Samedi soir, après leur expédition violente dans le Vieux Lyon, les nervis participant au rassemblement identitaire se sont livrés dans les pentes de la Croix-rousse à de multiples ratonnades, attaquant les lieux alternatifs, bars du quartier, et surtout de nombreuses personnes, souvent au hasard. Selon nos sources près d’une dizaine de personnes ont été hospitalisées suite à ces violences, certaines dans un état grave.
Dimanche 18h30 : Trois des antifascistes arrêtés sont toujours emprisonnés ! Ils seront présentés au procureur demain, soutenons-les ! Une personne agressée par les fascistes placée pour la nuit en réanimation irait mieux, mais ses blessures restent importantes. Pas de nouvelles informations sur les autres personnes agressées pour l’instant, le nombre exact nous est toujours inconnu. Nous cherchons toujours des témoignages.
Rassemblement de soutien pour les antifascistes arrêtés, lundi 16 mai à 14h devant le Tribunal de Grande Instance 67, rue Servient Lyon 3e
Vos témoignages sur les évènements de samedi et de la nuit sont les bienvenus sous cet article (et sur la boite mail du collectif69 : apa69 (at) riseup.net ).
Dans la nuit, une ratonnade politique a été organisée par les nazis sur les pentes de la Croix-Rousse, attaquant les lieux alternatifs, bars du quartiers, et surtout de nombreuses personnes, souvent au hasard. Vers une heure du matin notamment, le bar le Phoebus, situé juste à côté du Centre Social Autogéré de la Croix-Rousse, a été attaqué. Bilan : 3 personnes tabassées, dont une personne a dû être hospitalisée, des dégâts matériels (vitres cassées) sont à déplorer également. Une attaque purement motivée par la présence de personnes n’ayant pas la bonne « couleur de peau » devant le bar. Témoignage :
« Hier soir, alors que nous allions au Phoebus, un groupe d’au moins 20 néo-nazis ont attaqué le bar. Je ne savais pas qu’il y avait une manifestation nazie donc je n’ai compris ce qui se passait que lorsqu’ils ont commencé à scander des « bamboulas » à l’adresse du videur, « zieg heil » etc... ils ont balancé des bouteilles sur la devanture, ils sont même rentré un peu à l’intérieur malgré les grilles, puis se sont dispersés. Nous étions deux et étant basané, je me suis éloigné dès que j’ai compris (ils étaient vraiment ultra violents) et on a appelé la police, qui pour le coup sont arrivés en grand nombre peu de temps le moment où on a appelé. »
J’étais au Phoebus, dans la nuit de samedi à dimanche.
Nous étions une trentaine de personnes à l’intérieur, en train d’écouter un concert de musique sénégalaise. Quelque fumeurs était sur le trotoir devant le bar. L’ambiance était paisible depuis le début de soirée. Vers 1h30 du matin, nous avons entendu des secousses venant de la porte vitrée. Ca commençait à cogner assez fort puisque ça couvrait la musique à l’intérieur, malgré le sas d’entrée. J’ai d’abord pensé à une bagarre... puis j’ai vu plusieurs personnes à l’extérieur qui s’acharnait sur la vitre, et qui se sont enfuies en courant et en remontant la rue des Tables Claudiennes. J’ai pu voir des têtes blanches aux cheveux ras, et des tenues noires. Ca s’est calmé un instant. et puis ça a recommencé ; les secousses sur l’entrée du bar étant beaucoup plus fortes, au point de casser aussi la deuxième rangée de vitres qui sépare le sas de la salle... et là j’ai vu les mêmes têtes blanches et cheveux ras qui revenaient en courant et s’abattaient littéralement sur l’entrée du bar... à l’intérieur la panique, les éclats de verre, des cris, des pleurs... certains recommandaient aux « femmes inceintes de se mettre derrière » d’autres voulaient ouvrir les portes et « aller se battre » ; d’autres encore appellaient la police.... ce que j’ai pensé à ce moment là : « s’ils jètent un truc inflammable dans le bar, nous sommes tous morts... »... je suis encore sous le choc 2 jours après.
Lire aussi un autre Témoignage de l’attaque du bar « Le Phoebus » dans la nuit de samedi à dimanche
Auparavant, une descente des fascistes s’est passée sur la place Colbert. Selon nos sources plusieurs personnes ont été hospitalisées suite à ces violences (dans la zone autour du Phoebus et de la place Colbert), certaines dans un état grave, dont une personne (extérieure aux mouvements libertaires ou antifascistes a priori) placé en réanimation pour la durée de la nuit ! [1]
Pas d’élements encore sur les alentours du local néo-nazi où se déroulait hier soir un concert. D’après nos informations, l’omerta règne depuis plusieurs mois parmi les habitant-e-s qui ont peur de représailles.
