Manif régionale du 6 mai. Pari tenu pour le Comité de lutte de Lyon : la préfète en PLS

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Manif | Retraite 2023

Samedi 6 mai, le Comité de lutte Lyon a appelé à une manifestation régionale. Alors que celle-ci s’est faite interdire la veille par la préfecture du Rhône, 1 500 personnes se sont tout de même retrouvées pour un moment déterminé et festif, malgré une répression disproportionnée.

Battre le fer pendant qu’il est encore chaud

Après un 1er mai historique à Lyon, il n’était pas question d’attendre que la pression redescende jusqu’à l’appel intersyndical du 6 juin. Bien au contraire : porté.es par l’élan contestataire des derniers mois et confiant.es dans notre capacité d’organisation collective, il était clair pour nous qu’il fallait au plus vite maintenir un rapport de force favorable à notre camp. Il fallait donc battre le fer pendant qu’il était encore chaud. Entre la journée internationale des travailleurs et travailleuses du 1er mai et l’annonce de la venue de Macron en terres lyonnaises prévue le 8 mai, le samedi 6 mai nous apparaissait comme une évidence à saisir. Ni une, ni deux, nous avons décidé à l’unanimité en assemblée générale d’appeler à une manifestation régionale.

Tout le monde déteste les bâtons dans les roues

C’était sans compter sur l’esprit revanchard de notre nouvelle préfète Fabienne Buccio. La manifestation, pourtant déclarée en temps et en heure, n’a pas semblé enthousiasmer les services de police... Nous aurons donc à encaisser deux informations successives et franchement contradictoires : un changement de parcours d’abord (que nous acceptons rapidement, malgré son manque de visibilité), et une soudaine interdiction de manifester ensuite.

Mais que s’est-il donc passé dans la tête de Fabienne Buccio ? Est-ce la prédiction enflammée d’un « nouveau premier mai » qui l’a effrayée ? Tandis que le mouvement contre la réforme des retraites déploie une multiplicité de formes d’action -blocages économiques, casserolades, manifs syndicales ou spontanées- la préfète a-t-elle craint que Lyon finisse par lui échapper complètement ? Ou peut-être voulait-elle simplement se montrer intransigeante pour faire bonne figure en vue de la venue de Macron à la prison Montluc ?

Qu’à cela ne tienne, nous avons immédiatement enclenché la réplique. A la suite d’un communiqué public dénonçant les manoeuvres liberticides de la Préfecture, nous avons, par l’intermédiaire de nos avocat.es, déposé un référé-liberté porté par un large panel d’associations et de syndicats : Syndicat de la Magistrature, Syndicat des Avocats de France, CNT-SO, Solidaires étudiants, Flagrant Déni... Nous les remercions vivement pour leur réactivité et leur soutien.

Face à la nullité des arguments de la Préfecture, pour qui la chronologie des débordements passés devait suffire à restreindre notre liberté fondamentale de manifester, notre victoire a été sans appel.
D’ailleurs, rappelons aux centrales syndicales -dont on aurait apprécié un soutien un peu plus expressif dans cette bataille- que ce référé-liberté est une victoire pour l’ensemble du mouvement social qui pourra faire jurisprudence.

Manif déterminée malgré une répression totalement injustifiée

Malgré les tentatives de sabotage de la Préfecture, nous nous sommes donc retrouvé.es à 14h à Jean Macé sous un soleil printanier. Joie et unité dans la lutte étaient au rendez-vous  : la fanfare à manif a répondu présente, plusieurs groupes d’autres villes ont fait le déplacement pour l’occasion, la jeunesse s’est mobilisée et des drapeaux de plusieurs organisations étaient visibles ici et là. Après deux prises de parole en soutien à S., blessé à Sainte-Soline, et contre toutes les violences policières, le cortège s’est élancé le long de l’avenue Berthelot aux sons des slogans et du crépitement des fumigènes. Sur différentes banderoles, on a pu lire des mots d’ordre offensifs comme « Pas de retrait, pas de répit », « Inflation, répression : rendons coup pour coût » ainsi que « Osons lutter, osons vaincre ». En tout, 1 500 personnes défileront ensemble sous escorte policière disproportionnée.

Après une halte pour parler réforme des retraites et inflation, et alors que la manifestation avançait tranquillement vers la Manufacture des tabacs, les forces de l’ordre ont gazé à plusieurs reprises sans raison. Soumis à un dispositif de sécurité imposant et agressif dès le début, la manifestation a fait l’objet d’une répression démesurée.

En effet, chaque croisement de rues était l’occasion de provocations policières : les FDO ont cherché n’importe quel prétexte pour intervenir en collant le cortège, en gazant, en bloquant arbitrairement l’avancée des manifestant.es Tout le monde a senti le désir de revanche des FDO dépassées le 1er mai. Alors qu’une nasse préventive était déjà en place en fin de parcours, devant l’université Lyon 3, la situation s’est encore tendue d’un cran : plusieurs charges ont eu lieu allée Hannah Arendt, donnant lieu à 4 interpellations. Alors que des manifestant.es cherchaient à soutenir les interpellé.es, la police a à nouveau attaqué, lançant au passage une grenade de désencerclement qui a blessé une personne au dos.

Nous dénonçons avec force les intimidations policières qui ont émaillé le parcours et affirmons toute notre solidarité avec les camarades arrêtés et injustement condamnés à des peines allant jusqu’à 5 mois de détention à domicile sous bracelet électronique.

Pas de retrait, pas de répit

Les trois derniers mois de lutte contre la réforme des retraites ont été l’occasion pour le Comité de lutte Lyon d’investir un espace politique déterminant : à la fois complémentaire des rendez-vous de l’intersyndicale et autonome dans sa capacité d’initiative et d’action. Au gré des blocages, des piquets, des assemblées et des casserolades, le CLL a été saisi par une composante diversifiée et combative du mouvement : syndiqué.es de base, précaires, étudiant.es, travailleur.euses isolé.es... ont peu à peu constitué une force de mobilisation conséquente, capable aussi bien de répondre à des appels extérieurs que de proposer ses propres analyses et tactiques. Ses revendications ont peu à peu dépassé la seule opposition à la réforme des retraites pour lutter contre toutes les attaques du système capitaliste qui écrase les travailleur.euses, isole et précarise les plus touché.es par l’inflation, creuse plus profondément les écarts de richesse, et prolonge les vieux réflexes racistes et néocolonialistes.

Cette première manifestation réussie nous encourage dans notre détermination et notre volonté à élargir la lutte à d’autres secteurs pas ou peu mobilisés, tout en approfondissant nos liens avec les bases syndicales combatives.

Nous appellerons bientôt à une autre date de manifestation régionale. D’ici là, renforçons les processus d’auto-organisation et poursuivons les actions offensives et unitaires pour construire un front de lutte à la hauteur de la situation. Nous sommes déterminé.es à continuer la lutte contre le capitalisme et les futures attaques antisociales et liberticides du gouvernement, qui sont déjà en préparation. Nous serons prêt.es et riposterons sans tarder à toutes ces attaques.

La seule retraite possible : c’est l’attaque !

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