Lavapies s’en lave les mains

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Ou comment dans un quartier populaire de Madrid des manifestants ont fait fuir les flics qui devaient expulser une famille sans papier.

Mardi 5 juillet vers 21h, alors que la température baisse enfin à Madrid, le quartier populaire de Lavapies s’échauffe. J’entends des cris et je vois les casques de la police nationale. Face à eux, une centaine de manifestants brandissent le poing. Des Africains, des Pakistanais, des Sud-américains, des Européens. En m’approchant de la scène, je pose des questions à droite à gauche, et commence à recoudre le fil de l’evènement. Tout d’abord c’est la police qui tente d’expulser les habitants d’un appartement du quartier. Ils sont clandestins, et ce n’est pas exactement la meilleure situation possible en Europe. Mais alors que la police tentait de pénétrer dans l’immeuble, une poignée de "15M", les Indignés du 15 mai, s’interpose. En quelques secondes, de portable en portable, de fenêtre en fenêtre l’information fait le tour du quartier le plus vivant et le plus coloré de la ville.

Lavapies se vexe, Lavapies crie, et Lavapies affronte la police. Pas physiquement, et c’est là que l’anecdote devient légende. Aux cris de " Policia fuera del barrio" ( La police hors du quartier) , et " Ningun ser humano es ilegal" (auncun être humain n’est illégal) , la plus belle populace, mélangeant Dakar, Cali, Bilbao et Pondicheri, entoure la police. S’ensuit alors un face à face d·une dizaine de minutes. Les Indignés s’indignent, les policiers observent la paix qu’ils ne savent pas s’ils pourront garder longtemps. Les "tombos", comme on les appelle ici, ont revêtu leur uniforme intégral, sachant que les interventions à Lavapies ne sont jamais de tout repos. Flash-ball, gaz lacrymogène, canon à eau pour emmener une famille "illégale" dans un camion aux vitres grillagées. Et pourtant. Et pourtant aucun n’utilise son équipement, et après plusieurs minutes de tension, ils tournent les talons, et la vingtaine de "tombos" remonte dans ses camions et rejoint ses pénates.

La famille concernée par l’intervention, du haut de son immeuble, observe la scène. Et c’est alors que la centaine de jeunes et moins jeunes qui ont fait face à l’expulsion réalise ce qui vient de se passer. C’est une explosion de joie digne d’une victoire de rugby dans un film de Clint Eastwood. " El barrio se queda ! " : le quartier reste, et les Indignés montrent qu’ils ont encore la force de lutter pour changer leur pays. Devant moi un Africain rayonnant de bonheur s’adresse en français à un homme à la barbe aussi blanche que sa peau est noire : « ils voulaient les emmener mais non, non, pas du tout, ils sont partis eux-même, comme ça, avec la peur de nous ! »

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