« Liberté totale, pour tous »

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Le 20 Juillet, il y à trois mois, j’étais arrêté avec 6 autres personnes et emprisonnés aux Valettes, avec l’accusation de dévastation et de pillage pour heurts lors de la manifestation antifasciste du 18 juin, à Po.

A partir du 8 août moi, Sacha, Mauro, Manu, Tobia, Darco et Fabio, nous nous retrouvons assignés à domicile ainsi que Enrico et Luca peu de temps après, et dernièrement Roberto qui vient d’être libéré de la prison des Valettes après 21 jours de détention (le 26 octobre à 22h30) et qui lui aussi est assigné à domicile. Le 3 octobre le parquet a fermé les enquêtes préalables. Nous sommes vingt à être inculpés, dix pour la manifestation antifasciste, dix pour les troubles devant le centre de rétention. Pour la manifestation du 18 juin les dix personnes sont accusés de dévastation et pillage (art. 110 et 419 du code pénal), mais aussi de manifestation non autorisée, endommagement et lésions. Cinq agents de police, pour grossir le maigre dossier et pour faire augmenter « les points carrières », se sont considérés partie civile.
Pour bien faire cadrer les comptes et faire un chiffre rond, ils viennent d’ajouter l’infâme et absurde accusation de lésions alors que Silvio et Massimiliano ont été arrêtés juste après les heurts. Ainsi, en plus des 20 jours de détention aux Valettes, s’ajoute cette accusation qui est contenue vicieusement dans les articles 110 et 419 du c.p..

On ne sait pas, pour l’instant, qu’elle sera la date exacte de l’audience qui fixera les données du procès, en attendant les assignations à domicile continuent. Le 18 octobre le procureur Prunas Tola a rejeté notre demande de libération avec obligation de signature au commissariat : "retenu que la gravité des faits commis rend toujours le danger de récidive possible, danger qui peut être sauvegardé au moins avec la mesure des assignations à domicile". Tout est bien orchestré, vu que les contestations des délits, pour lesquels est prévu la détention de 8 à 15 ans, ont rendu possible cette situation paradoxale de séquestration légale de personne.

A partir du 12 septembre j’ai recommencé à travailler et chaque matin lorsque je sors de chez moi, me vient en mémoire une MACABRE vision du slogan du camp polonais Auschwitz : « LE TRAVAIL REND LIBRE »

Lodovico Paletto dans "La Presse" du 21 Juillet, écrivait en parlant des preuves filmées et des photographies réalisés par la police « Photos limpides qui les (les inculpés) immortalisent pendant qu’ils entrent dans les bars de Po ou bien pendant qu’ils bougent derrière la barricade". En somme les preuves bétons... celles classiques, en d’autres temps chevaux de bataille des procureurs Laudi et Tatangelo, bourreau d’Edo et Sole (militants anarchistes s’étant suicidés en prison après avoir été injustement accusés de terrorisme, le troisième ayant été disculpé seulement après 6 ans de détention pour faute de vraie preuve, celles apparaissant dans le dossier étaient montées de toute pièce par ces mêmes procureurs). En regardant les actes d’accusation filmés et photographiés, on s’aperçoit de l’énorme montage qu’il y derrière tout cela, il n’y a pas matériellement d’images ou de photos qu’ils reprennent dans l’enquête pour les actions contestées, donc aucune preuve sur le fait de la participation au cortège.

Preuves inexistantes.

Accusations infâmes.

Arrestations clairement ciblées.

Arrestations destinées à réprimer et menacer les contestataires et les actions de protestation avant et pendant les jeux olympiques.

Nous sommes des otages de cette répression.

Il suffit de penser à la rapidité des événements :
- L’agression aux couteaux au Barocchio, produit à l’aube du 12 juin,
- l’évacuation de l’Observatoire Ecologique (troisième en deux mois !) à l’aube mardi 14 juin,
- le cortège antifasciste du 18 juin, les arrestations, les dénonciations et la séquestration du Fenix du 20 Juillet,
- l’évacuation et les dénonciations des occupants de Rrosalia et Alcova lundi 26 septembre.

Tout aussi rapide la trame répressive qui veut affaiblir le mouvement antagoniste turinois et paralyser n’importe quel action de contestation.
Malgré la clarté du plan, le préfet de Turin dans la presse du vendredi 14 octobre, suite à la tentative de réoccupation de la Rrosalia, a déclaré : "aucune stratégie olympique, il n’y a pas de dessein généralisé d’évacuer tous les centres sociaux (...) On intervient en fonction des circonstances et de l’urgence". Donc l’urgence en question, qui arrive directement de Rome, est de faire table rase des maisons occupées et les circonstances sont les Jeux Olympiques.

Qui ravage ? Qui dévaste ? Qui séquestre ?

J’espère qu’à toute cette farce il y aura une fin, une fin qui s’appellera liberté, cette liberté maintenant liée à moi comme aux autres arrêtés, cette situation qui nous transforment en geôliers de nous mêmes, la négation de la vie libre tous les jours.

Les intimidations et les actes de répression continueront.
Chaque type d’initiative pleine de fantaisie et de contestation s’exprime avec le cerveau et le cœur.

Notre voix ne doit pas être passer sous silence et encore moins lorsqu’il est imposé par la répression.
Une embrassade, près de vous au plus vite.

LIBERTE TOTALE POUR TOUS

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