermés GSEE le jour de chaque vote, ni les chants dans les barrières du parti du PAME, mais les longues grèves et grèves sauvages, qui bloquent la production, entraînent des coûts matériels pour les patrons et sont disposés et prêts à affronter la répression. Alors seulement, la grève pourra redevenir un mot dangereux.

Et si une telle chose dans la condition dystopique d’aujourd’hui semble utopique, nous ne devons pas oublier que l’histoire regorge de tels exemples, pour enseigner et inspirer les luttes d’aujourd’hui. Du soulèvement de Chicago en 1886, où furent conquisees les 8 heures, jusqu’au mois de mai sanglant des grévistes du tabac à Thessalonique en ’36. Des affrontements massifs avec les forces répressives et les trottoirs démolis des années 60, aux grèves durables et aux premiers morts de l’après-régime. Des grévistes conflictuels des années 90 aux grandes manifestations et conflits des premières années du mémorandum, lorsque la social-démocratie SYRIZA a entrepris d’assimiler et de désintégrer les mouvements. L’histoire nous montre que rien ne nous a été donné et rien n’a été gagné avec une main tendue, mais tout a été conquis par des luttes dures, non pas légales ou illégales mais justes. Il en est de même des soulèvements partout dans le monde ces dernières années, en France, au Chili, en Colombie, en Chine, et ailleurs, où l’histoire s’écrit et où tout est possible.

Il ne faut pas oublier, bien sûr, que tant qu’il y aura des États et du capitalisme, tant qu’il y aura des exploiteurs et des exploités, le travail n’aura jamais un visage humain, mais il sera toujours le produit de l’exploitation et de la coercition ou de l’esclavage salarié. Ainsi, toute lutte pour stopper un projet de loi anti-ouvrier ou pour améliorer les conditions de travail ne sera jamais suffisante si elle ne vise pas la libération sociale/individuelle et l’abolition de l’Etat et du capitalisme. Refusons donc toute illusion démocratique et passons d’une perspective revendicative à une perspective révolutionnaire. Avancer et lutter pour la révolution sociale, pour un monde de liberté, d’égalité et de solidarité, basé sur le principe de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins.

CONTRE LES ESCLAVES DE L’ETAT ET SALARIÉS, TOUS / TOUS DANS LA RUE EN AVANT GRÈVES - CONFLITS - MANIFESTATIONSSISTANCE - AUTO-ORGANISATIONSOLIDARITÉ

Collectifs anarchistes, repaires, camarades


Battons nous pour nos soins, battons nous pour nos vies !

Article sur la campagne politique "Santé sans exclusions"

Article initial
20/05/2021
de : Sanitaire

La campagne politique « Santé sans exclusions » vise - en pleine crise sanitaire - à s’inscrire dans un mouvement plus large, qui s’oppose à la dévalorisation des services de santé fournis et à la dévalorisation de notre travail au sein des structures de santé.

Battons nous pour nos soins, battons nous pour nos vies !

Nous sommes des travailleurs au salaire minable, des chômeuses sans allocations, rendues folles par le confinement, des agents de santé au bord de l’effondrement, des patient·es noyé·es dans les salles d’attente des urgences et à la recherche d’un rendez-vous fixe - d’ici quelques mois -. Nous sommes exclues des chirurgies programmées, des rendez-vous et des services de santé de base. Cela est dû à la transformation du système de santé en un système de maladie, et des structures de santé primaire en centres de vaccination.

Nous ne nous connaissons pas tous·tes mais nous ne sommes pas pour autant des étrangers. Nous nous sommes rencontré·es dans le passé dans les quartiers et les lieux de travail, dans les luttes locales pour l’environnement, dans les mobilisations pour nos salaires, dans les mouvements contre l’oppression de genre, aux portes des hôpitaux pour un accès gratuit à la santé, sur les chemins qui remettent en cause de la politique dominante. Nous cherchons à partager nos expériences individuelles et collectives afin d’explorer ces points communs qui pourront produire des luttes capables de satisfaire nos besoins et nos désirs.

La campagne politique « Santé sans exclusions » vise - en pleine crise sanitaire - à s’inscrire dans un mouvement plus large, qui s’oppose à la dévalorisation des services de santé fournis et à la dévalorisation de notre travail au sein des structures de santé.

La gestion la pandémie sous le microscope

Quelque soit la position de laquelle nous vivons la pandémie et sa gestion, nous observons tous·tes le même fait objectif : l’État grec gère cette crise sanitaire - dans une large mesure - en termes d’ordre public. En d’autres termes, nous assistons à de plus en plus de restrictions, d’interdictions et de contrôles, d’amendes exterminatrices, de recrutement de policiers et de violences policières sans fin sur nos places et quartiers.

