Formons des piquets volants

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Novembre2007-...(LRU et retraites) 4 compléments

Organisons-nous pour tout bloquer.

Formons des piquets volants.

Les médias et les syndicats nous martèlent que cette grève serait exclusivement une bataille contre la suppression des régimes spéciaux des retraites, alors que nous sommes face à une offensive du gouvernement comportant tout un panel de mesures :
- service minimum dans le secteur des transports ;
- suppression de 27000 postes de fonctionnaires ;
- chasse aux sans-papiers ;
- privatisation rampante des universités ;
- attaque contre le salaire indirect (allocation chômage, RMI, instauration d’une franchise médicale) ;
- volonté de supprimer les CDI.

S’il est vrai que chacune de ces mesures entraînent une réaction corporatiste de chaque catégorie concernée, il est également vrai que de plus en plus de gens sont conscients que ces « réformes » forment un tout cohérent et qu’il s’agit de s’y opposer ensemble.

Au-delà des grèves catégorielles se profile un mouvement social contre les mesures du patronat et du gouvernement.

Ces mesures sont prises dans le cadre de la restructuration capitaliste en cours (la « mondialisation »). La mise en concurrence de la force de travail au niveau mondial doit se doubler maintenant de la mise en concurrence de chaque individu au sein même de l’entreprise. Du statut morcelé en une multitude de catégories, on passe désormais au statut individualisé. Chacun doit se retrouver dans l’obligation de négocier seul face au patron son propre « parcours de carrière », en fait les modalités de la vente de SA force de travail. Syndicats et patronat ont déjà programmé la fin des CDI et des conventions collectives, qu’ils l’appellent Flexi-sécurité ou sécurité sociale professionnelle.
Pour le capital, notre force de travail doit être soumise aux pures lois du libéralisme et pour ce faire, l’atomisation doit tendre à être totale.

C’est dans ce cadre que s’inscrit le train de réformes imposé par le gouvernement pour casser les « bastions » où les corporations détiennent encore un rapport de force : supprimer de fait le droit de grève dans les secteurs-clefs que sont les transports et l’énergie ; dégraisser le personnel de la fonction publique pour pouvoir embaucher hors-statut. Il s’agit aussi de précariser encore plus l’ensemble de la force de travail pour l’obliger à se soumettre aux nouvelles conditions draconiennes de l’exploitation.

La grève n’est pas une arme dont peuvent user efficacement tous les prolétaires.

Est ce qu’encore une fois les cheminots, les gaziers, les électriciens, les postiers, les employés de la Ratp vont se retrouver seuls en première ligne ? Les syndicats vont-ils encore une fois mettre en avant la défense de tel ou tel acquis spécifique à une catégorie de travailleurs ? Nous ne voulons pas vivre ce mouvement par procuration, n’être qu’une fraction de l’opinion publique qui se contente d’approuver la grève sans y participer.
La grève est une arme efficace pour ces bastions ouvriers, elle a de réelles conséquences économiques. Mais pour une grande partie d’entre nous, alternant périodes de chômage, d’interim ou de contrats temporaires, ce mode d’action n’est pas envisageable. Une non-moins grande partie d’entre nous ne travaille pas dans un « secteur-clef » où la simple cessation de travail constituerait une entrave suffisante au bon déroulement de l’économie (les professeurs, instituteurs, lycéens et étudiants en sont les exemples types).

Depuis les années 80, la grève (telle qu’elle est juridiquement encadrée) a perdu beaucoup de son efficacité. Le morcèlement des entreprises en de multiples entités, le recours à la sous-traitance et à l’interim laissent chaque secteur de travailleurs isolé dans la contestation des modalités de son exploitation. Depuis de nombreuses années, si l’on veut être entendu, les actions coups de poing, les piquets et occupations (illégaux) sont nécessaires.
Et la situation à venir s’annonce bien pire, puisque chacun, isolé, devra défendre son bout de gras. Les possibilités de se regrouper pour faire grève dans sa boîte vont donc tendre à disparaître.

Nous ne sommes pas désarmés pour autant. Les mouvements sociaux de ces dernières années (en France mais aussi ailleurs, en Argentine notamment) ont démontré que le blocage de la circulation des marchandises, de l’énergie, de l’information et de la force de travail était un moyen efficace de perturber l’économie. Instaurer un tel rapport de force permet de faire reculer les projets patronaux.

Appel à la création de piquets volants

À ceux qui veulent résister !

À ceux qui perçoivent cette résistance non pas comme une somme de grèves corporatistes, mais bien comme un mouvement social d’ampleur contre le train de réformes imposées par le gouvernement pour les besoins de la restructuration capitaliste !

À ceux qui savent que cette attaque n’est pas la dernière et que, si nous laissons faire, elle sera suivie par d’autres !

À ceux qui savent que leur situation sous le capitalisme ne peut aller qu’en s’empirant !

Aux profs grévistes, aux postiers enragés, aux assemblées lycéennes et étudiantes, aux chômeurs conscients, aux gosses sans avenir, aux retraités sacrifiés, aux travailleurs précaires qui n’attendent plus rien, aux RMIstes qui ont besoin de tout…

À tous ! À tous ! À tous !

