Le 20 novembre sera célébré le 32e anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant ratifiée par la France en 1989. Pourtant, chaque jour, dans notre pays, ces droits élémentaires comme le droit au logement, le droit à l’éducation, ou le droit à une vie familiale sont bafoués et l’intérêt supérieur de l’Enfant méprisé.
Un Etat défaillant
Lorsque la Ministre du Logement Mme Emmanuelle Wargon a annoncé début septembre une programmation pluriannuelle des places d’hébergement d’urgence qui marquerait la fin de la gestion au thermomètre, il y avait tout lieu de se réjouir de ce pas supplémentaire vers la mise en œuvre de la politique du « Logement d’abord ».
Certes, les familles mises à l’abri à la faveur du plan d’urgence exceptionnel établi lors de la crise sanitaire ont l’assurance d’être hébergées jusqu’en mars 2022. Mais faute de places supplémentaires créées cet hiver par l’Etat, ce sont des dizaines de familles qui vont se retrouver sans solution.
Au sein de l’agglomération lyonnaise, le collectif « Jamais Sans Toit » recense à ce jour 54 familles sans abri (123 enfants) qui n’ont quasiment aucune perspective de mise à l’abri cet hiver.
Parmi elles, nombre de familles demandeuses d’Asile qui selon les dispositions de la Convention de Genève devraient être hébergées en CADA par l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII) et qui restent à la rue sans qu’aucune solution ne leur soit proposée.
Quant au droit élémentaire à l’éducation, il est régulièrement bafoué par l’Education Nationale. Son ministre, M. Jean-Michel Blanquer, toujours prompt à vanter les mérites d’une « école ouverte » au cœur de la crise sanitaire ferme la porte de celle-ci à des centaines d’enfants nouvellement arrivés en France qui perdent des semaines, parfois des mois de classe en attendant une place à l’école ou en formation.
Une Métropole inconséquente
Du côté de la Métropole de Lyon, le tableau n’est pas plus glorieux. En annonçant qu’elle n’agira pas au-delà de son champ de compétences - en ciblant exclusivement les femmes enceintes de plus de 8 mois et les femmes isolées avec enfant de moins de 3 ans - elle laisse les enfants plus grands ou les pères à la rue. On fait mieux en matière de respect du droit à une vie familiale. A ce titre, l’engagement de son président M. Bruno Bernard ne se montre pas à la hauteur de l’indignation qu’il a exprimée à plusieurs reprises quant à la situation des enfants sans toit sur le territoire dont il a la charge. Il fait même en la matière moins bien que son prédécesseur qui avait assumé la mise à l’abri de dizaines de familles lors du premier confinement. Sans parler des Mineurs Non Accompagnés qui, en attendant une prise en charge de la Métropole comme le prévoit la loi, survivent dans des squats ou des campements de fortune.
Un espoir du côté de Lyon
La seule mesure concrète qui a été prise lors de la Semaine de l’Hospitalité, organisée conjointement au mois d’octobre par la Métropole et les villes de Lyon et de Villeurbanne est le plan « zéro enfant à la rue » annoncé par M. Grégory Doucet et son adjointe à la Solidarité, Mme Sandrine Runel. Ainsi, les enfants scolarisés dans les établissements de la Ville de Lyon peuvent-ils fonder un espoir raisonnable de passer l’hiver avec un toit au-dessus de la tête. Gageons que les logements mis à disposition seront à la mesure de cette ambition. Assumer une compétence qui n’est pas de son ressort lorsque ni l’Etat ni la Métropole ne jouent leur rôle, cela pourrait inspirer d’autres communes de l’agglomération. Notamment, la Ville de Vaulx-en-Velin qui compte 17 enfants sans toit et dont la maire Mme Geoffroy est réputée pour sa politique répressive et n’hésite jamais à dépêcher la police municipale lorsque se manifeste le moindre geste de solidarité.
Les écoles comme seul refuge
Pourtant, cette année comme tous les ans depuis 2014 à l’exception de l’hiver dernier – crise sanitaire oblige –, c’est la générosité citoyenne qui pallie les manquements des institutions. En attendant des jours meilleurs, les établissements scolaires servent une fois encore d’abri temporaires aux familles sans toit. Depuis la rentrée scolaire, les écoles Commandant Arnaud (Lyon 4e), Gilbert Dru (Lyon 7e), Louis Pasteur et Philibert Delorme (Lyon 8e), Michel Servet (Lyon 1er) et bientôt Audrey Hepburn (Lyon 9e) ou d’autres, ont été, sont ou seront occupées et permettront à des dizaines d’enfants (c’est le cas aujourd’hui pour 21 d’entre eux) et leurs parents d’éviter la rue. Mais il est désolant de constater que les pouvoirs publics (Etat, Métropole et Ville) ne parviennent pas à travailler en bonne intelligence et se déchargent de leurs responsabilités sur les seuls citoyennes et citoyens.
La manifestation organisée conjointement samedi 20 novembre à 14h par le collectif Jamais Sans Toit et par le Réseau Education Sans Frontières sera l’occasion de réaffirmer avec force le caractère inconditionnel du droit à l’hébergement d’urgence consacré par la loi, de rappeler l’intérêt supérieur de l’enfant et d’interpeller les pouvoirs publics sur ces situations intolérables. Une audience a été demandée à M. Pascal Mailhos, Préfet du Rhône.
Un toit c’est un droit, faisons respecter la loi !
Agenda de la quinzaine
Goûter solidaire à l’école Berthelot (Lyon 7e) jeudi 18 novembre à 16h45
Goûter solidaire à l’école Michel Servet (Lyon 1er) vendredi 19 novembre à 16h45
Vente de gâteaux à l’école Roger Gavage (Fontaines St Martin) vendredi 19 novembre à 16h30
Goûter solidaire à l’école Henri Wallon (Vaulx-en-Velin) mardi 23 novembre à 16h30
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