A 17 h, un simple détour par le pont La Feuillée, près des Terreaux, d’une petite centaine de militantEs antifas, pour rappeler qu’aucun quartier ne doit rester interdit à personne dans Lyon, s’est fait attaqué conjointement par la police et les fafs. Rappelons que la préfecture avait publiquement déconseillé aux Lyonnais-e-s de fréquenter le quartier St Jean pendant tout l’après-midi. Dans quelle mesure est-ce tolérable ? Combien de fois faudra-t-il faire attention où les gens mettent les pieds, en fonction de leurs origines ou de leurs opinions politiques ? Des militantEs antifascistes ont alors été arrêtés, et sont toujours en garde à vue. Un rassemblement de soutien a eu lieu ce dimanche à partir de 13h devant le commissariat du 2e arrondissement, situé 47, rue de la Charité. Un point info aura également lieu en début d’après midi au Salon du livre Libertaire.
Hier après-midi vers 16h30, après la dispersion du rassemblement islamophobe, les identitaires sont passés à l’acte : 3 commerces de St Jean tenus par des personnes d’origine immigrée ont été attaqués, dont un kebab vandalisé rue de la Quarantaine, qui n’a pas compris ce qui lui arrivait, il ne savait pas qu’il était dans leur ligne de mire.
Des personnes (jeunes d’origine turque et maghrébine) auraient également été lynchées en plein samedi après-midi.
Des cris, des insultes, et également des dégradations. Les cibles sont choisies. Des commerçants étrangers qui tiennent des kebabs. L’un d’eux a vu sa vitrine voler en éclats. « On a eu peur, raconte-t-il, je ne comprenais parce ce qu’ils me voulaient, je ne savais pas que j’étais dans leur ligne de mire. Vais-je être remboursé pour ma vitrine ? » s’inquiète-t-il. Plusieurs commerçants de la rue raconteront des scènes identiques.
Une personne a été blessée dans le 6e arrondissement (article Lyon Cap’).
Le Grnnd Zéro Gerland où se déroule un salon de la micro-édition a été menacé.
Questions aux médias "professionnels" et à la préfecture à la vue de ces événements
Article de Lyon Cap de samedi 23 h : Lyon Cap’ réussit encore à titrer sur "Extrême droite/gauche : des débordements malgré des mobilisations très cadrées", renvoyant une fois de plus néo-nazis et antifascistes dos à dos, ce qui commence à vraiment tenir de l’exploit. Certes c’est la stratégie de la préfecture, dont on peut comprendre la motivation consistant à affaiblir des collectifs libertaires puissants à Lyon et bien implantés. Pour Lyon Cap’ on commence à s’interroger si certaines sympathies d’extrême-droite du directeur de publication ou de membres de sa rédaction (voir cette histoire étrange autour de l’agression de Villeurbanne) ne commenceraient pas à se ressentir très clairement éditorialement. Ce qui expliquerait la présence d’une vidéo des identitaires sur le blog de Didier Maïsto.
Dans le Progrès ce matin, on peut lire les propos hallucinants du préfet : « On a assuré la paix publique avec des gens déterminés dans les deux camps à mener des actions violentes ». Quelle est la stratégie de la préfecture de parler d’une guèguerre quand les agressions, organisées, répétées, ne sont le fait que d’un seul "camp" : les fascistes ? Comment ne pas comprendre qu’une partie des militantEs politiques d’extrême-gauche ne soient pas en colère, à la vue encore des camarades agressés encore cette nuit gratuitement ? Que va dire la préfecture concernant les agressions de personnes immigrées ? Qu’il s’agit aussi d’une guèguerre ? Ca suffit ! Face à la montée de ces violences, nous ne pouvons, nous habitantEs proches de ces locaux de haine, personnes immigrées, homosexuelLEs, militantEs politiques pour l’égalité, que compter sur nous-mêmes et développer nos capacités d’auto-défense, tant sur le plan physique que politique (et ce dernier point reste à développer largement).
Une grande majorité de la presse se contente aujourd’hui de reprendre la pseudo revendication d’une traçabilité de la viande hallal. Les faits démontrent eux le second degré de ce discours, qui ne trompe que les journaleux.
Lire aussi :
Implantation néo-fasciste à Lyon : complicités médiatiques et politiciennes
Pour le Progrès, les agressions nazies sont une troisième mi-temps !
Pour le contexte lire Retour sur 2 ans de lutte à Lyon contre l’extrême-droite et ses agressions (Avril 2011)
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info