En lutte

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Brèves « en lutte », de septembre 2011 à janvier 2012. Des caméras aux derniers changements concernant les Hôpitaux Psychiatriques : dernières avancés des dispositifs de contrôle métropolitains. (Lire aussi « en guise d’introduction »).

Dans la rue

27 septembre 2011. 4 000 enseignants manifestent pour dénoncer la « dégradation de l’École ».
11 octobre 2011. Manifestation contre le plan d’Austérité jusqu’à place Bellecour. 10 000 personnes.
15 octobre 2011. 2 000 personnes manifestent devant la centrale nucléaire du Bugey, l’une des plus vieille d’Europe construite sur un site avec risques sismiques et d’inondation (barrages en amont). Le même jour, manifestation internationale des « indignés », dernière identité politique en date qui regroupe des réalités assez différentes suivant les pays. À Lyon, pas grand monde, à Paris non plus. Mais plusieurs dizaines de milliers de personnes à Madrid, Lisbonne, Francfort ou encore Londres. À Rome, la manifestation est plus speed qu’ailleurs. Non content de manifester contre le « pouvoir des banquiers », un petit millier de personnes affronte la police. Vitrines de banques défoncées, véhicules incendiés ; un McDo, un fourgon de police et une annexe du ministère de la Défense située près du Colisée partent en fumée malgré les 1 500 policiers mobilisés (dont 105 blessés).
22 octobre 2011. Manifestation de 300 personnes de Bellecour à Terreaux en soutien au mouvement syrien.
14 janvier 2012. Contre-manifestation antifasciste dans les rue de Lyon en réaction à la manif des Jeunesses Nationalistes. Le collectif Vigilance contre l’extrême-droite dénonce par communiqué de presse le fait que la contre-manif soit interdite de passage dans Saint-Jean (quartier où les fafs sont très présents). Le collectif de partis et d’associations s’offusque d’être renvoyé dos à dos avec les fascistes, sans comprendre que du point de vue de la Préfecture, fascisme en anti-fascisme c’est un peu la même chose : des possibilités de troubles à l’ordre public. Rien de plus.

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Pas d’accidents du travail sous le règne du Capital, juste des meurtres.
14 septembre 2011
, chute de matériaux sur un ouvrier qui travaillait sur le chantier d’une caserne de pompiers (3ème arrondissement). Blessure à la tête.
Mardi 30 septembre 2011, un ouvrier meurt écrasé par la chute d’une plaque de béton dans un chantier d’immeubles en construction à Gerland.
3 octobre 2011, 4 salariés travaillant sur le site Renault Trucks de Saint-Priest sont blessés.
21 octobre 2011, à Vaulx-en-Velin, trois ouvriers sont ensevelis sous la dalle qu’ils viennent de couler. Les trois hommes sont hospitalisés souffrant de blessures graves.
Le 28 novembre 2011, une jeune employée d’un resto chic des Halles est tuée par la chute d’une charge sur un monte-charge. En 2009, on comptait 17 hommes morts au travail (principalement dans le BTP) dans le Rhône.

Contre le train-train quotidien

6 octobre. Jeudi, dans la matinée, un contrôleur est agressé dans le train Lyon-Strasbourg. Fortes perturbations sur le réseau SNCF. La quasi totalité des contrôleurs de la région font valoir leur « droit de retrait ». La CGT-cheminots demande le retrait du projet de suppression des contrôleurs dans les trains de l’Ouest lyonnais et le renforcement du nombre de contrôleurs dans la région de Lyon. Suite à cette agression, se met en place un plan de sécurisation des trains avec des patrouilles de policiers du SISTC (Service Interdépartemental de Sécurité des Transports en Commun) dans les TER. Un contrôleur explique que la présence policière « change l’état d’esprit des voyageurs ». Tu m’étonnes.
Le 17 octobre 2011, un ancien cadre commercial de SNCF reconnaît en garde-à-vue avoir saboté les câbles de signalisation et d’alimentation de la ligne Chambéry/Bourg-St-Maurice le 26 février dernier. 110 trains et 30 000 voyageurs étaient restés bloqué sur le chemin des stations de sports d’hiver. Fin novembre, devant les retards et les rames bondées, un usager de la ligne TER Tarare-Lyon imprime et diffuse par ses soins 5 000 tracts appelant à la fraude.
12 janvier 2012. Vol de cuivre sur la ligne Lyon-Ambérieu. Nombreuses perturbations sur la ligne.

