À Gaza, c’est l’horreur, mais les manifestations partout dans le monde, un réconfort

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Des millions de personnes sont aux côtés des Palestiniens, alors que leurs gouvernements sont complices des massacres et soutiennent de fait Israël dans ses crimes de guerre. Comment peut-on se conduire de la sorte, bafouer sans arrêt le droit international, larguer des bombes à uranium, quand on se dit civilisé ? Alors qu’Israël fait tout pour les faire partir, les Palestiniens sont déterminés à résister même dans une situation aussi catastrophique, et « inébranlables » à rester sur leur terre. C’est Rami Almeghari, journaliste de Gaza, qui nous le dit.

À Lyon, ce sont plus de 23.000 personnes (et 8.000 à Grenoble) qui ont exigé d’Israël l’arrêt immédiat du carnage de Gaza lors de la Manifestation ce Samedi 10 janvier à 14h30 de la Préfecture à Bellecour - Terreaux - Bellecour.

Lors de la manifestation-veillée ce mercredi 14 janvier à 18h PLACE BELLECOUR, ce sont plus de 1500 personnes qui ont écrit GAZA en lettres de feu.

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GAZA en lettres de feu écrites par les Lyonnais sur la place Bellecour le mercredi 14 janvier 2009
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Gaza va se relever malgré tout, Gaza vivra !

- CE SAMEDI 17 JANVIER À 15H PLACE BELLECOUR DEUX HEURES POUR GAZA ! De nombreux Lyonnais en colère étaient au rendez-vous pour dénoncer la complicité des médias dans ces horribles massacres à GAZA, la complicité de Sarkozy (et ses gesticulations partisanes), de l’Union Européenne (qui, si elle respectait ses engagements, ne devrait plus commercer avec Israël), de l’ONU, des pays arabes..., et aussi pour exiger la traduction devant un tribunal pénal international de tous ces criminels de guerre israéliens. Ils appellent tout le monde à boycotter les produits israéliens (agrumes, avocats, jus de fruits etc... comme le fait la Suède, la Norvège, le Danemark, la Jordanie...) ainsi que d’autres marques* qui soutiennent Israël.

Une longue chaîne humaine s’est formée tout autour de la place Bellecour pour symboliser et hurler contre l’horreur de toutes ces morts à Gaza.

Dimanche 18 janvier, au 23e jour de ce carnage de Gaza par Israël (encore un Palestinien tué ce matin alors qu’Israël ose parler de trêve...) : avec 1299 tués, dont 423 enfants, et 5320 blessés graves, dont 500 sont entre la vie et la mort, alors que des dizaines de milliers de personnes sont sans abris, sans eau, sans nourriture, complètement traumatisées !

(*) Carmel, Jaffa, Sunkist, Minute Maid, Carrefour, MacDo, Nestlé, Danone, Hägen-Dazs, Coca-cola, Pepsi, Buitoni, Maggi, L’Oréal, Lancôme, Nokia, Marlboro, Levis’, Celio, Hugo Boss, Dim...
et tous les produits « made in Israël » : ils ont un code-barres commençant par
729.

Ce que l’on ne dit pas :
- c’est qu’Israël veut vraiment détruire la société palestinienne en tuant, jour après jour, non seulement les membres du Hamas, mais aussi de nombreuses personnes qui tentent de prendre en charge la vie sociale à Gaza, ...mais aussi en ex-Cisjordanie (responsables de centres sociaux, d’associations etc...) ;
- c’est qu’Israêl a incarcéré 700 Israéliens qui manifestaient contre la guerre à Gaza.

« Nous savons désormais, nous Palestiniens, qu’il y a, au-dehors, de nombreuses personnes humaines qui sont à nos côtés. »

« Les habitants de Gaza sont vraiment surpris par l’ampleur sans précédent des manifestations populaires et des rassemblements de protestations à travers le monde, ce qui va droit au cœur du peuple palestinien actuellement cruellement attaqué. Pour eux c’est comme une lumière qui luira au bout de ce très sombre tunnel. Inversement, les gens, ici, sont très indignés par les réactions des gouvernements partout dans le monde. »

On voit dans ce que dit Rami Almeghari, journaliste palestinien habitant la bande de Gaza, que les gouvernements ne sont en rien représentatifs de la volonté des peuples, pas le moins du monde.

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Lyon - 3 janvier 2009 - Manifestation de 15.000 personnes contre les massacres d’Israël à Gaza

« Personne parmi les gouvernements ne se soucie de nous, comme si nous, les Palestiniens, venions d’une autre planète, comme si nous n’étions pas des humains. »

Les gouvernements des États dit démocratiques sont complices et de fait soutiennent Israël dans la barbarie raciste de cette guerre contre le peuple palestinien sous occupation, dans l’extrême sauvagerie de l’armée israélienne contre les habitants de la bande de Gaza.

