BAC de Lyon : 9 dents cassées en quête de justice

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Comptes-rendus de justice 1 complément

Le procès a lieu vendredi. Un véritable cas d’école : images de la scène en abondance, loi du silence et coup de matraque « oublié » par la justice. En trois épisodes cette semaine, Flagrant déni décortique une valse de l’impunité policière qui a duré deux ans… et n’est peut-être pas terminée.

10 décembre 2019, place Bellecour à Lyon, Arthur manifeste. Des images le montrent en train d’applaudir. Treize secondes plus tard, il est au sol, la bouche en sang, avec neuf dents cassées et la mâchoire fracturée. Que s’est-il passé ? Une poignée d’hommes illégalement cagoulés et portant un sigle « police nationale » sur leur tenue sombre l’ont agressé : des policiers de la BAC. La meute policière essaie d’empêcher la foule de s’approcher, avec notamment 10 tirs d’armes à feu en 40 secondes (LBD et lanceurs de lacrymos). Une balle blessera un vidéaste. Mais la scène de violences est captée sous 4 angles différents : trois vidéos et plus d’une centaine de photos d’une excellente qualité.

Trois questions pour un procès

Les images, c’est le centre de ce procès « cas d’école ». Rarement scène de violences policières aura été enregistrée sous autant d’angles de vues. Et pourtant, il n’est pas sûr que les policiers agresseurs soient condamnés. Comment la justice a-t-elle pu en arriver là ? C’est l’une des trois questions centrales du procès qui va s’ouvrir. Seconde question : que compte faire l’institution policière des fautes disciplinaires commises par ses ouailles ? Pour l’instant, elle reste muette sur d’éventuelles sanctions. Est-ce un blanc-seing accordé aux agresseurs et aux maillons de la chaîne qui ont couvert les faits, jusqu’au plus haut de la hiérarchie lyonnaise ? Troisième, et principale question pour la justice : qui a cassé les dents d’Arthur ? En trois épisodes jusqu’au jour du procès, Flagrant déni décortique cette valse de l’impunité en trois temps :

Acte 1 : coup de matraque oublié
Acte 2 : loi du silence
Acte 3 : justice par omission

Trois reports, deux ans d’impunité

Dès le départ, la police puis la gendarmerie refusent de prendre la plainte d’Arthur. C’est uniquement grâce à la publication d’images choc dans la presse que l’enquête démarre le lendemain. Fin janvier 2020, l’IGPN identifie tous les protagonistes de la scène. Le 10 décembre 2020, pile un an après les faits et en plein débat sur la « LSG », deux policiers de la BAC sont renvoyés devant le tribunal. Mais l’avocat de la défense étant absent, la justice décide d’un premier report. Deuxième tour au tribunal le 23 février 2021. Coup de théâtre : Arthur produit des images dans lesquelles on voit un coup de matraque jusqu’ici oublié de la justice. Le procureur découvre ces « éléments nouveaux » du dossier… qui figurent pourtant à la procédure depuis des mois. L’avocat des deux policiers demande un supplément d’information, que la justice accorde. Rendez-vous en septembre 2021. Mais l’un des deux experts saisi tarde à rendre sa copie, provoquant un nouveau report. Deux ans après les résultats de l’enquête, les agresseurs courent toujours. Mauvaise blague de la justice ? Le procès doit se tenir ce vendredi 1er avril 2022. Reste à espérer que cette fois, elle ne posera ni poissons, ni lapins.


Illustration de Laura

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