Pendant deux millénaires, les montagnes de la Zomia furent, selon James Scott, une zone-refuge pour les populations d’Asie du Sud-Est. Haut lieu de la résistance à l’État, elles seraient le miroir de notre civilisation destructrice et sûre d’elle-même. Une histoire anarchiste qui fascine et intrigue.
La Zomia flotte pour ainsi dire au-dessus des plaines, à l’abri des postes-frontières et des identités nationales. C’est donc une zone-refuge, un lieu où le pouvoir de l’État ne s’exerce pas, ou si peu. Il ne s’agit cependant pas d’une zone sans relation avec l’État. Tout ou presque y est déterminé par la présence voisine de pouvoirs centralisateurs. Les habitants de la Zomia ont souvent commercé avec les États des plaines, leur fournissant notamment de précieuses matières premières issues des forêts. Les populations n’ont cessé de circuler des plaines vers les montagnes, et inversement, au gré des conditions politiques. Mais le plus important, pour Scott, est que les sociétés des collines sont comme l’image inversée des sociétés étatiques. Pour mieux comprendre l’État, il invite à voyager dans son envers, là où les populations ont cherché à s’en prémunir.
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