Pourtant on aurait toutes les raisons d’être un peu dégoûté-es…
La loi Travail est finalement passée en force et la fin du mouvement a coïncidé logiquement avec la reprise en main de l’espace public par les gouvernants et autres agents conservateurs : ce furent les logorrhées affreuses sur l’Islam et les migrants, les rassemblements de blaireaux apeurés par l’arrivée imminente de quinze réfugiés calaisiens dans leur bled, les débilités constantes des hommes politiques sur tout et n’importe quoi (surtout si ça parle de modernisation, de la fin de l’assistanat et des systèmes de protection sociale), les manifs de flics cagoulés et la perspective d’un sympathique duel entre droite extrême et droite vénèr’ comme unique horizon politique… Au moins, pendant le mouvement du printemps, ils fermaient leur gueule. Et l’air était plus respirable pour tout le monde.
C’est comme ça, moins on occupe le terrain, plus on leur laisse de la place.
« On » ? « Nous » ? Un certain désir en fait, un élan… un désir qui a traversé le mouvement contre la loi travail et qui a donné naissance aux fameux « cortèges de tête » : le désir partagé de ne plus être gouverné. L’hostilité face à la police, l’autonomie politique des cliques lycéennes, le constant débordement des bureaucraties syndicales, la pratique du blocage comme réflexe premier. Autant de signes que cette tendance se répand et n’est l’apanage d’aucun groupe en particulier. Aussi bien l’élection présidentielle qui s’annonce peut se lire comme une tentative pour faire rentrer dans le cadre de la politique classique tout ce qui, d’ores et déjà, la déborde, lui échappe et ne veut plus entendre parler d’elle.
Les « mouvements sociaux », les mouvements de contestation ou de révoltes un peu conséquents rendent chaque fois possibles et sensibles l’émergence de nouvelles manières de vivre, de se lier, d’envisager l’existence et le futur. La grève, le blocage, la vie partagée sur les piquets, la désertion même momentanée des lieux d’étude et de travail, l’affrontement avec les forces de l’ordre, tout cela permet d’apercevoir ce que serait une vie collective hors des rouages de l’économie. Et d’y prendre goût.
Tables et Commune
Ce banquet c’est d’abord une proposition de mise en commun à grande échelle de tout ce qui nous habite en ce moment. Un temps où on puisse éprouver en un même lieu cette texture et cette aventure collective qui se construit en plein d’endroits de la ville. Pour approvisionner cette tablée : le plein de mystères, des fourneaux à allumer, des étals de grands magasins à dépouiller, des bonnes bouteilles à repêcher, des complicités paysannes à activer.
Pour ça, nous invitons chacune des personnes ou des groupes intéressés à prendre TRES au sérieux cette invitation en préparant un petit quelque chose à partager : textes renversants, entremets exquis, alcools frelatés, discours porteurs de fièvres et de folies communicatrices, prochains rendez-vous ou toutes autres propositions conspiratives… Des chansons, des cris de guerre, des formules magiques avec au bout, au moins, des petites parcelles de perception et d’ambition communes ; le premier d’une série de moments pour élaborer patiemment cette possibilité aventureuse et vitale : devenir ingouvernables, vivre à plein, foutre des grains de sable dans leur machine.
A l’abordage !
Rendez vous le Samedi 10 décembre de 13h à 17h30 dans la salle de Bal de "Chez tony"
Pour tout renseignement : banquetsdescommunes(arobase)riseup.net
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