La rue nous appartient
Départ de la manif place du pont, à la Guillotière.
A vu de nez, 200 à 300 meufs, gouines et trans. Pas de partis, ni de syndicats, juste des personnes qui ont la rage et qui en ont marre des violences patriarcales.
Après quelques consignes de sécurité (à signaler que la manif n’a pas voulu de service d’ordre), on se dirige sur Bellecour, puis Saint-Jean, Terreaux et enfin place Colbert, malgré une présence policière visible, en mode protectrice.
Patriarcat, quand tu nous tiens...
Les premiers fumigènes craquent sur le pont de la Guill’, direction Bellecour. Halte chantante à Bellecour sous les yeux éberlués des touristes et des fêtard-e-s, preuve si il y en avait besoin que des meufs, gouines et trans qui occupent l’espace public, bruyamment, visiblement, dans une société où nous sommes habituellement invisibles, ça choque et ça interpelle.
Les chansons et les slogans fusent, du genre « non-mixité, nous fait pas chier », ou « les nuits, les rues, sont à nous ».
« Saint-Jean est à nous »
Arrivée sur Saint jean... Et ouais, une manif non-mixte qui passe par Saint-Jean, ça a de la gueule !
Les fumis craquent autour de la banderole de tête à notre arrivée, on ne passe pas inaperçu ! Entrée rageuse, à la lumière des fumis avec le traditionnel « fachos, cathos, vous nous cassez le clito... ». La tension monte d’un cran au vu des fafs qui rodent un peu partout. Arrivée triomphale devant la cathédrale où nous n’avions pas pu remettre les pieds depuis les affrontements du kiss-in LGBT.
Deux mecs font les relous, et essayent d’entrer dans le cortège en se foutant de la gueule des manifestant-e-s. Mais ils partent en courant se réfugier derrière les flics quand on les jette du cortège à 50. C’est sûr, cette nuit, ensemble, nous sommes invincibles !
Alors on a fait le tour de la place dans une espèce d’euphorie triomphante en hurlant « St Jean est à nous » ! Dans le contexte lyonnais actuel, ça a d’autant plus de force. Et de fait, c’est nous qui occupons « leur » place !
Puis, on reprend les quais de Saône, direction Terreaux.
« Femmes voilées, femmes exhibées, solidarité ! »
Là, une dizaine de fafs nous attendent, derrière les quelques keufs qui suivent la manif depuis le début. Casqués, armés, en mode « Zieg Heil » ; mais à 10 comme à 100, cette nuit, ils nous font pas peur... On avance tou-te-s en leur direction, la rage au ventre, prêt-e-s à tout défoncer. Les keufs ne comprennent plus rien, ils ne s’attendaient sûrement pas à ce qu’une bande de meufs, gouines et trans décident de charger les fafs. Après quelques instants de face à face, les decks en moto dispersent les nazillons. A ce sujet, les nervis nous ont montré à quel point leurs attaques contre les « méchants musulmans qui enferment les femmes » sont cohérentes quand ils attaquent une manif contre les violences sexistes... Bouffons ! On continue la manif, en chansons et slogans. Des personnes restent attentives aux fachos, qui ne réapparaissent finalement pas. Faut dire que la BAC a envahit le quartier depuis la confrontation sur les quais.
« Contre le patriarcat, je me lève et je me bats »
On continue sur les Terreaux, plusieurs mecs relous font chier sur le chemin, mais ils dégagent vite, en même temps, ils ne font pas le poids ! Montée des pentes triomphale, on a pris la rue, Saint Jean, on a su se protéger, se défendre, faire face quand il le fallait et cette nuit on a gagné...
On finit place Colbert, puis certain-e-s manifestant-e-s vont dans un lieu libertaire des pentes où une fête non-mixte est organisée.
Malgré quelques trucs relous, comme par exemple l’insistance des organisatrices à vouloir absolument qu’on reste « derrière la banderole », comme si on était à l’école, et le fait qu’on ait clairement suivi les flics tout le temps de la manif, ce moment était vraiment fort.
Qu’une manif non mixte prenne Saint-Jean, qu’on aille au devant des fafs, sans SO ni gros bras pour nous « protéger », c’est une belle démonstration de force. Malgré les oppressions sexistes/homophobes/transphobes qu’on subit au quotidien, on n’est pas et on ne sera jamais des victimes.
Meufs, gouines, trans, on s’approprie les rues, la nuit, l’espace public et par la force si il le faut. On était là et on reviendra !
On est fort-e et fièr-e et solidaire et en colère !
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