Pourquoi I’écologie décoloniale ? Notre écologie décoloniale préne l’abolition des systémes de domination, attribuant la destruction de la planéte non à l’humanité en général, mais au colon, responsable d’un systéme colonialiste fondé sur la suprématie blanche et I’exploitation capitaliste violente des ressources et des personnes non-blanches.
La colonisation a permis I’expansion du capitalisme industriel, l’extractivisme des ressources locales et l’exploitation des populations autochtones, et a entrainé la destruction de systémes vivriers, ainsi que la disparition et le déplacement de nombreuses populations non-blanches. Les indépendances n’ont pas mis un terme à ce processus, et I’exploitation continue aujourd’hui à travers la division mondiale du travail et l’accaparement des matiéres premieres par les pays impérialistes.
Notre objectif est de combattre le racisme environnemental en investissant les luttes de justice environnementale déjà existantes et en cours (chlordécone, agent orange, montagne d’or, accès à l’eau en Guadeloupe, à Mayotte, etc.).
En France, les personnes racisées sont les premières victimes des politiques sociales, davantage exposées à des problèmes de santé graves, aux risques d’incidents environnementaux (proximité de sites polluants, usines chimiques) et plus touchées que les personnes blanches par les inégalités écologiques (accès aux ressources) et environnementales (pollution et autres conséquences).
Le racisme environnemental est l’intersection du racisme systémique et d’une manière d’exploiter les écosystèmes. La « nature » devient ainsi un outil de domination, au même titre que la race, le genre ou la classe. Il faut donc penser le racisme environnemental dans un système global de dominations, incluant les intersections entre genre et nature. Ce sont par exemples les femmes racisées qui font majoritairement l’entretien des locaux ou des infrastructures au détriment de leur santé. Elles sont aussi les plus touchées par le changement climatique dans les pays les plus touchés. La « nature » ou la « biologie » sont parfois utilisées à fins transphobes, homophobes, LGBTI-phobes et les personnes LGBTI peuvent être les premières personnes touchées par certaines inégalités environnementales, car plus vulnérables pour des raisons familiales, professionnelles ou médicales.
Notre lutte s’inscrit dans un mouvement global d’émancipation et de transformation des rapports sociaux qui nécessite de se battre pour l’abolition simultanée de toutes les formes d’oppression et d’exploitation. Nous prenons donc activement part aux luttes pour l’abolition du capitalisme, de l’impérialisme, du patriarcat et dans les luttes antifascistes et internationalistes.
Nous reconnaissons que certaines oppressions, notamment de genre et de race, existaient avant la colonisation et le capitalisme, mais aussi que certaines de leurs formes actuelles peuvent être spécifiques à celles-ci. Ainsi, nous nous démarquons des « décoloniaux » qui fantasment un passé idyllique en ignorant les oppressions de genre et de classe, et qui, sous couvert d’anti-impérialisme, soutiennent des régimes autoritaires. Nous soutenons les luttes féministes, LGBTI et anti-autoritaires indépendamment des frontières. Car non, les « indigènes » ne sont pas réactionnaires, homophobes, transphobes et misogynes par « nature » comme le laissent penser ces « décoloniaux ».
Les gouvernements autoritaires des pays du Sud ne sont pas nos alliés. Les défendre ne fait qu’accentuer leur domination sur les populations de ces pays. Beaucoup d’organisations limitent leur anti-impérialisme à la défense plus que nécessaire de la Palestine. Bien que nous soyons évidemment radicalement antisionistes, nous pensons qu’il faut bâtir un front beaucoup plus large et radical face à toutes les formes d’impérialisme, à commencer par celui provenant de l’État français sur lequel nous pouvons exercer une plus grande influence (Kanaky, Sahel, ex- colonies départementalisées…).
Enfin, s’il fallait le préciser, nous sommes fondamentalement antifascistes et la lutte face à l’extrême-droite fait partie de nos combats quotidiens. Cette lutte ne se limite pas à combattre les groupes les plus violents dans nos rues, mais inclut la lutte contre l’antisémitisme, la négrophobie et le fascisme d’État, qui cible spécifiquement les Musulmantes. Nous militons pour l’abolition des prisons et de la police, qui répriment en particulier les hommes pauvres, Noirs, Arabes et Rroms, et dont les techniques de contrôle et de répression sont directement issues des méthodes appliquées durant la colonisation. Nous dénonçons également le racisme anti- asiatique, à la fois minimisé et instrumentalisé contre d’autres communautés racisées. Enfin, une lutte antifasciste décoloniale cohérente doit être liée à l’abolition des frontières, à la destruction des CRA et à la régularisation inconditionnelle des personnes sans-papiers.
C’est en adéquation avec tout ce qui est exprimé précédemment que nous avons souhaité créer le FLED, Front de Lutte pour une Écologie Décoloniale, afin de s’organiser dans un espace politique dans lequel, entre personnes non-blanches, issues de diasporas, nous pouvons établir en totale autonomie nos mots d’ordre, nos modes d’actions et notre horizon politique émancipateur.
Notre organisation se veut révolutionnaire et s’inspire des pratiques de l’autonomie. De ce fait, nos modes d’actions sont évolutifs et s’adaptent aux contextes politiques en cours. Ils doivent donc répondre à la hauteur des enjeux qui impliquent d’agir par tous les moyens nécessaires.
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