Grève en tout genre

5 septembre 2011. Grève des guichetiers et des agents d’accueil à la gare de Perrache pour protester contre le manque d’effectifs.
20 septembre, grève à la Poste du 3ème arrondissement. La direction se félicite qu’elle soit sans incidences sur l’économie locale (quartier de la Part-Dieu) grâce au « dispositif de continuité du service public ». En fait une méthode vieille comme le monde qui consiste à faire appel à des volontaires pour trier le courrier et remplacer les grévistes.
4 octobre 2011. Grève des agents d’entretien, en majorité des femmes de ménage, à l’École Normale Supérieure. Trop de travail dû à des départs non remplacés.
Le mouvement d’octobre 2010 n’avait pas réussi à le réaliser. C’est maintenant chose faite. Le 17 novembre 2011, journée nationale de grève et d’actions des sapeurs-pompiers, permet enfin de bloquer le port Edouard-Herriot à l’aide de barricades de pneus enflammés. Après quoi, les hommes du feu remontent l’A7 en bloquant la circulation avant d’arriver sous l’échangeur de Perrache. Un beau bordel en centre-ville et sur les voies ferrées. Un groupe de pompiers part déployer une gigantesque banderole sur la basilique Fourvière pendant que le gros des troupes essaie de s’approcher de la Préfecture transformée en camp retranché (le camion à eau est même sorti pour l’occasion). Arrivés à proximité de la préfecture, l’ensemble des grévistes, en tenues et casques, se tient par les coudes et fait quelques frayeurs aux flics en bifurquant inopinément vers une entrée latérale de la préfecture, provoquant un mouvement désordonné des condés dépassés et impressionnés par les manifestants. Les pompiers se dispersent après être allés rendre hommage à l’un des leurs décédé dans une explosion de gaz pendant qu’une délégation est reçue à la préfecture ; sans beaucoup d’espoirs.
23 novembre 2011. Grève des salariés d’Arkema Saint-Fons après le rachat de leur usine par le fonds Klesch, basé à Genève.

Coups de putes

Chaque été, c’est le même cinéma. Les pouvoirs publics lyonnais s’attaquent aux prostituées. Ces dernières années, les législateurs ont beaucoup planché sur la question : ils ont sorti plusieurs lois pour pénaliser la prostitution et rendre le quotidien de celles qui la pratiquent invivables. Régulièrement accusées par certains riverains de générer de « l’insécurité », de nuire aux entreprises installées dans la nouvelle zone économique de Gerland, les putes n’offrent pas l’image que le Grand Lyon entend donner de « sa » métropole : une ville high-tech, accueillante pour touristes anglophones, jeunes investisseurs pleins aux as, et autres étudiants à mèche travaillant leur employabilité. Alors, les élus leur mènent une guerre d’usure. Déjà 6 arrêtés municipaux depuis 2002 pour interdire le stationnement des camionnettes, à Perrache en 2002, et maintenant à Gerland où elles se sont regroupées il y a 2 ans quand d’autres, fatiguées et dégoutées, préféraient partir exercer seules en périphérie de Lyon.
Comme tous les étés donc, la chasse aux camionnettes de prostituées dans le quartier de Gerland s’est déroulée. Elle s’est même intensifiée. Harcèlements, humiliations, pressions policières, camionnettes foutues à la fourrière plusieurs fois par jour avec obligation de pointer au commissariat pour les récupérer. Tout cela, non pas pour des délits ou des faits graves, mais pour des écarts de comportements. Au fond, ce qui est reproché aux prostituées, c’est leur simple présence physique dans la rue, c’est le fait d’exister, d’être là quand la police s’évertue à vider l’espace public de toute la plèbe qui l’occupe. En soi, elles représentent déjà une nuisance, on les considère gênantes parce que leur présence incommode certains habitants. On aimerait tellement pouvoir oublier que ce « genre » de personnes existe, ne plus les avoir sous les yeux. Si bien d’ailleurs qu’un sénateur UMP (et ce n’est pas le premier) réclame depuis l’affaire du Carlton la réouverture des maisons closes. Et il y a quelques mois, c’est une mission d’information parlementaire qui rendait un rapport demandant la pénalisation des clients. Projet qui a été pensé « sans entendre ce que les principales intéressées avaient à en dire » raconte Karen, porte-parole des prostituées lyonnaises. Selon elle, « Les politiques et les féministes autoproclamées croient pouvoir penser à notre place. Ils parlent de dignité des femmes, mais ils font comme si nous n’avions pas de cerveau, pas d’avis, pas de revendications… Comme si nous n’étions que des culs. » Dernièrement, la chasse aux prostituées a encore franchi un cran avec l’adoption par le Parlement d’une résolution anti-prostitution proclamant que la France était un pays abolitionniste. En clair, le préambule a une future loi prévoyant des peines de prison et des amendes contre les clients.
Fin octobre 2011, les flics franchissent un cran dans la bâtardise. Ils se mettent désormais à contrôler si le nombre de places indiqués sur la carte grise des camionnettes correspond à la réalité du véhicule. Si c’est pas le cas, 90 euros d’amende. Face à cette avalanches de mesures et de micro-pénalités à cette situation qui leur est faite, les putes ne sont pas du genre à se laisser faire, elles s’organisent.

