Soutenons Ramon, esquinté par les flics et inculpé d’outrage et rébellion, à St-Étienne

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Témoin de l’interpellation tout à fait indigne d’un homme modeste de la part de contrôleurs des bus stéphanois, Ramon a été tabassé par des policiers avant 19 heures de garde à vue. De plus, accusé d’outrage et rébellion, il est convoqué au Tribunal de St-Étienne le jeudi 26 avril à 13h30.

Appel à soutien !

Ramon est un camarade libertaire stéphanois de longue date. Depuis des
années, il s’est impliqué dans différentes causes qui lui sont chères, au
côté des sans papiers, dans les mobilisations syndicales, dans le
mouvement contre la mondialisation, pour les transports collectifs
gratuits, au sein de différents collectifs, en défense à différentes
personnes injustement traduites devant les tribunaux. Aujourd’hui, il
participe avec nous et avec d’autres au collectif anti-délation de la
Loire, ainsi qu’au journal Colère, journal d’expressions libertaires de la
Loire.

Depuis des années, inquiet par l’évolution de la situation économique,
sociale et politique du pays, il dénonce les abus, les impasses de la
politique sécuritaire. Malheureusement, il en est victime à son tour et
risque fort d’en payer les frais.

Il passera en jugement le jeudi 26 avril 2007, à partir de 13h30, au
Tribunal de Grande Instance de Saint Étienne.

Avec des camarades, nous nous formons en comité de soutien et vous
appelons à nous rejoindre.

Pour commencer, vous pouvez écrire ou appeler la Société des Transports
de l’Agglomération Stéphanoise et demander que le contrôleur, Mr.
HAMALIAN
, retire la plainte qu’il a émise contre Ramon :

- STAS, BP 90055, avenue P. Mendès France, 42272 St-Priest-en-Jarez Cedex

- Par téléphone : service clients, INFO STAS : 04 77 33 31 35

- Siège social : téléphone : 04 77 92 82 00 ou fax : 04 77 92 82 01

Pour nous contacter :

- colere42(Arobase)no-log.org

- ou bien Cercle de Recherche Syndicale Historique, salle 15 bis,
Bourse du Travail
de Saint Étienne, 42028 Saint Étienne cedex 1 (avec la mention du soutien à Ramon).

Collectif Colère de Saint Étienne


Description, par Ramon lui-même, des évènements le Jeudi 12 avril 2007, à Saint Étienne

Aux alentours de 23h-23h30, rentrant
tranquillement chez moi à pied après un repas chez des amis en centre
ville, je remontais la grand-rue lorsque mon attention fut attirée par un
attroupement de badauds. Me joignant à eux je constatais la scène suivante.

Sur le quai de l’arrêt STAS du tramway, situé à hauteur de la faculté de
lettres, rue du 11 novembre, les forces de police procédaient à une
interpellation. Je fus indigné par la scène que je découvrais :
L’homme, d’un certain âge (à priori cinquantenaire), était violemment
maintenu face contre terre par trois policiers en tenue. Son pantalon
était baissé, de telle sorte qu’on pouvait voir ses fesses et que ses
parties génitales était pressées contre le sol. Manifestement de très
modeste condition, vêtu d’un tee-shirt et d’un bas de survêtement usagé,
avec de l’embonpoint, des signes de précarité sociale et économique,
l’homme apparaissait pourtant comme très inoffensif. Il restait très
calme, se laissant complètement faire, ne prononçant aucun mot, et
grimaçant parfois en stigmates de la souffrance physique qui lui était
occasionnée.

Parmi les badauds, les commentaires allaient bon train, s’attristant sur
la condition de ce « pauvre homme », contre la rudesse, le
sur-dimensionnement des moyens employés.

Au bout de quelques minutes, il fut enfin relevé et conduit plus bas vers
le véhicule de police, qui allait le prendre en charge. Un agent lui
remonta enfin son pantalon.

