Communiqué des parents de Serge n° 4
Un mois après le tir de grenade qui a gravement blessé à la tête notre fils Serge, le 25 mars 2023, lors de la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline, l’incertitude subsiste concernant son avenir.
Selon les critères médicaux purement cliniques, Serge est sorti du coma. Cela signifie qu’il entrouvre les yeux, mais nullement qu’il est réveillé.
Les soins qui lui ont été dispensés depuis son arrivée à l’hôpital ont visé à juguler diverses lésions et infections. Celles-ci ont pour origine le tir de grenade dont il a été victime, mais aussi les conditions dans lesquelles les premiers secours lui ont été dispensés sur les lieux mêmes de la manifestation – les forces de l’ordre interdisant aux pompiers et aux ambulances d’accéder aux personnes blessées pour les prendre en charge.
Ces soins ont contribué à ce que l’état de Serge, qui reste d’une « extrême fragilité », ne se dégrade pas davantage. Cela permet d’espérer son retour à la conscience, mais ce n’est pas encore le cas.
A ce jour, il est impossible d’affirmer que Serge va recouvrer ses esprits et l’usage de son corps (ses membres et ses sens, sa capacité de respirer et de parler) ou d’évaluer les séquelles de sa blessure, et une rechute infectieuse demeure à craindre.
Son pronostic vital reste donc engagé. C’est pourquoi nous dénonçons toute utilisation qui pourrait être faite de la sortie de son coma : Serge est malheureusement fort loin d’être tiré d’affaire. Prétendre le contraire serait un pur mensonge.
Les parents de Serge,
le 26 avril 2023
Merci de diffuser ce communiqué le plus largement possible.
Les camarades du S. Communiqué n°4 : Le défi de l’autonomie
Notre camarade Serge se bat pour revenir parmi nous et le fait avec une détermination implacable. Ce combat qu’il mène, que nous menons, contraste drastiquement avec l’ambiance de fin de mouvement que l’État, par l’arrogance, la répression et la promesse du pire, tente de faire avaler aux gens en lutte. Alors que les syndicats cherchent à tout prix une porte de sortie pour cacher, tant bien que mal, la déculottée que leur administre le gouvernement depuis maintenant quatre mois, nous sommes nombreuses et nombreux à rester déterminés pour que rien ne se passe comme les tenants de l’ordre social l’espèrent. Mais comment peut-on faire ?
Depuis le 25 mars, les camarades du S tentent d’appuyer les multiples initiatives de débordement qui, selon nous, correspondent au dépassement du train-train syndical, au renforcement de la lutte, à la solidarité offensive, pour la révolution. Il nous tenait à cœur de rappeler, depuis notre position spécifique dans le mouvement, que la solidarité envers les blessés et les enfermés se fait par le renforcement de la lutte, et non dans les seuls méandres du face à face avec l’État et ses tribunaux. Les initiatives de débordement, dont la face émergée brille de mille feux de poubelles dans les rues, se fabriquent dans le mouvement, à l’occasion de rencontres opportunes et d’organisations collectives concrètes pour donner de la force à toutes celles et ceux qui luttent aujourd’hui. L’auto-organisation des prolétaires, qu’il s’agisse de coordinations, de réseaux, de collectifs, de groupes, etc., nous permet d’imaginer la suite, loin du tempo imposé qu’on vomit à chaque dispersion. Le risque dans le moment actuel est de se perdre de vue, que la vague se retire et que chacun échoue dans son trou. La semaine du 1er mai s’annonce comme un moment important, et il ne tient qu’à nous d’en faire une rampe de lancement pour construire nos forces. La semaine d’actions à l’appel des camarades du S, en dédicace aux blessés et aux enfermés, peut s’y prêter, pour renforcer le camp de celles et ceux qui ne lâcheront rien.
Nous ne nous poserons jamais en centralité à rejoindre pour la simple et bonne raison qu’un mouvement sans tête ne se dissout pas et qu’une direction, qu’importe son apparat radical, finit toujours par avoir ses propres intérêts, opposés aux nôtres. La trahison s’impose comme funeste destin et avec elle, la répression tous azimuts de ce qui donne de la force au mouvement. Nous le répétons : qu’importe le régime de gouvernement de la vie capitaliste contre lequel on se bat aux quatre coins du monde, aucune concession ne nous sera faite. Renforcer nos capacités d’auto-organisation, par le biais d’assemblées autonomes, de réseaux de lutte, de groupements spontanés, qu’importe la forme tant qu’elle est horizontale, est peut-être le défi qui s’impose à nous aujourd’hui. Il s’agit là du défi de notre autonomie, pour ne plus avoir à subir les généraux de mouvement et leur encadrement. Nous ne serons jamais de bons petits soldats.
Nous réitérons notre appel à action de la semaine du 1er mai et nous nous engageons à en faire le relai de la façon la plus efficace possible, pour que chacun, selon ses besoins et ses moyens, puisse y participer.
Force aux petits du 20e parisien que les flics ont essayé de tuer.
Force à Serge et à tous les blessés et enfermés, encore !
Vive la révolution mondiale !
Les camarades du S
Ps : N’hésitez à nous faire parvenir les actions de solidarité à s.informations@riseup.net. Nous les relaierons sur le blog lescamaradesdus.noblogs.org et les réseaux Insta (@camarades_du_d) et Tweeter (@CamaradeDuS)
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