Une cinquantaine de travailleurs et travailleuses sociales lyonnaises de différentes associations de l’urgence sociale ont décidé de créer un collectif afin de dénoncer la situation dramatique de l’hébergement dans le Rhône.
Un premier rassemblement a eu lieu le 5 mars 2019, avec la participation de 150 personnes. La DCCS (Direction Départementale de la Cohésion Sociale) et la Préfecture ont accepté de recevoir une délégation de 3 travailleurs sociaux. Cette rencontre a confirmé nos craintes :
Le manque chronique de places d’hébergement et de logement.
Aujourd’hui, à Lyon, 6000 dossiers de demande d’hébergement et de logement sont en attente à la MVS (la Maison de la Veille Sociale, qui centralise ces demandes) !
Pour pallier partiellement à ce manque, la Préfecture a, comme chaque année, ouvert des places supplémentaires pendant la trêve hivernale, le "plan froid". Ces places, insuffisantes et ouvertes très tardivement, ont été octroyée sur une base discriminatoire. La fin de la trêve hivernale approche et on apprend que, contrairement à ce que la loi prévoit, seulement 1/3 des personnes (300) vont être ré-hébergés de manière continue. Que va-t-il se passer pour les autres ? 200 personnes seront mises à la rue sans solution, et 330 personnes seront remises à la rue puis réorientées vers un centre de "mise à l’abri, pérenne" mais temporaire dès qu’elles ne correspondront plus aux critères (personnes malades, femmes enceintes de plus de 5 mois, personnes handicapées, les enfants de moins d’un an). Sans oublier 1800 personnes qui ont appelé le 115 et qui n’ont pas eu de solutions pendant le plan froid.
On rappelle que dans le Rhône, le délai pour obtenir une place d’urgence stable sans conditions de situation sociale, de ressources et de régularité de séjour est actuellement de 1 an et demi à 3 ans ! En ce qui concerne les personnes en situation régulière (places en insertion) , c’est un délai de plus de 8 mois en moyenne.
La remise en cause de l’inconditionnalité et de la continuité de l’accueil
Le droit français prévoit un accueil immédiat et inconditionnel : "Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence » (Articles L.345-2-2 du CASF)
Or, dans le Rhône, la volonté est affichée de ne plus permettre aux personnes en situation irrégulière d’accéder au parc de l’hébergement. Il s’agit d’une mesure discriminatoire et qui va a l’encontre des textes de loi !
L’Etat assume la création d’un parc d’urgence de mise à l’abris temporaire à l’année. Alors que la continuité de l’hébergement est un acquis issu des luttes sociales et consacré par la loi, une personne ou famille sans titre de séjour ne pourra bientôt plus prétendre qu’à "une mise à l’abri" de courte durée et discontinue, dans des hébergements collectifs et provisoires. Elle sera remise à la rue au bout de quelques jours.
Avec la mise en place du logement d’abord, la DDCS et l’adjoint au préfet assument une politique d’hébergement et logement uniquement pour les personnes dites « insérables » (personnes ayant des ressources, européens ou personnes avec un titre de séjour...)
L’hébergement stable et sans conditions est un droit fondamental, peu importe sa nationalité !!!!
Des conditions d’accueil indignes
La baisse des financements des centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) intervient dans un contexte où les conditions d’accueil en centre d’hébergement ne sont pas satisfaisantes, voire insalubres et indignes,
Les personnes ayant eu accès à une place d’hébergement pendant l’hiver peuvent témoigner d’une dégradation drastique des conditions d’accueil. En effet, l’Etat discrimine les personnes en fonction de leurs statuts administratifs. Voici un aperçu des places qu’une famille sans titre de séjour peut se voir proposer :
- Place temporaire en gymnase
- Dortoirs sans intimités dans des hangars désaffectés avec seulement des draps pour assurer un minimum d’intimité
- Hôtels transformés en centre d’hébergement low cost douteux
- Sur-occupation dans les bungalows/ containers
Ces conditions d’hébergement sont insupportables et inacceptables !!!! Elles ont des conséquences dramatiques sur la santé physique et psychique des personnes (adultes et enfants) hébergées ou en demande d’hébergement !
La déshumanisation de l’accueil
En juin 2019, la Maison de la Veille Sociale (l’organisme qui centralise les demandes d’hébergement pour le Rhône) va mettre fin à l’accueil physique des personnes qui s’y rendent pour renouveler ou actualiser leur demande. Cela se fera désormais uniquement par mail ou par téléphone... Cela signifie des contrats non renouvelés pour les salarié·es, et un accueil de plus en plus déshumanisant pour les personnes en grande précarité.
Face à ces constats dramatiques, nous, travailleurs et travailleuses sociales, dénonçons ce tournant que prend le travail social et demandons :
- Le respect de la loi : un hébergement continu et digne sans discrimination
- Un logement digne et salubre pour toutes et tous
Stop aux expulsions et aucune remise a la rue a la fin du plan froid !
il est demandé aux familles de Chabal( centre d’hébergement du plan froid) d’être dehors à 10h AU PLUS TARD le 9 avril.Alors le rendez-vous se fera à partir de 8h, au 35 rue Aristide Briand, Saint Priest. On essaiera d’avoir du café pour les plus matinaux et
matinales !
Les 130 personnes hébergées dans le cadre du plan froid seront toutes mises à la rue. Certaines seront réorientées mais elles ne savent ni où ni quand, les personnes devront appeler le 115 seulement quand elles seront sorties de Chabal. D’autres n’auront aucune solution et retourneront à la rue.
Donc pour soutenir les familles et pour exiger des solutions pérennes, venez nombreux et nombreuses et faites tourner !
Faites grève avec nous le 9 avril et rejoignez-nous pour une manifestation !!
Départ devant la Métropole (20 rue du lac) à 14h. Arrivée à la DDCS.
Le collectif Hébergement en Danger
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