Décines-Charpieu, secteur du Grand Montout, agglomération Est lyonnaise
Les enfants de la butte, comme ils/elles aiment à s’appeler, sont apparus un 15 mars 2012. Venu-e-s de Lyon et d’ailleurs, une vingtaine de femmes et d’hommes ont pris place sur une butte boisée entourée de terres agricoles où leur campement s’élève en espace de vie collectif. Ce lieu renvoie facilement à l’image d’un petit village d’Armorique que beaucoup doivent connaître. Mais ici, l’envahisseur n’est pas romain. La lutte se mène contre les acteurs du projet OL Land qui ont pris la décision de recouvrir de béton un des derniers espaces naturels et ruraux de Décines, sans concertations. Ces irréductibles résistants prennent aujourd’hui la responsabilité de notre avenir à toutes et tous en se mobilisant pour une gestion cohérente de nos terres.
Le projet OL land
Également entendu sous le nom de Stade des Lumières, OL land est un projet de complexe de sport et de loisir de grande envergure. Sa réalisation est prévue pour 2014 sur la commune de Décines-Charpieu et en accapare 50 hectares de la réserve foncière. Il remplacera des zones de bois, de prés et de terres agricoles par des infrastructures – en plus du stade – telles que des routes, des grands parkings, le centre d’entraînement de l’équipe professionnelle, les bureaux du siège de l’OL Groupe, une boutique OL Store, 2 hôtels, un centre de loisirs... Les terres, publiques et privées, ont été rachetées/préemptées, de 1€ à 14€ le m² depuis 2008, revendues à 40€ le m² à l’OL et maintenant constructibles, ont atteint une valeur de 300€ le m².
Ce vaste programme provient de M. Aulas et M. Collomb qui s’entendent sur la construction d’un stade privé de l’OL et soutenus par la mairie de Décines, le Sytral et l’Etat. Le financement [2] des travaux provient en partie de OL Groupe pour le stade et les commerces et en partie des contribuables (sous couvert d’utilité publique) pour les transports, l’éclairage et l’entretien des infrastructures. Cette dernière part s’élèverait à 200 millions d’euros [3]. Elle serait investie dans un détournement du tram T3 qui mènerait au stade les soirs de match ainsi que dans plusieurs accès routiers.
De nombreux habitants de Décines-Charpieu s’indignent de ce projet mené sans leur consentement. De nombreuses nuisances sont à craindre : pollutions accrues, service de transport en commun du secteur dégradé, risque de l’engorgement de l’enclave que forme Décines, ajouté à la perte du patrimoine naturel et agraire du site. Alors que les autorités ont refusé un référendum demandé par la population, les espoirs de cette dernière se tournent à présent vers les réseaux associatifs et les initiatives spontanées telles le rassemblement sur la butte du Montout. Réflexions, actions et déterminations sont de mise.
LES ACTEURS DU PROJET OL LAND
Etat / Conseil général du Rhône / Grand Lyon / Sytral / Mairie de DécinesJean-Michel Aulas : président du club de football de l’Olympique lyonnais (OL). Egalement PDG d’une société d’édition de logiciel informatique.
Gérard Collomb : Maire de Lyon, président du Grand Lyon et ami de M. Aulas.
Bernard Rivalta : président du Syndicat Mixte des Transports pour le Rhône et l’Agglomération Lyonnaise (Sytral).
Jérôme Sturla : Maire de Décines-Charpieu
Jean-François Carenco : préfet du Rhône et de la région Rhône-Alpes.
Xavier Huillard : PDG de VINCI
Les Enfants du Montout Décines la Résistance
Ces hommes et ces femmes, de tous âges et tous horizons, nous accueillent dans un espace de vie autogéré où la création est omniprésente et la bienveillance tangible. En haut de la butte, arrivés à l’entrée de la clairière où s’active le campement, nous assistons à la gloire de l’autogestion. Tipis, yourtes, barnum, serre, tentes, cuisines, toilettes sèches élevées en autoconstruction laissent apparaître une organisation rigoureuse. Quelques instants de contemplation suffisent à ce que quelqu’un.e vienne à notre rencontre et nous invite à visiter et discuter autour d’une eau chaude. Connaissant les lieux, il est très facile ensuite de participer à la vie collective en s’impliquant dans différentes activités et profiter des joies d’un autre degré de liberté.
On comprend rapidement que là-haut on vit, on crée et on prépare l’avenir..
– Les inconditionnels
Au lever, on peut assister à un petit déjeuner échelonné après lequel chacun.e.s prend soin de laver ses couverts. Une équipe part faire la “récup’” au marché et une autre se rend à la tonne à eau pour remplir et remonter des bidons qui serviront à boire, faire à manger, laver. Un récupérateur d’eau de pluie assure les réserves pour arroser le jardin. Certain.e.s s’attèlent à la préparation du repas pour une vingtaine de personnes avec un grand réchaud, une bouteille de gaz et des casseroles. D’autres encore nettoient, mettent de l’ordre, vident les toilettes sèches ou coupent du bois. Aux alentours de 13h, on entend un grand “A TABLE” retentir et l’on se réunit pour manger.
– Agriculture et construction
Les discussions du midi se dispersent au tintement de la vaisselle et chacun.e.s retourne à ses activités. Dans les bois, le marteau fait la concurrence aux pics-verts et la scie aux mésanges, des palettes et
des planches de récupération s’assemblent autour d’un tronc, une fenêtre se dessine et un toit recouvre le tout : un nouvel abri au sec vient d’apparaître. Les détachements “récup” reviennent et approvisionnent le stock de nourriture et de matériaux. Dans la clairière, d’autres palettes s’emboitent et voici une nouvelle cabane à outils fonctionnelle. Des plans de courge, de mais et de haricots qui ont été bichonnés sous la serre sont amenés au potager pour y être plantés parmi les salades et les tomates. L’association judicieuse des plantes cultivées s’inspire de la permaculture et laisse présager des récoltes saines et généreuses.
– Temps de parole et de réflexion
La fin d’après-midi arrivant, certain.e.s rangent leurs outils pour se réunir tandis que d’autres continueront jusqu’à la tombée de la nuit. Le dîner se prépare, les discussions et débats reprennent, on fait le bilan de la journée au rythme de la musique ou du crépitement du feu. On résout les problèmes, on imagine des actions, on prépare la convergence des luttes, jusqu’à ce que tipis, yourtes et tentes soient regagnés et que seules chouettes et rossignols se fassent entendre.
Cette initiative est loin d’être isolée. De nombreuses autres luttes résonnent partout en France et en Europe contre l’engoudronnement de masse : la ZAD de Notre Dame des Landes (projet d’aéroport), les combats anti gaz de schiste, la lutte contre le TGV Lyon-Turin pour n’en citer que quelques uns. Le peuple a besoin de ses terres et se lève pour les protéger.
Si tu veux quelque chose, ne l’ordonne pas en bas, ne l’attend pas d’en haut, fais-le toi même
Pour la convergence des luttes, les résistant.e.s de Décines lancent un appel 24 Mai 2012 :
"Réservez une place dans votre agenda, pour le weekend du 30 juin et du 1er juillet 2012
Fédérons nos luttes et nos collectivités humaines poursuivant un but commun.
Grand rassemblement festif pour la convergence des luttes et pour l’éducation populaire sur Décines
► Organisé par les Fauch-eurs-euses, la Confédération paysanne et les habitant-e-s du village ◄
Pour l’arrêt immédiat du projet de construction du stade de football des Lumières.”
Pour Elles et Eux, pour Nous, Robin T.
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