Bien sûr, il suffit de détourner notre attention des médias et de l’horreur qu’ils trafiquent (une horreur grassement payée avec l’argent de l’État) et de se concentrer sur notre expérience quotidienne, pour découvrir que tous ces flics et bannissement viennent et se parent de - entre autres - la nudité des soins de santé publics. Ainsi, des deniers publics sont investis dans une répression brutale qui toise de haut des soins secondaires agenouillés, i.e des hôpitaux, un système de santé publique effondré par le manque de personnel médical et infirmier, et une pénurie de matériel logistique. Le recrutement fictif qui n’était que reconduction des contractuel·les applaudit par l’État au beau milieu d’une pandémie n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. Si vous regardez à l’intérieur des hôpitaux publics, vous verrez que la charge de travail du personnel soignant est insupportable, la qualité de la relation soignant-patient finit par être insuffisante, et le temps de garde compte un médecin pour des dizaines de patients, maintenant constamment des chiffres terriblement disproportionnés entre personnel médical et usager·es de la santé. En fin de compte, les hôpitaux publics sont devenus presque exclusivement des centres de traitement des patient·es atteints de coronavirus, entraînant une dégradation extrême de tous les autres types de maladies et de cas, dont beaucoup sont particulièrement graves.

Bien sûr, les soins primaires connaissent un sort similaire, le To.M.Y.(clinique publique de quartiers) étant déjà sous-évalué et les Centres de Santé (avec un ou aucun médecin par spécialité) étant aujourd’hui dévalorisés encore plus profondément par leur transformation en centres de vaccination. C’est-à-dire qu’à un moment où les soins primaires publics pourraient jouer un rôle clé dans la gestion de la crise sanitaire et des soins de la population au sens large, ils suspendent en fait toutes les fonctions autres que les vaccinations. En général, en observant l’état des soins publics dans son ensemble, avant et pendant la pandémie, nous formons une image où, en tant qu’usager·es de la santé, nous sommes essentiellement exclu·es des services de santé et en tant qu’agents de santé, nous vivons le martyre au travail.

La dévaluation et l’exclusion du système de santé publique conduisent essentiellement à l’amélioration indirecte de la santé privée, du moins pour celles et ceux qui en ont les moyens. Les files d’attente interminables aux urgences, les nombreux mois d’attente dans les cliniques régulières et l’atmosphère général de zone de guerre dans les hôpitaux publics rendent notre accès difficile voire prohibitif. Tout ce qui précède n’est pas le produit d’une négligence criminelle de gouvernements respectifs, mais d’une stratégie intemporelle de dévaluation des soins publics et de revalorisation des soins privés, comme le prouvent également les partenariats public-privé (PPP). Ces partenariats marquent l’existence de cliniques privées au sein des hôpitaux publics, catalysant la privatisation des soins publics. Ainsi, l’État renonce au coût de nos soins et le répercute sur notre dos, sur le dos du monde du travail.

Exclusions de celles et ceux qui sont en marge

La gestion étatique de la pandémie a non seulement élargi l’éventail des exclusions préexistantes des soins de santé, mais a également réservé une gestion militaro-policière à divers groupes sociaux, en particulier les femmes migrantes dans les camps de concentration, les communautés roms et les prisonniers. C’est-à-dire le confinement universel, le confinement quasi permanent sans possibilité de libre circulation, le confinement dans un espace déjà confiné avec peu ou pas d’accès aux soins. Dans le pire des cas, la gestion de la population « excédentaire » se fait en termes militaires, ce qui peut conduire jusqu’à la mort.

Bien sûr, l’exclusion est un élément constitutif du système de santé avant et après la pandémie que nous vivons. Souvent, les exclusions ne sont pas seulement institutionnelles et universelles, mais sont souvent le produit du racisme social, de la stigmatisation, des préjugés et de l’aversion sexuelle pour tout ce qui est différent et en dehors des normes en vigueur. Par exemple, les portes des hôpitaux sont fermées aux sans-papiers. Pour les gais, les personnes trans et les toxicomanes, l’environnement inhospitalier et souvent hostile de leurs structures de santé les décourage d’y accéder. De toute évidence, les personnes à mobilité réduite et handicapées vivent leur propre exclusion principalement en raison du manque de soins. Dans la même veine, divers groupes sociaux aux caractéristiques et vulnérabilités variables sont exclus des soins.