Écoeuré par ce que je venais de voir, mais ne pouvant rien y faire, je
décidais de poursuivre mon chemin. Après quelques pas et faisant échos à
des commentaires que je venais juste d’entendre, je lançais le terme « 
Fasciste ! », à tue tête et à la volée.

Quelque pas encore, traversant la rue pour rejoindre le trottoir opposé,
c’est alors que je fus violemment pris à parti par un contrôleur de la
STAS, dont, jusqu’à cet instant, je n’avais pas eu conscience qu’il était
présent, ni lui ni ses collègues. Il y avait effectivement beaucoup de
monde et ils n’ont pas attiré mon attention pendant ces instants.

Visiblement très énervé, me rejoignant d’un pas très rapide, il
m’invectivait violemment :
« Quoi ! Tu m’insultes ? Pour qui tu te prends ? Qu’est ce que tu veux ?
Tu me cherches ? ... »
Il se planta devant moi et il me poussa la poitrine avec ses mains à
plusieurs reprises, m’obligeant à reculer. Comme il n’arrêtait pas de
crier, je restais alors complètement silencieux et inerte, comme « 
pétrifié » par son agressivité. Il faut dire aussi que du fait de sa très
forte stature, j’étais particulièrement impressionné. Je savais qu’il
valait mieux que je reste tranquille en face de ce colosse
quasi-hystérique, qui plus est, assermenté et porteur d’un uniforme.
Il était évident que la moindre parole, le moindre geste pouvait me coûter
très cher.

Au bout de quelques instants, un policier en uniforme s’interposa entre
nous. Il demanda au contrôleur de partir et m’intima un ordre similaire.
J’étais comme pétrifié et ne réagis pas immédiatement. Et puis, je me
demandais pourquoi on me donnait l’ordre de partir. J’aurais voulu
répondre au contrôleur. Il y avait plein de monde à cet endroit, je ne
comprenais pas pour quels motifs j’aurais dû m’en aller. Immédiatement,
l’agent agita son tonfa et commença à m’en asséner quelques coups, me
réitérant l’ordre de partir. Mais je restais encore « pétrifié, tétanisé
 », ne disant pas un mot, et ne bougeant les bras que par réflexe, pour me
protéger des coups.

Très rapidement, en une fraction de secondes, j’eus la surprise de me
retrouver à terre, complètement immobilisé, le visage appuyé sur le
trottoir. D’une prise, j’avais été balayé par derrière et au saisi sur le
sol, le visage appuyé contre terre.

J’eus la conscience d’une agitation autour de moi et remarquait
brièvement qu’un agent de police dispersais la foule des badauds avec une
bombe lacrymogène.

Je fus ensuite menotté par derrière puis, pendant quelques minutes, tenu
assis à califourchon, un agent appuyant sur les menottes avec son pied.
On m’emmena ensuite dans un véhicule de police et je fus placé en garde à
vue au commissariat du cours Fauriel, où, outre les conditions normales
d’une garde à vue (isolement et cellules crasseuses), je fus tout à fait
traité normalement.

Je suis maintenant convoqué au Tribunal de Grande Instance de
Saint-Étienne, le jeudi 26 avril à 13h30, pour répondre des faits suivants
 :
résistance avec violence à trois agents de police, et paroles de nature à
porter atteinte à la dignité d’un contrôleur de la STAS.

Je me demande bien ce que j’ai fait pour mériter un tel traitement et suis
surpris de la plainte émise à mon encontre. On m’accuse de violence mais
c’est moi qui ait reçu des coups lors de mon arrestation. Heureusement,
rien de grave, ils sont superficiels, j’ai l’oeil tuméfié, quelques os
endoloris, quelques contusions. Par violence, les agents indiquent que je
me suis mis en garde, un peu à la manière d’un boxeur, mais je ne
cherchais qu’à me protéger des coups de tonfa. Ils disent aussi que
j’essayais de donner des coups de pied lorsque j’ai été saisis. Je n’ai
pas essayé car, au delà du fait que je n’en avais pas du tout l’intention,
j’en étais dans l’impossibilité physique étant donné la rapidité des
évènements et l’intervention ultra-efficace des forces de l’ordre.

