Environ 150 personnes, dont 8 journalistes ont été arrêtées depuis le début des manifestations quotidiennes dans la région du Rif au Maroc, alors que les principales revendications du mouvement contestataire (Hirak) n’ont pas été satisfaites.
Le vendredi 30 octobre 2016, Mouhcine Fikri, 31 ans, a été broyé par un camion d’éboueur où il s’était engouffré.
A Al-Hoceima, ville côtière du Rif, dans le nord du Maroc, la police venait d’y jeter les espadons que le jeune homme transportait. La pêche de ce poisson est interdite à cette période de l’année. Difficile de savoir avec certitude ce qui s’est déroulé pendant l’altercation à l’issue de laquelle le jeune homme a sauté dans le camion-benne pour tenter d’y récupérer sa marchandise. Une chose est sûre, la version suivante s’est répandue comme une traînée de poudre au Maroc : un policier aurait demandé un pot-de-vin à Mouhcine Fikri qui aurait refusé, puis ordonné au conducteur de mettre en route le mécanisme de la benne en ordonnant "broie-le" quand celui-ci s’y est introduit. Très vite, un hashtag # طحن_مو ("Broie-le" en français, NDLR) a été créé sur Twitter.
Al-Hoceima est une ville très pauvre, il n’y a pas beaucoup d’entreprises, ni d’usines, et pas d’université, seulement des cafés. Beaucoup de jeunes sont au chômage, même ceux qui sont diplômés.
L’État ne fait rien pour la ville et la région du Rif. L’eau potable est toujours sale. Le poisson est deux fois plus cher que dans d’autres villes où il n’y a pas la mer. Tout ça parce que l’exploitation du port est accaparée par des hommes d’affaires proches de l’État. La pêche est contrôlée par des grandes compagnies qui exportent tout vers l’Europe et l’Amérique. De même, le port est monopolisé par des projets immobiliers de luxe pour les ressortissants du Golfe, au détriment des habitants d’Al-Hoceima.
Il y a aussi beaucoup de problèmes avec la police, qui est très arrogante envers les citoyens. Les habitants de la ville ont établi et envoyée au gouvernement une liste de revendications. Première des revendications indemnisation de la famille de Mouhcine Fikri puis que le projet de port de plaisance soit abandonné et que le port revienne à son état initial, la réouverture d’usines de conserve de poissons, une eau potable, une baisse du coût de l’électricité… Et aussi qu’il y ait une restructuration de la sécurité nationale et régionale, que la dignité des habitant e s soit respectée.
Le fait que l’accident se soit déroulé dans le Rif donne une teneur particulière à l’événement. La région a été délaissée par le pouvoir central sous Hassan II. Elle a été très active durant le mouvement du 20 février 2011, qui a éclos au Maroc dans le sillage du Printemps arabe. Le pays avait alors connu une vague de manifestations pour plus de démocratie. Une nouvelle constitution plus progressiste avait été adoptée et des élections anticipées organisées.
Depuis huit mois le Rif est vent debout. Après un silence méprisant, le Makhzen a fini par envoyer d’impressionnant renforts de gendarmes dans cette province amazighe pour étouffer la protestation. Selon plusieurs témoignages sur les réseaux sociaux, le Rif est encerclé et sous surveillance policière(26 juin 2017).
Depuis quelques semaines, ce sont près de 200 militants activistes de ce mouvement qui ont été arrêtés. Accusés d’atteinte à la sureté de l’Etat, certains encourent de lourdes peines de prison.
Le rassemblement, qui aura lieu devant la statue équestre, Place Bellecour, à partir de 14h00, intervient pour « la libération des détenus politiques Rifains et contre la répression de la mouvance Hirak dans le Rif », indiquent les organisateurs dans un communiqué.
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