Depuis huit ans, à présent, je jardine et reproduis des semences dans des jardins collectifs en Ariège. J’ai connu Kokopelli lors de sa campagne de « parrainages », il y a des années. Pour un jardinier, parrainer une variété consiste à s’engager à maintenir cette variété vivante, en assurant chaque année la reproduction de la plante qu’il parraine et de ses semences. J’avais gardé un souvenir joyeux de la rencontre de jardiniers militants qui s’était tenue en 2010 au Mas d’Agenais dans le Lot-et-Garonne. Des salariés de l’ancienne structure d’Alès en étaient à l’initiative. Pour ma part, je pratiquais déjà la reproduction de semences et je prenais part à des échanges avec d’autres jardiniers en Ariège, au sein de l’association Passe-graines. C’était à ce titre que j’avais participé à ce week-end de discussions, riches et conviviales, sur un pied d’égalité avec chacun et chacune avec pour horizon commun de faire vivre une activité de conservatoire. En arrivant à l’association Kokopelli en novembre 2013, je pensais que l’activité commerciale de l’association était en quelque sorte un mal nécessaire permettant de financer, sans dépendre de subventions, les vraies activités de Kokopelli : Semences sans frontières, parrainages, stages de reproduction de semences, etc. Ce présupposé n’a pas résiste plus de quelques jours à l’épreuve de la réalité que mon poste de « préparatrice de commandes » m’a donnée à voir. Ce qui m’a frappée en entamant mon CDD à Kokopelli, c’est la définition originale de l’association à but non lucratif que l’on y découvre. Je pensais naïvement, qu’outre gagner ma vie, je trouverais là le prolongement des engagements militants qui structurent ma vie. Dans les locaux de l’association, les injonctions au rendement révèlent que l’activité de commerce a sans ambiguïté pris le pas sur les activités « non-marchandes », celles-ci se réduisant à la portion congrue.
Nous n’irons plus pointer chez Gaïa, jours de travail à Kokopelli
Nous publions entièrement le 1er chapitre du livre "Nous n’irons plus pointer chez Gaïa, jours de travail à Kokopelli", écrit par le Grimm et paru récemment aux éditions du bout de la ville.
"Essentiellement constitué de témoignages, ce livre est le fruit de la solidarité entre des jardinières d’Ariège et des travailleuses exploitées au sein d’une association « écolo », Kokopelli, dont l’objet est de diffuser des semences. Nous avons refusé de tolérer la banalité du mal que constitue le rapport salarial, quoiqu’il soit partout présenté comme normal, naturel."
La suite à lire sur : https://paris-luttes.info/nous-n-irons-plus-pointer-chez-8478?lang=fr
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