Notre santé en période de confinement

Un an après le début de la pandémie de Covid-19, le staff politique de la capitale, avec les médias et divers comités d’experts avec ou sans blouse médicale, peinent à présenter les interdictions générales et le mantra de la population comme la seule proposition de « protection de la santé publique ». Ils ne sont plus convaincants. Le cynisme et l’hypocrisie du gouvernement sont évidents. L’imposition du confinement n’a pas été imposée pour protéger notre santé et elle prouve de jour en jour à quel point elle est inefficace et destructrice, en termes de santé, pour nos vies. Et, bien sûr, la logique « ouvert-fermé » et l’imposition d’interdictions ne viennent pas alléger le fardeau du confinement, mais sont principalement déterminées par les besoins du marché.

Chaque jour qui passe, la « facture » que nous sommes appelé·es à payer augmente. De la taxe du sang des morts du Covid, à l’exclusion des malades atteint·es d’une autre maladie. Du travail avec des mesures de soins et de protection insuffisantes à l’effondrement mental des employé·es dans les structures de santé. De l’augmentation des abus domestiques et des violences de genres à la détérioration de la santé mentale déjà sous tension et à l’explosion de nouvelles maladies psychologiques dues au confinement dans nos maisons/prisons. Du coup porté à la sociabilité à divers niveaux qui touchent en particulier celleux qui sont en marge de la vie sociale, principalement les chômeurs, les travailleuses pauvres, les personnes âgées sans défense, jusqu’aux suicides. Dans le même temps, l’État prend soin de nous rappeler à la télévision, dans les wagons et dans la rue en réitérant de façon monotone l’importance de la responsabilité individuelle afin d’abdiquer la responsabilité de la politique criminelle qui s’ensuit.

Alors que voudrions-nous ?

Nous nous mettons donc en position de combat collectif et essayons de changer le rapport de force ainsi que nos conditions de vie. Nous voulons remettre en question la gestion de la santé et le discours de l’État sur la pandémie et le manque d’alternatives au verrouillage et aux interdictions. Le confinement, la transformation de tout un système de santé en un système de gestion des maladies, la réduction des services de soins de santé primaires et son utilisation exclusive comme centres de vaccination sont quelques-uns des exemples d’administration publique qui pèse sur le niveau de santé de chacun·e d’entre nous.

Nous voulons renforcer les luttes, les résistances et les revendications qui dépassent le caractère syndical du personnel médical. Participer aux mobilisations afin d’améliorer leurs conditions de travail et les services de santé rendus aux usager·es. Soutenir celleux qui ont été licencié·es ou ciblé·es à cause de leur action et de leur défi.

Nous voulons exiger le renforcement des soins de santé dans leur ensemble, qu’il s’agisse de la logistique nécessaire ou du personnel de santé afin de répondre à la pandémie et à tous les coûts de santé de la population. Nous voulons bloquer la privatisation imminente - déjà entamée - du système de santé public et la contrainte de se tourner vers les magasins de santé privés même pour nos besoins médicaux les plus élémentaires. Défendre un accès véritablement égal et gratuit aux soins publics pour tous et toutes, avec ou sans papiers, sans distinction de race, d’identité de genre, de sexualité et de toute autre discrimination.

Nous voulons décrire et revendiquer un modèle différent de traitement des besoins sans exclusions, sachets, entreprises pharmaceutiques qui orientent contenus médicaux et traitements mais aussi avec contrôle social simultané. C’est-à-dire des assemblées paritaires d’usager·es et de salarié·es sur la forme et la nature des soins que nous recevons. Être en communication systématique et avoir des discussions communes constitue une première étape pour apprendre à connaître notre corps et l’objet de notre traitement, le savoir médical et les conditions dans lesquelles il est produit et appliqué.

Nous ne nous faisons pas d’illusions que dans le cadre actuel des relations sociales codifiées comme le capitalisme, les conditions dans lesquelles la médecine et les soins sont produits et fournis pourraient changer radicalement, sans l’existence d’un mouvement capable d’imposer ses revendications et de remettre en cause le modèle dominant ci-dessus. Bien sûr, une telle chose ne peut se former sans l’existence de luttes et de revendications basées sur des besoins et des désirs réels. Le questionnement et le radicalisme sont des choses qui se produisent à l’intérieur de la lutte et non à l’extérieur. Les revendications et demandes sont un moyen d’améliorer et/ou de maintenir nos conditions de vie, un moyen d’élargir la lutte dans tous les domaines. Ce que nous cherchons à travers cette campagne d’usager·es et de travailleur·euses de la santé, c’est à surmonter les divisions entre nous, à discuter des expériences communes et du stress, à effleurer les composantes de la santé que nous voulons et à changer les conditions dans lesquelles elle est fournie. Trouvons des moyens pratiques de répondre à nos besoins.

Ne laissons pas notre santé entre leurs mains !

Campagne politique "Santé sans exclusion"

blog : ygeiaxorisapokleismous.wordpress.com
e-mail : ygeia_xoris_apokleismous@riseup.net
fb : ygeiaxorisapokleismous

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