Au lendemain des Trois Glorieuses de juillet 1830, les canuts créent leur propre organe, un hebdomadaire, L’Echo de la fabrique. Durant une cinquantaine de mois, semaines après semaines, les chefs d’ateliers et ouvriers en soie, vont s’entendre, s’informer, débattre pour tenter d’adapter le réseau complexe d’ateliers et de transactions composant la Grande Fabrique à l’évolution industrielle en cours, et ainsi préserver leur autonomie et leur liberté.
Ces acteurs de la Fabrique vont, en effet, refuser une expertise économique et politique qui, sous couvert de concurrence internationale et d’essor technologique, leur enseigne alors que les régulations démocratiques expérimentées précédemment dans le système de la Grande Fabrique sont désormais obsolètes ; que, évolution économique oblige, ces chefs d’ateliers doivent accepter d’être délocalisés vers les campagnes et rassemblés dans les manufactures concentrées où leur travail sera désormais rythmé par un triple impératif industriel : spécialisation, concentration et hiérarchisation.
Contre cette expertise, les canuts vont donc prendre voix, s’insurgeant en novembre 1831 et en avril 1834, mais expliquant aussi dans leurs journaux que les régulations collectives imaginées dans leur économie d’atelier sont politiquement cruciales, mais aussi économiquement efficaces.
Pour en discuter nous avons invité Ludovic Frobert directeur de recherche au CNRS (Triangle/ENS-LSH, Lyon) et responsable depuis 2003 du programme d’édition en ligne sur la petite presse ouvrière lyonnaise des années 1830 (http://echo-fabrique.ens-lsh.fr). Il a entre autre publié Les canuts ou la démocratie turbulente Lyon, 1831-1834 (Tallandier 2009), et plus récemment dirigé l’édition du livre L’écho de la fabrique, naissance de la presse ouvrière à Lyon (ENS Éditions, 2010).
Voici un extrait de l’Écho de la Fabrique n°3 du 13 novembre 1831, quelques jours avant la révolte des canuts... : « Au lieu d’attendre du retour de l’activité industrielle l’augmentation du prix de la main-d’œuvre, les ouvriers ont imaginé de l’obtenir au moyen d’un accord entre eux... Au commencement d’octobre, les ouvriers avaient eu déjà des réunions partielles, quand fut résolue une grande assemblée sur la place de la Croix-Rousse, à l’effet de nommer des... délégués et non pas des chefs... »
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