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19 mars 2011. Un cortège de 150 personnes part de la place des Terreaux pour rallier l’église Saint-Nizier aux cris de « Sarkozy, ta femme est une confrère », « l’Elysée au feu, les proxos au milieu » et « un mari est un client pour la vie ». Les putes entendent lutter contre la loi sur le racolage passif et la projet de loi de pénalisation du client. Le journaleu de TF1 Harry Roselmack a l’air tout amusé en regardant passer le cortège. Son sourire, Harry le rentre vite quand une manifestante atteint son blouson à coup d’œuf accompagné d’un rageur « TF1, c’est les putes de l’état ».
31 mai 2011. Nouvelle manifestation contre la pénalisation des clients depuis Jean-Macé cette fois.
Le 10 septembre 2011, à 23h, une camionnette (vide) de prostituée est incendiée rue de Gerland.
Le 29 septembre 2011, manifestation de putes au départ de Jean-Macé. Elles protestent contre les PV quotidiens, les mises en fourrières et plus généralement contre l’acharnement pour les décourager et les faire dégager en périphérie, là où elles sont moins visibles. Où elles ne posent plus de « problème d’ordre public » au citoyen qui veut que son quartier reste « propre », au jeune entrepreneur qui veut donner une bonne image de sa zone d’activité. Là aussi, où elles ne bénéficient plus de la protection qu’assure l’inter-connaissance entre filles exerçant sur un même petit territoire. En mars, une prostituée camerounaise travaillant seule sur une route est tuée de 30 coups de couteau près de Chalon-sur-Saône. Et oui, la tranquillité des honnêtes gens a un prix.
14 novembre 2011. Une nigérienne de 28 ans est arrêtée le soir à Gerland pour « racolage ». Dès que les flics se rendent compte qu’elle n’a pas de papiers, ils la refilent à la Police de l’Air et des Frontières avant de l’envoyer au Centre de Rétention Administratif de Saint-Exupéry.
Le 5 janvier 2011, au tribunal : un homme de 35 ans est condamné à 6 mois ferme avec mandat de dépôt pour « proxénétisme par aide ou assistance ». Il arrondissait ses fins de mois en rendant des services aux prostituées comme déplacer leurs camionnettes pour celles qui n’ont pas le permis.

Passage en force

18 novembre. Le Conseil d’Administration de l’Université Lyon 2 vote le passage à l’autonomie et aux responsabilités et compétences élargies. La salle du conseil est défendue par des vigiles privés et les habituels sécurité-incendie. Prétextant une bousculade, la présidence appelle la police et plusieurs cars de CRS se garent à proximité de la fac. Pas d’interpellations.

Rancune patronale

En juillet dernier, après 43 jours de lutte, la grève (pour obtenir une prime mensuelle) s’achève victorieusement chez Samada, filiale logistique de Monoprix basée à Neuville-sur-Saône.
Le 22 novembre 2011, un rassemblement a pourtant lieu sur le site. En effet, mauvaise perdante, l’entreprise s’en prend aux anciens grévistes.
Le 10 novembre 2011, un salarié est mis à pied à titre conservatoire alors qu’il est en arrêt maladie. La veille, c’est une déléguée syndicale CGT qui est agressée « verbalement » et qui écope de six jours d’incapacité de travail.
Le 11 octobre 2011, c’est « un salarié qui est mis à pied conservatoire pendant 8 jours pour ne pas être resté avec ses collègues 45 minutes supplémentaires ». Sanction finalement évitée grâce à la mobilisation de ses collègues. Tous avaient activement participé à la dernière grève.

Esclavage moderne

28 novembre 2011. Procès au Prudhommes de la société ASTIC qui embauche depuis plusieurs années des sans-papiers pour nettoyer les Mcdo, payés 37 euros, de 23h à 8h du mat, aucun congés, pas de possibilités d’arrêts maladie. Rien, tu bosses et tu la fermes.

La suite, les brèves de septembre à décembre :

En guise d’introduction
C’est une bien curieuse société dans laquelle nous « vivons ». Une société qui se sait absolument détestable et périssable. Une société qui n’a plus rien à proposer si ce n’est de sauver les meubles ou ce qu’il en reste : sauver les emplois, l’économie en crise, la planète. Derrière l’apparente abondance des « projets politiques » et autres « promesses » venant du champ politique traditionnel se cache le chantage à la politique du « moindre mal » : nous gérons comme nous pouvons, disent les dirigeants de tout poil, si nous n’étions pas là, ce serait l’extrémisme, le chaos, la guerre civile.

Police partout
Des flics partout, à toute heure du jour ou de la nuit. Qui patrouillent, contrôlent et font les chauds. Et qui parfois aussi se plaignent, se font mettre à l’amende. Petit tour d’horizon de la condition policière.

Lyon Métropole
Des caméras aux derniers changements concernant les Hôpitaux Psychiatriques : dernières avancées des dispositifs de contrôle métropolitains.

Temps de crise
"La Crise". Une aubaine patronale pour reconfigurer l’économie, flexibiliser et licencier sans vergogne ; mais aussi une opportunité pour tous les perdants de la guerre économique d’inventer des combines et de s’organiser avec d’autres pour s’affranchir des patrons.

Guerre sociale
Où l’on voit bien que derrière la tranquillité apparente des centre-villes se jouent des conflits sans merci.

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