Faites des économies, triez vos sans-abri

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La ville socialiste de Saint-Fons dans le Rhône est en train de devenir un véritable laboratoire où on teste un certain nombre de traitements dégradants, inhumains et totalement illégaux à l’encontre de citoyens européens.

Fin 2012, la sénatrice-maire socialiste et le préfet du Rhône ont inventé la classe ghetto. 25 enfants inscrits, tous originaires du même bidonville, dans une classe située à l’étage d’un bâtiment abritant également la police. [1]
Cette classe qui viole tous les principes républicains de l’école laïque a provoqué la colère de certaines associations, de nombreux reportages ainsi qu’un avertissement du Défenseur des Droits qui dénonce son « caractère discriminant ». Cause toujours, tu m’intéresses, hier, cette classe pour Roms accueillait encore des enfants triés sur la base de leur origine ethnique.

En janvier 2013, la police invente la descente en mode casseurs de banlieue. Suite à un jet de pierre sur une voiture de police, plusieurs dizaines de policiers équipés de casques, de boucliers, de flash-ball, de grenades lacrymogène, de taser et de chiens d’attaque interviennent sur le bidonville.
Pendant une heure, ils vont gazer les habitants et saccager les baraques pour se venger. [2]
Hier encore, aucune investigation n’était lancée concernant les agissements des policiers, en revanche une enquête sur le lanceur de pierre était en cours.

Lundi 25 mars 2013, le préfet invente le tri sélectif appliqué aux sans-abri.

Pour bien comprendre la situation, il faut remonter au vendredi 22 mars où vers 22 heures, une cabane prend feu. En raison d’un vent violent, le feu se propage très rapidement et détruit la totalité du bidonville. D’après les pompiers, ce sont environ 250 personnes qui sont évacuées et une partie d’entre elles seulement est hébergée dans un gymnase. Le week-end se passe et on annonce dimanche aux sinistrés que le lendemain la préfecture leur proposera une autre solution.

Lundi matin, des associations craignant une expulsion sans relogement appellent à manifester. Tout est calme, les derniers militants partent vers 09h30.
A 10 heures, descente de la police accompagnée de la PAF (Police aux Frontières) qui vient contrôler tout le monde, d’après la préfecture, pour préparer le relogement (on ne rigole pas s’il vous plait). La préfecture et la mairie ont promis un relogement, mais personne n’a promis que ce serait sous un toit ou même en France. Les policiers repartent bredouilles. Personne n’est en situation irrégulière.

Un peu plus tard dans la matinée, un haut fonctionnaire de la DDCS (Direction Départementale de Cohésion Sociale) s’enferme dans un bureau du gymnase et après de nombreux coups de téléphone, affiche une liste de 90 noms. Il explique que les personnes dont le nom figure sur la liste seront relogées dans un autre gymnase et que pour les autres : « Il n’y a pas de solution ».

Le fonctionnaire après cette prise de décision impartiale, difficile et courageuse prend ses jambes à son cou laissant ainsi le soin à la Croix-Rouge et à quelques policiers de gérer la situation. C’est la ruée sur la liste. Plus de 150 personnes se bousculent dans l’espoir d’y trouver leur nom.

Et là, on découvre tout le professionnalisme avec lequel la préfecture du Rhône gère la situation des sans-abri sur Lyon.

Stefan est l’heureux papa d’une grande famille. Ses fils sont inscrits. Tout va bien. ses belle-filles et ses petits enfants sont inscrits également. Mais, oh surprise, sa femme n’est pas inscrite. Le voilà divorcé de force, par la volonté de la préfecture.
Dragan lui aussi est inscrit, mais pas sa femme enceinte de 6 mois et son enfant de 3 ans.
Valentin, lourdement handicapé, en fauteuil roulant, lui aussi passera la nuit dehors. Marinella, seule avec 4 enfants dont le plus petit à 5 ans n’est pas inscrite non plus.
Les exemples sont très nombreux.

La palme de l’incompétence peut-être délivrée pour le traitement infligé à Sarah, 3 mois. Elle ne sait pas lire, mais elle peut être heureuse. Elle et ses 2 frères font partie de la liste. Sauf que… Sauf que son papa et sa maman ne sont pas inscrits. Quelle bourde. On met des enfants, mais on oublie les parents.

Il faut voir le visage des personnes se décomposer au fur et à mesure de la lecture de la liste. Toutes les personnes restent pourtant dignes. Personne ne laisse s’exprimer sa colère, comme si le fatalisme était la règle pour toutes ces familles.
Après avoir perdu tout ce qu’elles possédaient dans l’incendie, voilà pourtant qu’elles sont séparées pour certaines de leurs enfants, pour d’autres de leur conjoint.

Vers 16 heures, un bus de 60 places vient chercher les 90 heureux élus. Alors que tout le monde attend dans le calme depuis une bonne heure, environ 50 gendarmes mobiles arrivent en car et se déploient, ce qui provoque un mouvement de panique parmi les familles.
Pour accompagner 90 personnes dont la moitié d’enfants dans un gymnase à quelques kilomètres de là, le préfet mobilise donc des policiers en uniforme, des policiers en civils, 50 gardes mobiles, sans oublier 2 motards pour l’escorte.
Un sinistré relogé, bien soulagé d’arriver en fin de compte au gymnase, dira qu’à un moment, il était persuadé que c’était vers la frontière qu’on reconduisait tout le monde.

Afin de dissimuler son incompétence et les nombreux sinistrés jetés à la rue, la préfecture explique que les personnes sous le coup d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) ne sont pas relogées. Officiellement, c’est le seul critère de tri qui a été appliqué. Si cela était vrai, alors cela signifierait que les policiers passés le matin même ont laissé des personnes en situation irrégulière. Allô Valls ? Mais que fait donc la police ?

D’autre part, l’hébergement d’urgence est inconditionnel. Selon l’article L 345-2-2 du Code de l’Action Sociale et des Familles, « toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. » [3]

Que le préfet annonce qu’il ne reloge pas les sans-abri en raison d’autres critères que ceux qui sont prévus par la loi est donc une violation caractérisée de celle-ci.
Oui, en France socialiste, en 2013, des préfets violent la loi pour se soustraire à l’obligation d’héberger des sans-abri sinistrés. Incroyable, non ?

Non, la situation administrative d’un sans-abri n’est pas opposable à un éventuel hébergement. La préfecture du Rhône devrait pourtant le savoir compte tenu du nombre de fois où elle a été condamnée par le Tribunal Administratif à héberger des personnes sous astreinte financière.

On ne peut pas considérer que certains sans-abri sont recyclables et les placer dans un gymnase et que d’autres, non recyclables, doivent être jetés à la rue en violation de la loi.

Quoi qu’en dise Manuel Valls, les Roms sont des sans-abri comme les autres. Ils ont vocation à rester dans le pays qu’il ont choisi, à sortir de leur situation et à élever leurs enfants dignement.

A condition que la France ne viole pas en permanence leurs droits les plus élémentaires.

Philippe Alain
http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-alain

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