On m’accuse d’avoir insulté un contrôleur mais c’est moi qui ait subi une
agression verbale très violente, et presque physique de sa part. Si le
policier ne s’était pas interposé, je me demande même s’il ne m’aurait
pas frappé.

Je précise qu’avec 0,22g d’alcool dans le sang, c’est à dire presque rien
(quelque vers de vin le long du repas), j’étais bien loin de l’ivresse.
Par ailleurs, n’aimant pas la violence, je suis d’un tempérament
pacifique. Je ne me serais pas risqué à chercher la bagarre à qui que ce
soit et encore moins à un contrôleur ou à des agents de police. J’ai près
40 ans, je suis fonctionnaire à la ville de Saint-Étienne, jusqu’à
présent, mon casier judiciaire était resté complètement vierge et j’en
avais une certaine fierté. Je n’ai jamais pratiqué de boxe ni aucun sport
de combat qui m’enseignerait à tenir une garde. J’élève seul et avec peu
de moyens une adolescente de 16 ans. Je suis bien conscient que les
problèmes que je peux récolter lui retomberont dessus, d’une façon ou
d’une autre.

Pour en finir avec mon récit, j’indique que j’étais la troisième personne
à être placée en garde à vue ce soir là pour, tenez vous bien, une affaire
toute bête d’un seul ticket non validé dans le tramway. Les deux autres
personnes sont cet homme, dont je vous ai décris les conditions de
l’arrestation, et sa compagne, elle même une personne modeste et simple.

Avec les méthodes policières stéphanoises, la fin de l’engorgement des
tribunaux n’est pas près d’arriver.

Je voudrais revenir sur le terme « fasciste », sorti de moi comme une
espèce d’indignation. Un policier qui m’interrogeais m’a indiqué que son
grand père avait fait la résistance et qu’il aurait mal pris qu’on
s’adresse à lui de cette façon. Voici ce que j’aurais aimer répondre à ce
contrôleur ou plus tard à ces agents de police, s’ils m’en avaient laissé
l’occasion, mais aussi si je n’avais pas été retenu par la peur que je
ressentais :
- D’un côté le terme « fasciste » paraît exagéré, on sait ce que c’est
qu’une dictature fasciste, c’est autrement plus dur et cela ne convient
pas à décrire la situation de notre pays.
- D’un autre côté, il serait malvenu de qualifier de fasciste une personne
quelconque, même portant un uniforme, qu’on ne connaît ni en noir ni en
blanc,. Je ne chercherais donc pas à étiqueter quelqu’un en particulier de
fasciste. Après tout, que sais-je de sa vie et qui suis-je pour pouvoir me
le permettre ?

Mais pourtant, si on considère que le fascisme est une idéologie politique
qui pratique et prône un état fort, centralisé, une économie libérale,
l’omnipotence, l’omniprésence des forces de répression et une intolérance
aigüe de tout ce qui déroge à la norme établie, système qui se caractérise
aussi par ses inégalités économiques et sociales, force est de constater
que cet incident presque insignifiant est un élément inquiétant à ajouter
parmi tant d’autres, dont beaucoup sont hélas bien plus tragiques, un
élément qui nous signifie une dérive inquiétante, une dérive fascisante de
notre société.

Malgré ce qui m’arrive, je suis aussi très heureux de constater que des
attroupement de badauds se forment lorsque de telles situations se
présentent, qui proposent spontanément leur pratique de vigilance
citoyenne, et qui ainsi permettent de limiter la violence et les abus des
comportements sécuritaires. Merci à eux. Ils oeuvrent pour notre salut à
toutes et tous.

Merci aussi à vous pour votre patience et votre attention me concernant.

Ramon Moya
A Saint-Étienne, le samedi 14 avril 2007.

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