« Assez de ronds de jambes hypocrites de Sarkozy pour faire patienter l’opinion pendant qu’Israël commet son massacre à Gaza ! » écrit le Collectif 69 de soutien au peuple palestinien. Pour obtenir la paix, il n’a pas besoin de se pavaner. « Sarkozy n’a pas besoin de voyager, de son bureau il peut peser sur l’agresseur en respectant tout simplement le droit international et les attendus des accords Israël / Union européenne en sanctionnant l’état d’Israël. »

« La politique du deux poids et deux mesures est intolérable. » Comme est intolérable cette impunité que l’on accorde à Israël, et qui est criante au sein des différents médias dominants français, tous à la botte du pouvoir. Les journalistes que l’on entend à la radio et à la télé sont aussi complices de cette guerre infâme.

Ce qui se passe est une effroyable injustice. Le droit international est bafoué continuellement par Israël. « Il n’y a jamais aucun respect du droit international quand il s’agit de victimes arabes et musulmanes. » écrit Silvia Cattori, une journaliste suisse qui a réussi à joindre Rami Almeghari le soir du dimanche 4 janvier 2009. Voici ce qu’il écrit.

Gaza, l’horreur

« Ma famille est de Karatiya village à quelques kilomètres de la bande de Gaza, dans ce qui est maintenant appelé Israël. Karatiya est l’une des 450 villes de la Palestine historique qui ont été nettoyées par les milices sionistes en 1948, entraînant le déplacement de ma famille ainsi que des centaines de milliers d’autres Palestiniens.

Je vis maintenant dans le camp de réfugiés de Maghazi dans la bande de Gaza, qui est actuellement bombardé par Israël avec des avions F-16 américains.

La situation ici est très, très dangereuse. Indescriptible. Même nous, reporters journalistes, nous n’arrivons plus à suivre les nouvelles. Elles arrivent alarmantes seconde après seconde. Je fais de mon mieux pour savoir ce qui se passe dans les différentes zones.

Toutes les communications sont coupées ; tout le réseau de communication de Gaza a été endommagé. Je peux communiquer un peu car je suis branché sur un groupe électrogène. J’utilise la plupart du temps mon ordinateur quand il y a de l’électricité. Et il y a des coupures d’électricité qui se prolongent tout au long de la journée. Mais le groupe électrogène a besoin de carburant, ce qui est rare ici, car tout est verrouillé, Israël a fermé complètement la frontière de la bande de Gaza. Dans peu de temps je vais manquer de carburant pour faire fonctionner le groupe électrogène et l’ordinateur ; ce sera catastrophique, car je suis journaliste.

C’est une véritable catastrophe ! Nous sommes immobilisés à l’intérieur de nos foyers. Tout est paralysé. Il n’y a rien qui bouge, hormis les ambulances qui transportent les morts et les blessés parmi seulement ceux qui peuvent être évacués. C’est une situation désastreuse et personne ne peut savoir ce que cela va encore nous réserver. C’est une terrible injustice faite aux Palestiniens ! »

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Al Daraj, banlieue de Gaza-ville - 27 décembre 2008 12h15

« Comment ces gens, les Israéliens, qui disent être civilisés peuvent-t-ils se conduire de la sorte ? »

« C’est une vraie guerre. Une guerre très épuisante et traumatisante psychologiquement. La nuit dernière, les forces israéliennes ont envahi la bande de Gaza et il y a de violents combats dans le nord et à l’est de la ville de Gaza. L’invasion terrestre a frappé d’abord le nord de Gaza. C’est à Jabaliah qu’il y aurait eu les plus violents combats.

Dans l’est de la ville de Gaza, il y avait des affrontements dans Shajaiyeh. L’armée israélienne a divisé la bande de Gaza en deux, c’est en effet confirmé. Les chars israéliens se sont avancés encore plus loin à l’intérieur de la bande de Gaza aujourd’hui, et selon des témoins, des chars sont présents à l’ancienne colonie israélienne de Netzarim, au sud de la ville de Gaza. La nuit tombe sur la bande de Gaza autant que les bombardements israéliens qui se poursuivent sur les différentes zones de cette région. Le nombre de victimes depuis l’invasion terrestre est, malheureusement, de plus de 50 tués, et de plus de 200 autres blessés. Parmi les personnes tuées il y aurait 15 enfants.

