Débordons, réinventer le cortège de tête.
Le mouvement social des retraites a commencé de manière enthousiasmante : nous étions deux plus de 2 millions dans les rues. Une évidence apparaît pourtant, le nombre n’est pas suffisant. Les gilets jaunes ont démontré que seule une offensive originale et innovante peut faire trembler le gouvernement.
En ce sens, le cortège de tête s’est posé comme l’espace où cette volonté de dépassement du défilé traditionnel s’exprime. Cet acquis politique du mouvement contre la Loi travail de 2016 a beaucoup apporté à nos luttes car il s’est imposé comme un espace en parallèle de la gauche traditionnelle, un point de conflictualité avec les forces de l’ordre, et une véritable propagande offensive contre le vieux monde. Il est cependant nécessaire de constater que ce même bloc de tête est devenu une entité mainstream. Les éléments les plus radicaux s’y retrouvent ainsi cantonnés à n’être qu’un cortège de plus, facilement identifiable et contrôlable. De plus, celui-ci n’arrive pas à dépasser la fracture avec une foule importante de gens qui continuent de manifester au sein des cortèges traditionnels. À nous d’être accueillant.e.s ! En ce sens, il semble urgent de se réinventer et d’affirmer une stratégie révolutionnaire à la hauteur de notre époque. Nous devons nous inspirer de nouveaux modes d’apparitions dans les rues dont les Soulèvements de la terre ont par exemple montré la voie : un espace ouvert à tout.e.s qui se détache d’un folklore, d’une esthétique ou d’une posture de la radicalité tout en augmentant le niveau d’offensivité.
Nous sommes la base. Nous avons besoin de nous émanciper de nos centrales syndicales et organisationnelles qui brident notre combativité et notre détermination. En ce sens le cortège de tête reste une possibilité de reprendre le contrôle sur nos luttes. À côté des grèves et d’actions ponctuelles, le cortège de tête doit permettre une diversité de tactiques complémentaires qui ensemble peuvent faire advenir la chute du vieux monde. Ou du moins, le faire trembler.
Ceci est un appel à réinventer notre présence collective dans les manifestations. Réinventer le cortège de tête que nous avons durement acquis. Dépoussiérer et ébranler nos habitudes. Affirmons une lutte joyeuse, déterminée, offensive, hétérogène et incontrôlable.
Abattre cette civilisation mortifère pour des lendemains plus beaux est urgent.
Mardi 31 janvier, soyons inventif.ve.s.
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