Regroupons-nous à l’échelle du quartier, de la boîte ou par groupe d’affinité…
Créons des piquets volants pour bloquer là où cela perturbe le plus, paralysons les voies de circulation et la production, coupons les circuits de flux d’informations, participons aux actions des grévistes, renforçons les occupations des points stratégiques !

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Organisons-nous à 5 ou à 100, coordonnons-nous quand nous en avons l’occasion, pour agir selon nos possibilités.

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  • Le 17 novembre 2007 à 08:18, par Alain

    je suis d’ accord avec l’ amalgame pour les syndicats suivants (CFDT depuis son recentrage de 1979) et les délarations d’ E Maire contre les grèves. Ceux qui sont restés dans ce syndicats sont des pourris.
    La CFTC sans commentaire fidéle a son réformisme, L’UNSA club corporatiste, défenseur de la police. La CGT en passe de cédétisation avec quelques résistance de base qui se font balayer. Reste SUD et la CNT, un peu le CSR encore dans la lutte

  • Le 7 novembre 2007 à 12:35

    « L’objectif aujourd’hui, c’est d’aller vers un mouvement de masse, dans la rue. On en est pas encore à bloquer l’économie, sauf à considérer que, comme pendant le CPE, les actions coups de poing minoritaires ont une efficacité quelconque. En réalité, bloquer la circulation ou même des trains de marchandises à quelques centaines n’a aucune incidence sur la bonne marche de la société capitaliste. »

    - Oui mais que fait tu des gens qui ne peuvent se mettrent en grève ? C’est a dire les chômeurs, les précaires, les gens qui font (comme moi) un mie temps au smic ? Si les mouvement de masse dans la rue sont séduisant en terme de stratégie dans un monde où l’employé a l’assurance de pouvoir s’organiser avec ses collègues (je veux dire dans un modèle de grosse boite où on peut avoir un rapport de force collectif) que fais-tu des gens qui bosse en PME où la pression du patron est d’une certaine manière plus forte ? Que fais-tu des chômeurs qui, si ils peuvent participer à des cortèges ne peuvent s’organiser en AG (à moins d’aller dans des AG étudiantes où autres mais tu reconnaitras que c’est pas facile pour eux d’avoir l’info ...)

    Et combien même, leur impacte sur l’économie est nul... Bref si il est souhaitable de voir des grosses manifs dans la rue j’ai peur que cela ne suffise plus... Lors du mouvement anti-cpe il y a eu des manifs à plusieurs millions de personnes (ça fait manif de masse non ?) et pourtant le pouvoir s’est assis dessus.

    Quant à la pertinence d’actions de blocages de l’économie, c’est sur que si c’est le fait d’une extrême minorité sans des actions plus "trads" derrière ça sert pas à grand chose (si ce n’est à finir tabassé par les flics ou en prison pour les moins chanceux) . Il me semble pourtant que le mouvement anti CPE a été un simili succè car plusieurs type d’actions on convergées (grève de personnel, blocage de facs et de flux, affrontements avec la police sur des lieux symboliques comme à la Sorbonne,....). Je pense qu’on ne pourra gagner que si effectivement on passe de grève de masses (mais prévisible et "gérable" par le pouvoir ) à des grèves de masses qui sortent du cadre attendu.

    Et surtout ne nous prenons pas la tête sur la pertinence de tel ou tel techniques... Il faut de la convergence, et de la solidarité, chacun doit pouvoir exprimer sont refus de ces "réformes" et de cette politique avec les outils qu’il possède ou qu’il pense être les plus pertinents. Je vois mal des profs devenir des "émeutiers" et je vois mal des jeunes précaires faire plier leurs entreprises avec une grève classique. L’important c’est de rester uni et de ne pas penser que l’Autre avec d’autre pratiques attaque le mouvement générale.

    Solidarité avec les grévistes !
    Solidarité avec les bloqueurs !
    Solidarité avec les émeutiers !

  • Le 6 novembre 2007 à 16:30

    L’objectif aujourd’hui, c’est d’aller vers un mouvement de masse, dans la rue. On en est pas encore à bloquer l’économie, sauf à considérer que, comme pendant le CPE, les actions coups de poing minoritaires ont une efficacité quelconque. En réalité, bloquer la circulation ou même des trains de marchandises à quelques centaines n’a aucune incidence sur la bonne marche de la société capitaliste.

    A mon avis, il faut viser pour le moment un mouvement de rue vraiment massif, avec grève de la jeunesse scolarisée et de la fonction publique, autour de la volonté de bloquer la restructuration actuelle, matérialisée par l’offensive du gouvernement Sarkozy/Fillon.

    En même temps, il faut favoriser une organisation de type Conseils, c’est à dire des organes qui organisent le mouvement de façon horizontale et verticale en se fédérant entre eux, avec comme objectif de propager la grève, vers une grève générale capable de mettre en cause le pouvoir politique. Un mouvement à caractère politique pourra entraîner les travailleurs précaires dont fait mention ce texte. Si on en arrive là, il sera temps de prendre les dispositions nécessaires pour bloquer l’économie, de préférence avec le soutien actif des travailleurs des secteurs concernés.

  • Le 6 novembre 2007 à 12:13

    Des propositions stratégiques intéressantes et intelligentes. C’est juste dommage que le texte amalgame syndicats et bureaucraties syndicales...

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