Le jeudi 23 Avril avait lieu à Lyon une manifestation (une de plus !) contre les réformes de Valérie Pécresse sur l’enseignement supérieur et la recherche. Composée d’environ 2 000 étudiant-e-s, enseignant-e-s et personnels, la manifestation a emprunté le parcours qui lui est devenu traditionnel au bout de plusieurs mois, à savoir place des Terreaux, rue Édouard Herriot, tour de la place Bellecour puis quais du Rhône jusqu’aux campus de Lyon II et Lyon III. Petite particularité cette fois : pour répondre au nouveau décret de Michèle Alliot-Marie sur le port prohibé de la cagoule, il avait été décidé de faire cette manifestation cagoulé-e-s, par principe, ce qu’a fait un quart des manifestant-e-s environ.
C’est au passage sur la place Bellecour que les manifestant-e-s ont aperçu, de l’autre côté de la place, à l’entrée de la rue Victor Hugo, un camion estampillé UMP. Il s’agissait du camion affrété par l’UMP pour faire la promotion du parti présidentiel lors des élections européennes prochaines. Échauffé-e-s par cette apparition droitiste, environ deux cents manifestant-es décident de traverser la place pour venir entourer le camion, rejoint-es par la suite par le reste des manifestant-es.
Le camion étant déjà protégé par une dizaine de CRS, aucun contact direct n’a eu lieu. Quelques minutes après, ce sont d’autre CRS qui prennent place en renfort autour de la caravane UMP et aux extrémités de la rue. Les slogans fusent, des manifestants improvisent une « ronde des obstinés » autour des CRS et du camion. Lorsque la manifestation quitte les lieux, deux oeufs sont lancés sur la camion. Fin des hostilités.
Mais aussitôt, sur RTL, Xavier Bertrand déclare que plusieurs centaines encagoulés caillassent depuis plus d’une heure la caravane ; dans la journée, le président des jeunes de l’UMP et Phillipe Cochet, président UMP-Rhône, renchérissent : plus de 1 000 personnes violentes, la manifestation n’aurait pas dû passer par là, jets de cannette et crachats, clé à incendie lancée, etc. Entre interview devant les caméras et conférence de presse le soir même, l’intoxication médiatique continue. Les jeunes de l’UMP auraient visiblement aussi écrit un communiqué, que nous n’avons pas mais nous sommes preneurs.
Une partie des déclarations UMP :
« Les mensonges de la conférence de presse » (parmi les vidéos trouvés sur internet)
Phillipe Cochet nous parle d’une horde d’individus cagoulés et de clé à molette
LES MENSONGES
Plus de 1000 manifestants, cagoulés et violents se sont attaqués à la caravane (Xavier Bertrand - RTL)
C’est en fait 200 à 300 personnes seulement qui ont traversé la place Bellecour pour rejoindre directement la caravane UMP depuis le cortège principal de la manifestation. Ce dernier a rejoint l’emplacement de la caravane après avoir fait le tour de la place Bellecour, mais n’est guère resté sur place (soit 200 à 300 personnes devant la caravane et 1500 qui ne font que passer sur place).
Les cagoules avaient pour but de protester contre le décret de Michèle Alliot-Marie qui condamnera à 1 500 € d’amende le fait de se masquer en manifestation, cette action ayant été décidée par les étudiants.
face à face - visiblement TRES TRES violent !
La manifestation n’était pas censée passer devant la caravane (Philippe Cochet et les jeunes de l’UMP)
Faux encore, la manifestation, dûment déposée en préfecture, suit le même trajet depuis plusieurs semaines. C’est la caravane UMP qui a changé son itinéraire (à l’origine il devait être à Caluire) pour se mettre sur cette place. Ce qui explique : 1) que les flics comme les manifestants, n’aient pas eu connaissance de leur présence sur la place avant d’y arriver. 2) que Xavier Bertrand, sur RTL, parle d’incident ayant eu lieu à Caluire. Les jeunes de l’UMP voulaient la plus grande place de France mais ont visiblement oublié de prévenir la police et leur hiérarchie de ce changement de dernière minute.
Les jeunes UMP ont dû tenir sans l’aide des CRS pendant trois quarts d’heure (président jeunes UMP )
Le fait que la DCRI et les CRS aient vu cette caravane, plus l’appel de détresse lancé par les jeunes de l’UMP paniqués à la vue de la manifestation, ont fait qu’une dizaine de CRS se trouvaient déjà autour de la caravane à l’arrivée des manifestants, bientôt rejoints par trois autres groupes de taille similaire, autour de la caravane et sur les bords de la manifestation, aux extrémités de la rue. Ce discours avait été abandonné par les jeunes UMP dès la conférence de presse le soir même.
La preuve de la présence des CRS avant les manifestants
Des jets de cannettes et de divers projectiles (Philippe Cochet)
La caravane à été caillassée pendant plus d’une heure (Xavier Bertrand - RTL)
Manifestants et journalistes contestent cette version (qui change à chaque nouvelle déclaration), seuls deux ou trois œufs ont été lancés. Quand on sait que même la préfecture et la police démentent cette version, on s’étonne que l’UMP s’évertue à la soutenir. Il suffit d’ailleurs de regarder les vidéos prises par les militants UMP (voir ci-dessous), pour comprendre que l’ambiance n’est pas vraiment à l’émeute violente.
Les CRS ont empêché quelqu’un de lancer sur la caravane une clé à bouche d’incendie (Philippe Cochet)
Cette fameuse clé, que Cochet exhibe devant les caméras, sort d’on ne sait où. Non seulement personne ne l’a vue dans la manifestation, ni sur la chaussée après la manifestation, mais si les CRS avaient agi contre un manifestant, pour l’empêcher d’envoyer un tel projectile, ce ne serait pas passé inaperçu. Et une personne qui jette une clé de plusieurs kilos sans se faire arrêter, ça ne correspond pas beaucoup aux méthodes habituelles de la flicaille. D’autre part policiers et journalistes contestent aussi cet épisode, complètement fantasmé.
Le PCF et le NPA sont responsables de cette attaque et doivent des excuses à l’UMP (Philippe Cochet)
Voir un drapeau dans une manifestation veut dire, pour l’UMP, que tout le monde appartient au parti en question. Comme quoi, elle ne comprend vraiment rien aux mobilisations en cours, et est incapable de comprendre que l’on puisse agir sans parti derrière soi, encore moins sans ordre du parti. Un drapeau PCF égaré suffit à faire tomber la responsabilité sur le parti en question.
C’est vrai qu’ils ont l’air stressés et traumatisés par cette attaque, les militants UMP...
Texte et interview de Xavier Bertrand sur RTL, depuis retiré du site sans explication
Les vidéos filmées par l’UMP depuis la caravane :
Voir aussi l’article de Lyon Capitale (avec une interview vidéo de Philippe Cochet bien mensongère) et celui de Ru89
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