L’une des frappes aériennes a touché une maison dans le quartier Al-Touffah de la ville de Gaza, coûtant la vie d’une maman et de ses quatre enfants à l’intérieur de leur maison. En outre, ce matin, les forces israéliennes ont pris pour cible le marché Firaz, très populaire, à proximité de l’hôtel de ville de Gaza. Cinq personnes ont été tuées et plus de 15 autres blessées.

Ils sont toujours en train de bombarder et de tout raser. Les autorités d’Israël ont dit qu’elles allaient encore engager plus de troupes. Comment ces gens qui disent être civilisés peuvent-t-ils se conduire de la sorte ? Quel genre de civilisation est-ce ? »

Israël largue des bombes à uranium !

« Il est à signaler que les Israéliens utilisent des bombes à uranium appauvri. Beaucoup de médecins dans les hôpitaux rapportent que des ecchymoses, des brûlures et des fractures sur le corps des blessés et des morts proviennent de ces types d’armes illégales. En effet les bombes à uranium sont interdites en vertu du droit international. Déjà, dès 2004, l’armée israélienne avait utilisé des bombes à uranium appauvri. Cela a été publié. Mais aucun État n’a jamais condamné Israël. »

La lutte des Palestiniens : résister pour exister

« À la suite des combats dans le nord de la bande de Gaza, on signale qu’une douzaine de soldats israéliens ont été blessés, en plus de soldats et d’officiers qui ont été tués, ce qui a été confirmé par les médias israéliens. Cela indique que la lutte de la résistance s’intensifie, notamment avec le Hamas, le parti au pouvoir, qui a été attaqué par Israël au cours des deux dernières années et demie.

Tout cela nous frappe si durement parce qu’un mouvement religieux est arrivé au pouvoir par les urnes ! C’est vraiment paradoxal ! Que ceux qui nous gouvernent soient islamiques ou pas, la Palestine représente une situation unique qui devrait être traitée avec tact. Très délicatement. Mais les pouvoirs qui participent à notre écrasement ne veulent pas l’entendre, ne veulent pas nous traiter avec compréhension. Malheureusement pour nous, il y a des gouvernements arabes et des partis palestiniens (le Fatah et les autorités corrompues de Ramallah financées par l’Union européenne et les Etats-Unis) qui aident l’occupant à nous écraser.

Le Hamas, ce n’est pas un gouvernement ; Gaza, ce n’est pas un pays. Israël et la communauté internationale ont empêché le Hamas, une fois élu, d’avoir un réel gouvernement et des moyens de faire fonctionner les institutions. Il a fait du mieux qu’il a pu avec le peu de moyens dont il dispose. »

Inébranlables, malgré la peur, ces Palestiniens !

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Abasan, près de Khan-Younès, sud de la bande de Gaza - 17 novembre 2006

« J’ai constaté que mes voisins ont beaucoup de patience face à ce qui se passe actuellement. Ils n’ont aucun endroit où aller et ils restent près de leur domicile, en supposant bien que le pire est encore à venir. Néanmoins, ils disent qu’ils ont la volonté ferme de rester dans leur pays, dans leur quartier et dans leur maison, même si Israël détruit complètement la bande de Gaza. Ces personnes sont des réfugiés depuis six décennies et ce conflit est l’un parmi d’autres de leur existence. Les Israéliens ne veulent pas que les Palestiniens existent et ils espèrent qu’ils partiront en Égypte et en Jordanie. Les réfugiés palestiniens le savent bien et ils ont la volonté inébranlable de rester sur leur terre.

Nous sommes nés ici ; nous ne pouvons pas partir ; nous n’allons pas partir, même s’ils tirent au-dessus de nos têtes et détruisent nos maisons. Je ne partirais pas. Où aller ? Là où le régime égyptien va me torturer ? Me réprimer encore plus que les Israéliens ? C’est un régime très répressif.

Un de mes voisins a dit que, même si Israël détruisait complètement la bande de Gaza, il y a des millions de Palestiniens en dehors qui pourraient simplement continuer la lutte contre l’occupation israélienne. Je ne dis pas ça pour être sentimental, mais c’est ce que les gens disent. Les gens ont peur pour leur vie, mais ils sont beaucoup plus préoccupés par leur existence en tant que peuple, par leur patrie, par leur histoire et par leurs racines dans cette partie sacrée du monde. »

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Rami Almeghari a 31 ans. Il écrit entre autres sur le site Electronic Intifada. Il peut être contacté à Gaza par internet (en anglais, ou en arabe) :
rami_almeghari (Arobase) hotmail.com

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