Dès le début de l’épidémie de COVID-19 en France, la question des masques de protection est omniprésente. Alors que les soignants viennent à manquer rapidement de masques médicaux, on nous assure que le reste de la population n’en a pas besoin (ou uniquement en cas de maladie ou de contact avec un·e malade). Le ministre de la santé, Olivier Véran déclarait ainsi le 6 mars que « L’usage du masque en population générale n’est pas recommandé et n’est pas utile » [1]. Cependant, une enquête Médiapart parue début avril confirme ce dont on se doutait déjà : les discours sur l’inutilité des masques grand-public sont là pour tenter de cacher la pénurie de masques, qui n’ont pas été stockés ni commandés en nombre suffisant.
La population est donc obligée de s’auto-organiserpour palier aux manquements de l’Etat, dans une logique très « start-up nation ». C’est la débrouille et les tutos fleurissent pour s’équiper soi-même mais aussi pour aider les hôpitaux, Ehpads et autres structures de santé publiques. La demande est grande et les plateformes se créent pour mettre en relation celleux qui ont besoin de masque et celleux qui ont font (les groupes facebook Mask Attack ou encore couturières solidaires de France par exemple).
Coups de com’ sur le nombre de masques distribués
Quand le discours du gouvernement prend un tournant à 180° sur le port du masque, Edouard Philippe reconnaissant dans son allocution du 28 avril que le port de ce type de masque était « préférable » [2], les déclarations « coup de com’ » sur l’équipement en masque se multiplient.
Concernant Lyon, mi-avril, Gégé annonce la commande de 550.000 masques [3] puis le chiffre passe à 1,5 millions de masques commandés [4], David Kimelfeld annonce quant à lui que des masques seront distribués à chaque habitant·e de la métropole et qu’une commande de 2 millions de masques a été réalisée (et ils sont fabriqués localement s’il vous plaît !) [5], Laurent Wauquiez n’est pas en reste et promet lui aussi des masques et annonce la distribution prochaine de 9 millions de masques sur la région Auvergne Rhône-Alpes [6].
A Lyon, chanceux·ses que nous sommes, nous devrions donc nous retrouver avec 3 masques « grand public » lavables chacun·e !
Pas de fils pour les couturier·e·s de la Métropole
Surfant sur la vague de solidarité des couturier·e·s solidaires, de nombreuses collectivités en France ont recours à des couturier·e·s bénévoles pour coudre les masques. Elles sont nombreuses à témoigner pour dénoncer le travail gratuit qui leur est demandé, et un collectif s’est créé pour dénoncer l’ampleur qu’ont prises ces demandes, sous le nom de « Bas les masques ! » [7] et une pétition a été lancée le 1er mai pour interpeller les médias et les acteurs publics.
La métropole de Lyon ne se gêne pas pour le faire aussi en lançant une plateforme de couturièr·es solidaires, cet article publié il y a quelques semaines sur Rebellyon montrait déjà comment « Kimelfeld en appelle au bénévolat des femmes pour tenir son engagement en lançant #CouturièresSolidaires. ».
(remarquons que pour Kim « couturière » c’est au féminin mais par contre « fabricant » et « imprimeur » c’est au masculin)
Alors qu’il promettait sur son compte Twitter que les matières premières seraient fournies, en plus de ne pas être rémunérées, plusieurs personnes se plaignent déjà que tout ne leur a pas été fourni pour faire les masques. Ni fils à coudre, ni aiguille pour machine. C’est donc environ 10€ qu’il faut sortir soi-même de sa poche [8] pour aider la méga-collectivité de la Métropole de Lyon !
Pour une commune de campagne de 500 habitant·es cela pourrait se comprendre mais pour une mairie qui veut financer un anneau des sciences à 4 milliards d’euros [9]mais qui n’a pas les moyens de payer une bobine de fils, on se dit que c’est une très mauvaise blague...
D’autre part, des masques de la Ville de Lyon et de la Région ont aussi été commandés auprès d’entreprises. Cependant, il y a de fortes chances qu’ils aient eux aussi été fabriqués par des « petites mains » bénévoles ou payées au lance-pierre, puisque les entreprises aussi n’hésitent pas à y avoir recours quand elles le peuvent [10] .
Où sont les masques ? Ya t’il des masques ?
En plus d’avoir exploité la générosité des couturièr·es bénévoles, pour l’instant et malgré les annonces de Gégé, Kimelfield ou encore Wauquiez, la majorité des habitant·e·s de Lyon n’aura reçu aucun masque.
Contrairement à la plupart des autres villes de la Métropole - et de France - , qui envoient les masques par voie postale, la solution qui a été retenue à Lyon est de s’inscrire sur une plateforme pour demander un créneau horaire.
Sans surprise, celle-ci a été prise d’assaut [11] et en essayant de s’inscrire quelques heures après son ouverture, il n’y avait déjà aucun créneau disponible avant le 25 mai !
La plateforme a aussi déjà rencontré des bugs, notamment avec l’inscription via smartphone [12].
La blague passe d’autant moins bien, que dans le même temps un courrier papier à été adressé à tout·es les lyonnais·es dans leurs boîtes aux lettres leur expliquant la démarche pour récupérer ces masques.
On ne comprend donc pas la logique d’envoyer un courrier pour demander d’aller chercher un masque alors qu’il aurait été bien plus logique d’envoyer directement ces masques dans ce même courrier. A moins qu’en fait les fameux stocks ne soient pas encore là ?
Quant aux masques de la Métropole et de la région, c’est le même tarif. Un article du Progrès du 4 mai indiquait qu’afin de limiter les lieux de distribution et donc de rassemblement, le Maire de Lyon a proposé au Président de la Région Auvergne Rhône-Alpes ainsi qu’au Président de la Métropole qui l’a accepté de distribuer également leurs masques, sur les sites mis en place par la Ville." [13]. C’est donc un petit paquet de 3 masques lavables gratuits qui nous attend... mais pas avant 15 jours !
Les annonces de Collomb, Kimelfeld et Wauquiez ne protégeant pas du virus, on se retrouve donc une fois de plus à devoir se débrouiller. Dans une des collectivité les plus riches de France la couleuvre est un peu dure à avaler.
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